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VULGATE LATINE ET S. JEROME

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de dénient VIII, Vain sacrorum Bibliarum Vulgutae, qu’on imprime immédiatement après la préface de cette même édition, a II ne porte sur aucune édition de la Vulgate en particulier, mais sur la Version Vulgate, dans la ue&are où elle est garantie par L’usage que 1 Eglise universelle a fait de l’Ecriture. 3° Cette version se recommande par sa valeur dogmatique, elle n'énonce pas d’hérésie ; et donc on peut la lire impunément. De là la distinction du card. Fua.nzklin, entre « textes qui par eux-mêmes ont Irait à la foi ou à la morale », et les autres

« qui perse non pertinent ad aedilicutionem doctrinae

christianæ » (lliesis six). 4° En ce qui concerne les textes dogmatiques, la conformité substantielle de la Vulgate avec les textes originaux est supposée (ad summum rei quod attinet), dit l’encyclique Providentissimus ûeus. On a le droit de faire cette supposition, pour une raison tliéologique, qui est L’usage dix fois séculaire de l’Eglise latine, contrôlé par le témoignage conforme des autres versions catholiques anciennes, notamment celle des Septante.

d) Identité substantielle. — Qu’il s’agisse de la conformité d’une version avec son texte original. ou de sjii unité interne, malgré les différences présentées par ses diverses recensions, il est bien difficile de marquer avec certitude où finit l’identité substantielle. Parbonheur, dans le casde la Vulgate, nous avons un certain nombre de faits indubitables, qui permettent de se faire une idée graphique des diitérences compatibles avec cette identité.

a) C’est un fait constant que, pendant les cinq premiers siècles, l’Eglise entière (à l’exception des Syriens et des Coptes) a lu la Bible dans la version des Septante ou dins sa translitération latine ; et que les quatre premiers conciles oecuméniques ont cité l’Ecriture d’après le même document. A moins d’admettre que pendant tout ce temps L’Eglise a été dépossédée de la parole de Dieu écrite, il faut bien convenir qu’elle lisait alors une Bible substantiellement identique à l’original hébreu, dont S. Jérôme nous a donné la version latine. Or, il est facile d’apprécier le nombre et l'étendue des différences entre les Septante et la Vulgate. Si criliquement on peut penser que celle-ci est plus conforme à l’original hébreu, ce n’est pas là une assertion à établir par argumentation théologique, en partant du décret Insuper, étant donné surtout que Sixte V a solennellement déclaré que la version des Septante est authentique. Une comparaison des Septante avec la Vulgate a été entreprise, ence qui concerne les livres de Jérémie et de Job par le P. Ferd. Prat, Etude », ia13, t. CXXXLV, p. 341 ; et en ce qui concerne le livre de Tobie, par l’auteur du présentarticle, Revue Apologétique, iq23, t. XVII, p. 700.

, 3) Lescatholiques qui admettent que la buUeveternus ille de Sixte V a été publiée dans les formes juridiques (Baumgarte.v, Die Vulgata Si.rtina von 1590, dans li. Z., t. V, p. 28-39 ; E. Mangbnot, Dict. Biblique de Vigouroux, col. 2/193), doivent conclure que la Vulgate de 15 y o et la Vulgate de 15g2 ont été respectivement déclarées authentiques, en dépit des différences qui les séparent. [Il n’est que juste d’ajouter ici que la plupart des auteurs catholiques, et tout récemment encore Louis Pastor, tiennent que la bulle en question n’a jamais eu force juridique, par défaut de publication ]. Mais, même dans l’hypothèse de la publication, il sullit de ne pas perdre de vue que le décret Insuper, la bulle Aeterints ille, etle bref de Clk.mknt VIII Cuin Sacrorum (qui du reste abroge l’acte de Sixte V), envisagent dans la Vulgate une source d’enseignement dogmatique (ad aedi/i catiouem doctrinæ christianae), plutôt qu’une version iidcle ; puisque sa conformité avec les textes originuix n’est que supposée, et à un degré comportant des défectuosités, mais sans hérésie, »

On comprend dès lors la prescription du décret Insuper : «  « t ut nemo illam( Vulgalam) re/.iære qnovis prætextu aujrut vel præsumut », et les déclarations de Sixte V, en apparence plus décisives : « dtclaramus eamVulgatam… quæ pro authentica a Concilio Tridentino recopia est, sine ulla dubitatione util controversia censendam esse hune ipsam quant nunc, prout optime fieri potuit, entendatam…, nunc demum eliam Aposlolica nobis a Domino tradita auctoritate comprobulam, pro vent, légitima, authenticu… » La part faite du style dans ces formules protocolaires, il reste encore que celui-là enfreindrait la loi de l’Eglise, qui, dans un esprit d’indépendance et surtout de mépris, refuserait d’employer la Vulgate dans les « leçons publiques, dispûtes, prédications et expositions de l’Ecriture ». Mais le respect de la discipline ecclésiastique est compatible avec les droits de la critique. Et qu’on ne nous oppose pas un décret rendu le 17 janvier 1 5^6, défendant « de rien avancer qui lût contraire à l'édition latine de la Vulgate, quand ce ne serait qu’une période, une assertion, un membre de phrase, ma mot ou un iota ». On a longtemps douté de l’authenticité du décret, mais en admettant qu’il soit authentique (Cf. P. Batu’fol, Le Vatican, de Paul III à Paul V, d’après des documents nouveaux, Paris 1890^.72-76) il a été interprété par l’autorité compétente, comme une défense de rien avancer, en matière de foi et de mœurs, qui soit contraire à la Lettre de La Vulgate. Fra.w.blijj, 0. I., thés, xix, 3e éd., p. 563. Ce qui n’abolit pas le droit de s’en écarter, quand elle n’est pas conforme au texte original certain. Certes, même alors, le théologien garde le droit d’argumenter du text’e de la Vulgate, qui, jusque dans ses insullisances comme version de l’Ecriture, reste un témoignage de la foi traditionnelle.

y) La conformité de la Vulgate avec le texte original est à des degrés divers. Tout le monde admet qu’en bien des passages la version dit la même chose que le texte, mais autrement. C’est la différence dite « modale » par le cardinal Franzelin. L’exemple classique est ici Ipsa coitleret capitt taum (Gen., m, 15), que D. Qubntin maintient comme remontant à S. Jérôme. Avec ipsa, on a l’expresssion directe du triomphe de Marie sur le serpent ; avec ipse, le texte n'énonce qu’indirectement celle même vérité. En d’autres cas, l’identité de sens est moins claire encore et demande à être étudiée de près. Signalons seulement Isaïe, ix, 2 ; xvi, 1 ; Jérénie, xxxii, 22 ; Psaumes, cix, 3 ; cxxxviii, 17 ; Proverbes, viii, 35 ; Ecclésiastc, vii, l] Cantique, iv, 1 ; Luc, xxii, 19, 20, Jean, 1, 9, 13 ; v, 14 ; viii, 20 ; Rom., v, 12 ; Apoc, v, 12.

Le P. Cornbly, Introd. gêner., édit. 2 a, I, p. 457, fait observer que le décret Insuper n’a pas tranché les cas qui étaient discutés entre théologiens catholiques avant le Concile. La Vulgate traduit, I Cor., xv, ôl : oinnes quidem resurgemus, sed non omîtes immutabimur, tandis que le texte grec porte le contraire : Jtaévtsf w HaiwqhpôfuSst, juâmiSi id)jxy »)ot>/j16tt (nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous transformés). S. Jérôme a connu le texte grec et même la version latine : omîtes quidem non dormiemus (cf. Epist., exix, n. 7) ; néanmoins la version : omîtes quidem resurgemus a prévalu de bonne heure. Melchior Cano (Loc. theol., II, i/|.) sait que des théologiens ont cru avoir raison de la dilliculté par des subtilités peu dignes de la théologie ; pour lui, qui a été théologien au Concile de Trente, et précisé-