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VULGATE LATINE ET S. JÉRÔME

1970

rônie, qu’il étudie depuis plus de quarante ans. On croit qu’il s’agit de Guillaume de Mara. Cf. E. Mani-.ENOT, Vulgate, dans le IHct. de la Bible (Vigouroux), t. V, p. a)65-a50*.

L’invention de l’imprimerie multiplia les exemplaires Je la Vulgate, mais n’améliora pas le texte, tant s’en faut. Le premier livre imprimé fut la DU lia l.atina, à 4? lignes, sans indication de date ni de lieu, mais que l’on croit avoir été exécutée à Mayence par Gutenberg, Just et SchôlTer, vers 1 45a. C’est la Vidante dite Mazarine, du nom de la Bibliothèque dont elle fait partie. Depuis, on ne compte plus les éditions imprimées de la Bible latine. Parmi celles qui, contenant la Bible entière, ont paru avan la fin du xvi f siècle, les plus remarquables sont : la polyglotte d’Alcala (ou du card. Xiinénès), éditée en 1 5 1 4 ? niais mise en vente en 15aa seulement : Robert Estienne, Paris, 1540 ; la ./ ord inaria, Lyon, 1 545 ; Biblia Lovaniensia, éditée par Jean Henten, O. P., imprimée par Plantin, Anvers, 1 547, et rééditée par les soins de Luc de Bruges, en i">83.

Cependant, on préparait à Rome une édition correcte de la Vulgate, conformément au décret Insuper du concile de Trente, Sess. iv (8 avril 1546). Diverses commissions, nommées à cet efTet, travaillèrent, avec plus ou moins d’activité, sous le règne de douze papes (de Paul III à Clément VIII), au triage et à la mise en œuvre des matériaux. Grâce à l’impulsion énergique et à la collaboration personnelle de Sixte V, l'édition fut publiée en iôcjo. Mais à peine le pontife était-il mort (39 août 15qo), qu’on décida de faire rentrer, le plus possible, les exemplaires déjà en circulation ; et le tout fut mis au pilon. Le cardinal Caraffa, président de la commission pour la correction de la Vulgate, venait de jeter l’alarme : on avait été trop vite, et la préférence donnée personnellement par Sixte V à un grand nombre de variantes n'était pas heureuse. C’est ce dont le pontife lui-même avait convenu, quand, dans les derniers jours de sa vie, il parlait

« de faire imprimer une sorte de correctoire, qui

contiendrait toutes les modifications, les omissions et les additions de sa Bible ; et à l’aide duquel chacun pourrait corriger son propre exemplaire de la Vulgate ». E. Mangenot, Vulgate, Dict. de la Bible (Vigouroux), t. V, p. 2492-9, 3 ; Baumgarten, Die Vulgata Sixtina von 1590, p, 20-36. Les dispositions de la Bulle Aeternus ille, concernant l’impression de la nouvelleVulgate, autorisent à supposer que, dans la pensée de Sixte V, ce correctoire devait contenir des rectifications à faire au texte même de 1 590, pour le purger des fautes d’impression et autres. Pour toutes ces raisons, Grégoire XIV et Clément VIII décidèrent de reprendre le travail : correction et impression. Les deux jésuites Tolet et Bellarmin, qui devaient devenir cardinaux, s’employèrent tout particulièrement à cette réédition.

Le sort fait à la Bible sixtine de 15r>o a soulevé des controverses passionnées. Après bien des discussions pour et contre, on semble convenir aujourd’hui que, de bonne foi, le cardinal Caraffa et ses partisans s'étaient exagéré le nombre et l’importance des changements qu’il fallait apporter à la revision sixtine. C’est ce qui explique que les nouveaux correcteurs aient pu aboutir en moins de trois semaines. Cf. Baumgarten, /. c, p. 98, qui est à contrôler et même, sur plus d’un point, à rectifier par I. Uoi’iL, Beitrage zur Gesckichte der SixtoKlement’uiisclien Vulgata, Freib. in Br., 1 9 1 3 ; Fr. Amann, Die Vulgata Sixtina von 1590, Freib. in Br., 191 3. L'œuvre définitive parut vers la On de 15' ( '. sous le pontificat de Clément VIII, avec le titre

de Biblia sacra Vulgata » editiums Sixti V l’ont. Max. jussu rtCOgaita ate/ue édita. Ce n est qu'à partir de 1604 qu’on ajoute le nom de Clément VIII et démentis VIII auctoritate édita), qui figurera désormais dans le titre. C’est ce qu’on appelle de nos jours l'édition romaine, ou sixto-clénientine, de la Vulgate ; et même << clémentine » tout court.

Grâce aux précautions disciplinaires prises dans le bref de Clément VIII, Cum Sacrorum Bibliorum Vulgat.ie eddionis textus (g nov. 15(j2), pour prévenir toute réimpression infidèle, l'édition romaine de la Vulgate n’a subi qu’un petit nombre d’altérations (je ne dis pas « fautes d’impression »), et encore sont-elles de peu de conséquence ; cependant le P. Michel Hbtzknaubr, O. C, en a publié un texte critique : Biblia sacra Vulgatæ editionis ex ipsis Vaticanis excmpluribus inler se atque cum indice errorum eorrigendorum collatis. Œniponte, MC.MVI. L’histoire ds la correction romaine, qui devait aboutir à la Bible deSixte Quint, aélé raconiée dans une monographie, aussi intéressante qu’instructive, par le P. Fkrd. Prat, S. I., dans la revue Etudes religieuses, 1890, t. L, 565 ; t. LI, p 35, ao5. Cette étude est à compléter par P. M. Baumjarten, Die Vulgata Sixtina von 1590.., , Munster, 191 1 ; Fr. Xav. Lb Bacbblet, Ce que Bellarmin dit de la Bible de Sixte V en 1591, dans les « Recherches de Science religieuse », Paris, 1910, t. I, p. 7a ; et Bellarmin et la Bible Sixto-Clémentine, Paris, 1911.

Certes, l’Eglise catholique garde le droit de reviser encore la version à laquelle elle a fait une situation privilégiée. Après plusieurs siècles d'études méthodiques sur les textes bibliques, une amélioration de la Vulgate est possible, et c’est vraisemblablement pour en venir là que Pie X a chargé une Commission de reconstituer la traduction de S. Jérôme (ci-dessus, col. 19^9). Mais, en attendant, on convient que la Vulgate latine, telle qu’elle est aujourd’hui, est la meilleure des versions anciennes de la Bible, et qu’elle a été, aux temps modernes, le fil conducteur des études bibliques. Tel est le sentiment de tous ceux qui ont fait du sujet une étude spéciale, qu’ils soient catholiques ou protestants. Qu’il suffise de nommer ici quelques-uns de ces derniers. Dans la préface de son Novum Testamentum, græce et latine, edit. 4, 1912, Eh. Nestlé commence par citer le mot de Bengel : Vulgata… eximium ob singularem anliquitatem pondus habet », et il ajoute aussitôt pour son propre compte : « Quantum auctoritatis insit latinæ versioni ad textum N. T. probe instiluendum recteque intellegendum, non est cur hicamplius exponam. « Quant à H. J. White (ci-dessus, col. 1954), il résume sa propre appréciation, en faisant sien ce que Westcott a écrit dans la préface de la « Revised Version » anglicane (1885) :

« En remplissant sa tâche, S. Jérôme a fait preuve de

savoir, de jugement, de compétence et de fidélité ; tellement qu’il a lié pour toujours l’Eglise d’une dette de reconnaissance toute particulière. » Et tout récemment : « Au total, la Vulgate de l’Ancien Testament est une meilleure traduction que notre « Version autorisée » elle-même ; quand les deux s’accordent, celle-ci dépend directement ou indirectement de celle-là ; quand elles diffèrent, la Vulgate se trouve d’ordinaire du côté des résultats obtenus par la science moderne des choses bibliques. » W. E. Platbr and H. J. White, A grammar of the Vulgate, Oxford, 1926, p. 7.

III. — Autorité dogmatique

En tant que parole de Dieu, l’Ecriture est pour le croyant règle de foi. Cette autorité dogmatique ne convient immédiatement qu’au texte original. Cepen-