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VULGATE LATINE ET S. JEROME

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lu., vii, 53- viii, 11), et la linale de S. Marc (xvi, 9-30), qui mail jiuiient textes africains et

dans quelques- uns île ceux qu’on lisait en Europe et même en Italie, il s’est gardé d accepter certaines is suspectes, qui trouvaient cependant en leur faveur des attestations fort anciennes en Afrique et dans les Gaules, par exemple natus est, au lieu de nal : su’it (/ a-i, 1, 13).

Eu somme, les critiques modernes, sont unanimes à convenir que la révision ltiéron ymienne du N. T., tout au moins en ce qui concerne les Evangiles, a ramené la version latine tout proche du type des textes grecs estimés les meilleurs : I>ftL et incidemment D. Il faut aussi tenir compte de l’apport subsidiaire d’un autre type de texte.-, qui n’a pas encore été retrouve ; mais dans cette direction les découvertes reculent tous les jours davantage les limites de l’inconnu. Dans son Dialogue contre les Pélagiens, II, xv ; P. L., XXIII, 550-55, S. Jéiùme citait une addition à Marc, xvi, 1 4, qu’il lisait « in quibussjotmplaribus, et maxime in grateis codîeibua ». Or, il y a une vingtaine d’années nous ne connaissions encore aucun manuscrit, ni grec, ni latin, portant cette addition. Mais m Américain, M. I’"hker, a découvert et acquis, en 1906, un manusorit (dans von Soden, oi$) où se lit littéralement la citation de S. Jérôme.

La tradition patristique suivie par S. Jérôme est excellente ; celle-là même qui a aujourd’hui la confiance des maîtres de la critique textuelle du N. T. : Wescott-Hort, Yordsworth-Yhite, vonSoden, Nestlé, etc. Les textes de provenance alexandrine ont eu ses préférences, non pas eeux qui ont été contaminés par Hésychius, mais les textes portant les leçons suivies par Origène et Piérius. Cf. Comment, in Matth., xxiv, 36 ; in Epist. ad Galat., ii, 1 1 ; P. L., XXVI, 181-35ç). On assure que dans sa recension du N. T. « il ne se trouve aucune des leçons propres aux textes corrigés ou plutôt falsifiés par Lucien d’Antioche ».

Tout ce que nous venons de dire ne doit pas s’entendre uniformément de chacun des livres du X. T. S. Jérôme nous a avertis lui-même que sa revision des Psaumes, faite à Rome en 882, fut hâtive et incomplète (cursimel magna ex parte). Pour Matthieu, Marc et la première moitié de Lue, le travail a été soigné ; on dirait que, pour le reste, le reviseur s’est borné à polir le style. Dès lors, on s’explique que dans Matth., vi, 11, il corrige colidianum en supersubstantialem, et laisse telle quelle l’ancienne traduction dans Lac, xi, 3. La revision des Actes a été conduite d’après les témoins de la tradition orientale XBC, comme on peut s’en convaincre en suivant le texte dans YAmiatinus et le Fuldensis. Les Epitres ont été encore moins retouchées. Quant à l’Apocalypse, elle figure dans notre Vulgate telle qu’elle était dans l’ancienne version latine.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue l’observation générale faite par H. J. AVhitb dans le Diclionarj of the Bible d’IIastings, IV, 883, B : « Etant donné que tous les mss. de la Vulgate sont tellement contaminés par la mixture d’éléments étrangers (anciens textes ou corrections postérieures), il est impossible de faire choix d’un ms., ou même d’un groupe de mss., et do le suivre jusqu’au bout. Il y a des cas, aussi bien pour les Evangiles que pour les Actes, où un groupe est clairement suivi dans un verset, et clairement délaissé dans le suivant ; il y a des cas où une erreur évidente de copiste, et même une leçon confluente, s’est perpétuée dans tous les manuscrits connus de la Vulgate. Il n’existe pas un seul manuscrit qui conserve d’un bout à l’autre un type consistant de texte. »

C’est une difficulté que la critique textuelle diminuera tous les jours, comme l’a remarqué le P. Laghamc.k à propos de la version du quatrième évangile.

« La Vulgate, telle qu’elle est sortie des mains de

S, Jérôme, contenait assurément une tradition excel-Telle qu’elle a été éditée par WordswoTth < t YVhile, elle se rapproche, plus que laVulgate clémentine, des éditions grecques critiques. C’est déjà un excellent nettoyage ; quoique, dans certains cas, il n’y ail pas à regarder le texte des savants anglais comme plus conforme au grec original. » £’selon S. Jean, i(ja5, p. clxxxvi.

Au XVIIIe siècle, le bénédictin D. Sabatier avait essayé de reconst : tuer la version latine primitive avec les manuscrits qu’on connaissait alors, et surtout par les citations des auteurs ecclésiastiques des cinq ou six premiers siècles. BibHorum sacrortun lutinae versionis anliquae, seu Vêtus Itala, Remis, 1 73q17^9. Dans la Patrologie latine de Migne, t. XII, ont été reproduits les manuscrits que l’on croit porter le texte de cette ancienne version. Ce’.te publication a été reprise, plus complète et d’après les principes d’une meilleure critique, dans la collection Old latin Texl.-i, Oxford, commencée en 1883, sous la direction de W.Sanday, J.Wordsw >rtij, H. J.Whitr et E. S. BucnANAN. Cf. larevue.E<Krfes, 18< ;)/|, t. LX1I1, p. 53g.

— Quant au texte de la version hiéronymienne du N. T., deux doctes anglicans d’Oxford, J. Wordsv rlh et II. J.White ont passé leur vie à en donner une édition critique : Novum Teslamentum D. N. lesu Christi latine secundum editioncm sancti Ilierunvmi, Oxonii, 1889. Les résultats de ce grand ouvrage ont été condensés dans une édition manuelle par l’un des éditeurs, IL J. White, en 1911. Le toutaété utilisé par E. Nkstle, Novum Testamentum, græce et latine, Stuttgart, edit. 4 a > 1912.

3. La méthode. — Traduire, c’est interpréter un texte, non par des développements, mais par le choix heureux d’un mot de langue différente, dans lequel on transvase le sens de l’original. Une version est de tous les commentaires le plus difficile. Or, un commentaire se fait en deux moments. Le premier, qui est comme une étape préliminaire, consiste à s’assurer qu’on a bien dans les mains le texte inaltéré. C’est la critique textuelle. Le second moment est de celui de l’exégèse, ou expression du sens.

« Post expensam, ubi opus est, omni industria lec—

tionem, tune locus eril scrutandue et proponendae sententiæ. » (Encycl. Leonis XIII, Prooidentisnim.ua Deus). S. Augustin (De doclr. christ., II, xiv, n. 21 ; P. L., XXXIV, 46) avait déjà formulé cette loi élémentaire : a Codicibus emendandis primitus débet invigilare solertia eorum qui Scripturas divinas nosse desiderant, ut emendalis non emendati cédant. »

a) La critique textuelle a beaucoup progressé au cours des quatre derniers siècles. Elle s’est surtout exercée sur la Bible. On aurait tort cependant de la présenter comme une invention moderne. Certes, grâce à l’imprimerie, à la photographie, à la création de vastes bibliothèques, la critique trouve à sa portée plus de textes que n’en avait S. Jérôme. En comparaison des bibliothèques de nos capitales (Londres, Paris, Berlin, Home, etc., comptant chacune plusieurs millions de volumes), la bibliothèque d’Alexandrie, une des merveilles du monde antique, peut paraître peu de chose ; et beaucoup moins encore celle de Césarée en Palestine, avec ses 50.ooo volumes. Cependant, c’est ici surtout qu’il faut se souvenir de l’adage : non numerantur, sed ponderantur, La qualité des témoins importe plus que le nombre. Nous l’avons déjà dit, S. Jérôme a entendu plus de témoins indépendants que nous. Mais pmit-