Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/979

Cette page n’a pas encore été corrigée

1945

VULGATE LATINE ET S. JEROME

1940

nouveau par S. Jérôme, mais seulement revisé d’après le texle s ; ree. Encore n’est-il pas sûr que sa revision (certaine eu ce qui concerne les Evangiles ) se soit étendue au reste ilu N ; T., notamment aux Epilres de S. Paul. Cf. Recherches de Science religieuse, ocl. - déc. 1916, p. 53 1 ; P. Lagrange, Revue Biblique. 1916, p. aao ; 1917, p. 425.

II. VALl’.rn I-I1TKU.URK.

On entend par - aleur critique d’une version sa conformité avec le texte primitif. De ce point de vue, le mérite de la Vulgate est attesté par la compétence de son auteur, la qualité de ses sources, la légitimité de sa méthode, et le succès qu’elle a obtenu.

I. La compétence de l’auteur. — Une Vie littéraire de S. Jérôme serait ici hors de propos. D’ailleurs l’ouvrage existe, et fait de main do maître. Qu’on lise Ferd. Cavalleua, 5. Jérôme, sa t’/e et son œuvre, 2 vol., 1939 ; et l’on constatera que nous lui devons beaucoup dans cet aperçu, dont tout le but est de préciser comment le saint Docteur s’est préparé pendant quarante ans à doter l’Eglise latine d’une nouvelle traductioa de la Bible, faite sur les textes originaux.

a) Jérôme, lils d’Eusèbe (né à Stridon sur les confins de la Dalmatie, quelques années avant le milieu du iv’siècle, vers 345 ; mort à Bethléem en 4’9 ou 420), fut l’honvue le plus savant de son siècle. Inférieur à S. Augustin comme penseur et théologien, et à S. Chrys ; >stome comme orateur, il avait sur eux l’avantage d’une vaste érudition, qui l’égalait à Origène. Une phrase cicéronienne, de fréquentes citations des poètes et des rhéteurs, témoignent de sa culture classique. Il peut se vanter d’avoir été le disciple du grammairien Donat. Chronic, P. L.. XXVII, 687-688. Pour répondre aux invectives de Rulin, il a écrit de lui-même « qu’il est philosophe, rhéteur, grammairien, dialecticien, hébraïsant, helléniste, homo trilinguis » Apol. adv. Ruf., III, 6 ; P. L., XXIII. 462 ; cf. Præf. in Esdr. ad J)omn. et Rox.-, P. /.., XXVIII, 1405. Il est à noter que S. Augustin lui reconnaît tous ces mérites, et à peu près dans les mêmes termes : « homo doctissimus et omn-um trium linguarum peritust. De Civ. Dei, XVIII, xliii, n. 1 ; cf. Epist. cxlviii.c. 4, n. 131 4 ; clxvii, 6, ai ; P. L., XLI, Go3 ; XXXMI, 628, 741.

De bonne heure, La passion de l’élude conduisit Jérôme dans tout pays où il y avait un maître à entendre, une bibliothèque à consulter ou un monument à voir. Il n’avait guère plus de douze ans quand son père l’envoya à Rome, pour y parcourir en entier le cycle des arts libéraux. Ce qu’il fil pendant huit ans environ. Alors, Jérôme part pour Trêves, devenue comme une seconde capitale sous Valentinien I er. Il ne dit nulle part pourquoi il s’était rapproché de ce foyer de la politique impériale, nous savons seulement qu’il profita de son séjour dans les Gaules pour copier des manuscrits, et notamment deux ouvrages de S. Hilaire. : un commentaire sur les Psaumes et un traité sur les Synodes. Ils étaient destinés à son ami Rulin d’Aquilée ; mais, quelques années plus tard, se trouvant alors en Syrie, Jérôme réclamera cette transcription. Tel fut le commencement d’une bibliothèque, qu’il ne cessera d’enrichir pendant cinquante ans.

b) En revenant dans son pays, le chercheur de livres, et peut-ctreaussid’aventures.s’arrcteà Aquilée. C’est là que. dans la compagnie de quelques jeunes hommes d’élite : Rulin, Bonose, Chromatius, Evagrius. il achève sa formation littéraire, et surtout développe sa piété. Frappé d’admiration pour l’ascétisme chrétien, enthousiasmé par les récits qu’on

fait autour de lui des merveilles de sainteté dont le monachisme oriental embellit les solitudes de Syrie et d’Egypte, Jérôme décide d’aller voir de près « ces hommes qui, sur terre, vivent comme des anges ». Il s’achemine vers la Syrie par la voie la plus longue, parce qu’elle est la plus instructive : Athènes, Constanlinople et les villes de l’Asie Mineure. Il arrive à Antioche pendant l’automne de 37/4. Ses lettres nous apprennent qu’une large hospitalité, trouvée chez Kvagrius (dont il a fait la connaissance à Aquilée), lui fournit le temps et l’occasion de se documenter sur divers sujets qu’il traitera plus tard. D’ailleurs, ce séjour de quelques mois à Antioche avait été rendu nécessaire par la maladie. C’est alors que, dans un accès de fièvre, l’amateur des lettres proCanes eut le songe célèbre qu’il devait raconter par la suite. Epist., xxii, n. 30 ; /’. /.., XXII, 4’6. Le Christ lui aurait reproché « d’êlrepluscicéronicnquechrétien ».

Après avoir balancé quelque temps sur le parti à prendre, Jérôme s’enfonce décidément dans le désert de Chalcis. « Ce paradis printanier du Christ » est à cinquante-trois milles romains (environ 80 kilom.) au sud-est d’Antioche. Il y a là des ermites et des cénobites. Le nouveau venu ne devait rester que deu : c ans dans cette solitude (375-377). Ses lettres datées d’alors (de la 5e à la 17e, mais surtout de la 6e à la 11e) nous font confidence des difficultés qu’il y rencontra, et des tentations dont il fut assailli. Jérôme ajoute qu’au nombre de ses pénitences il avait mis l’étude de l’hébreu. Un moine, converti du judaïsme, devint son maître. On peut croire quele futur traducteur delà Bible hébraïque pensait dès lors à l’œuvre de plus tard. « Dans ma jeunesse (il avait plus de30 ans), écrira-t-il vers 41'> quand le désert delà solitude me servait de rempart, je ne pouvais supporter les excitations des passions et 1 ardeur de la nature. J’avais beau chercher à la briser par la fréquence des jeûnes, mon âme était toute embrasée de mauvaises pensées. Pour la dompter, je me mis sous la conduite d’un moine hébreu converti. Aux pointes de Quintilien, aux fleurs de Cicéron, à la gravité de Fronton, à la placidité de Pline, succédait maintenant l’étude d’un alphabet : des mots sifflants et haletants à ruminer. Oh ! quel labeur dépensé ! quellesdifficullés à vaincre ! combien de fois j’ai désespéré 1 combien de fois j’ai renoncé ! Puis, m’entètant, résolu d’apprendre, je me remettais à l’étude. Ma conscience me rend témoignage des peines endurées, et ceux-là mêmes aussi qui partageaient ma vie. J’en remercie Dieu, l’amère semence de ces lettres me fait goûter de doux fruits. » Epist., cxxv, ad Rust., n. 12 ; P.L., XXII, 1079 ; cf. Præf. in Dan., écrite en 404, et nombre d’autres passages ; P. L.. XXII, 348 ; XXlll, 492 ; XXVI, 3gg ; XX Vil, 774, 1082, 1292. Il va sans dire que dans ces textes, postérieursà l’événement detrenteans, il convient de faire une part assez large à la rhétorique.

Exaspéré par les divisions entre solitaires au sujet du schisme d’Antioche, où trois évoques (Mélèce, Paulin et Vital) se disputaient le siège patriarcal de l’Orient, Jérôme écrivit au pape Damase Ie’, pour s illiciter de lui une décision. Eptst., xv et xvi, P. L., XXII, 355- 35g. Il y disait : « Si quelqu’un est uni à la chaire de Pierre, il est mien. » Telle est sa règle de foi. En attendant la réponse, Jérôme quitte la soli-tu le de Chalcis et rentre à Antioche, où il se laisse ordonner prêtre par Paulin, l’un des trois prétendants, mais à la condition de ne pas être incorporé au clergé de la ville. Pendant le séjour de deux ans qu’il y fit (377-379), le nouveau prêtre suit des leçons d’Ecriture sainte données publiquement en grec par Apollinaire, l’évêque de Laodicée, mais sans se laisser influencer par ses erreurs sur l’âme du Christ. Epist., lxxxiv, n. 3 ; P. L., XXII, 745. Plus tard, il le citera