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1935

VŒUX

1936

ses (Doc. catJi. 1925, p. 1000-1001 et 1926, p. 55a) On peut dire avec vérité qu’il y a aujourd’hui à peu près autant de religieux et de religieuses dans l’Eglise anglicane qu’au temps delà Réforme. R. Bann, dans Fils de l’Eglise, & raconté sous le titre : L’attrait de l’antique discipline, le passage à la vie religieuse catholique, des moines anglais de Caldey et des moniales de West Mailing (Reproduit dans la Doc. cath. du 28 mai 1927, col. 1379 à 1408).

Réfutation : a) par les documents : 1. Condamnation de Wiclef par les bulles « lnter cunctas* et

« In eminentisi, succédant au concile de Constance

(14 it- 1418) sous Martin V. La session vin du concile (’1 mai 14’5) proscrit notamment les propositions suivantes, n° 21 : « Si aliquis ingreditur religionem privatam qualemcumque… redditurineptior et inhabiliorad observationem mandatorum Dei » ; n° 22 : « Sancti, instituentes religiones privatas, sic instiluendo peccaverunt » ; n° 23 : « Religiosi viventes in religionibus privatis non sunt de religione chrisliana » ; n° 31 : « Peccant fundantes claustra, et ingredientes sunt viri diabolici » ; n° 34 : « Omnes de ordine mendicantium sunt liæretiei » ; n° 35 : < Ingredientes religionem aut aliquem ordinem eo ipso inhabiles sunt ad observandadivina praf-cepta, el per consequens ad perveniendum ad regnum cælorum, nisi apostataverint ab iisdem » ; n" 44 :

« Augustinus, Benedictus et Bernardus damnati

sunt, nisi poeniluerint de hoc, quod habuerunt possessiones et instituerunt et intraverunt religiones : et sic, a Papa usque ad ultimum religiosum, omnes sunt hæretici » (D. B., 601, 602, 603, 611, 614, 615, 624). — 2. Condamnation de Luther et de ses adeptes par le concile de Trente, sess.vn(3mars 1547), Can. 9 de sacr. baptismi : « Si quis dixerit, ita revocandos esse homines ad baptismi suscepti mémoriam, ut vota omnia, quæ post baptismum fiunt, vi promissionis in baptismo ipso jam factæ irrita esse intelligant, quasi per ea et fidei, quam professi sunt, detrahatur, et ipsi baptismo : A. S. » (D.-B., 865) ; sess. xxiv (Il nov. 1 563), can. 9 de sacr. matrimonii :

« Si quis dixerit clericos in sacris

ordinibus constitutos vel regulares castitalem solemniter professos posse matrimonium contrahere, contractumque validum esse nonobstante… voto ; … posseque omnes contrahere matrimonium, qui non sentiunt se castitatis, etiamsi eam voverint, habere donum : A. S. » (D. B., 979, 980). — 3. Condamnation par Innocent XI, le 19 nov. 1687, de la 3e proposition deMolinos : « Vota de aliquo faciendo sunt perfectionis impeditiva)>(/). H., 1223). — 4- Condamnation par Pib Vides thèses joséphistes et jansénistes du synode de Pistoie (dont les actes ont été publics in extenso par Mgr Petit dans la continuation de Mansi, tome XXXVIII) : « Volum perpetuae stabilitatis nunquam tolerandum ; vota castitatis et obedientiæ non admittenlur instar communis et stabilis regulae. Si quis ea vota, aut omnia, aut aliqua facere voluerit, consilium el veniam ab episcopo postulabit, qui tamen nunquam permittet ut perpétua sint, nec anni fines excédent ; tantummodo facultas dabitur ea renovandi sub iisdem condilionibus ». (D. B., 158g) ; « Vota perpétua usque ad annum 40 a » t 45 non admittenda » (D. B., 1592).

b) Les raisons invoquées plus haut pour justilirr les vœux seraient à apporter ici ; on ne peut entrer dans une critique doctrinale et historique complète. Les abus signalés par les objectants — ou encore par Erasmk (1467-1536), qui ne garda de son passage au couvent de Sleyn qu’une âpre rancune et l’hostilité contre lesmoines, et dont on a réédité, dans la collection Sci ij/tanianenl, rue de Beaune, à Paris, les inop portuns Colloques choisis : pénibles sous-entendus p. ex. dans L’Amour du cloitrr, le dégoût du cloître, etc.) — necondamnent pas l’usage légitime et saint de ce grand moyen de perfection qu’est l’état religieux. Le vœu est aussi facile à défendre que toute promesse solennelle de faire mieux ; il est aussi légitime que le serment, que quelques protestants exaltés ont seuls attaqué. Existant dans toutes les religions, il correspond parfaitement à la nature humaine. Psychologiquement, c’est pour la volonté un cran d’arrêt : on peut appliquer très exactement aux vœux ce que J. Pavot a dit des résolutions dans son Education de la volonté. El puis, surtout, il fournit aux âmes désireuses de donner à Dieu, en fait d’amour et de service, plus que la mesure normale (voir entretien du jeune homme avec le Christ sur ses ambitions de vie parfaite), un moyen magnifique, sanctionné par l’Eglise, et dont on a souvent fait l’éloge ; par ex. L. Bertrand : Sainte Thérèse ; vi, l’action thérésienne : « En brûlant les monastères (et combattant moines et religieux), les protestants s’acharnent à rendre impossible un type supérieur d’humanité — pour ne pas dire ce qu’il y a de plus parfait dans Tordre humain. Qu’on songe, en effet, à ce que doit être le moine accompli, et au long et véritablement héroïque labeur qui l’amène peu à peu à la perfection : maîtrise de ses sens et maîtrise de soi-même (comparés à l’idéal du moine, tous les autres hommes sont mal élevés, ils n’ont pas reçu l’éducation véritable, celle qui transforme complètement la nature et qui la rend opte à se transcender elle-même) ; avec cela, culture de l’àme, culture de toute une variété de sentiments inconnus du commun, depuis les plus tendres et les plus délicats jusqu’aux plus intenses et aux plus sublimes ; culture de l’esprit, enfin, grâce à des méthodes qui lui permettent de pénétrer dans des régions intellectuelles fermées au plus grand nombre. En réalité, le moine parfait est le chef d’œuvre de l’humanité. »

A propos du mot de sainte Thérèse, que lui aurait dit N.-S. : « Que deviendrait le monde s’il n’y avait pas de religieux ? » Bertrand continue : « La vie du monde n’est possible que par l’effort surhumain de quelques-uns, qui donnent aux hommes l’exemple de mépriser ce pourquoi ils s’entretuent, de nier ce qu’ils croient être l’unique raison de vivre et qui les rend si durs les uns aux autres. Ainsi, en s’efforçant de maintenir le christianisme intégral, Thérèse a travaillé, en même temps, dans le sens du plus humain. »

Quant à l’objection d’HAUNACK et des ouvrages de propagande protestante (p. ex. Manuel du protestant disséminé, par A. Barhéry, pasteur, Paris, Grassart, 1898, p. 16 : « Nous croyons que la vie chrétienne consiste dans la consécration de nousmême à Dieu et l’accomplissement des devoirs…, qu’il n’y en a pas de supérieure et que tout ce que les hommes ont inventé pour s’élever au-dessus des devoirs vulgaires accessibles à tous, comme… le célibat, la retraite dans les couvents… n’est que vanité et mensonge » ; p. 22 : « Lisez la Bible ; vous n’y trouverez pas ces ordres religieux de moines el de nonnes, qu’un écrivain a appelés « la vermine du corps social. ») — à savoir : il ne convient pas de créer parmi les disciples du Christ deux catégories, ceux de première et ceux de seconde zone, il est facile de répondre, d’abord que la perfection des deux états n’inclut pas nécessairement la moindre perfection pour les membres de l’état inférieur ; ensuite, que la distinction est dans l’Evangile ; enfin que, pour avoir émis des vœux, les religieux ne se croient pas, pour autant, d’une espèce supérieure et