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VŒUX

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ble, cette affirmation a pcul-être besoin d’être atlonuée. à cause du prologue de l’Bistoiie Lausiaque, de PAi.i..vr>R, qui semble défavorable aux vœux. — Sur les ais des Pères relativement aux vœux, on

trouverait nombre île textes et références dans le De voti natura, obligatione, honestate, du D* Kirchbbro, prêtre de Paderborn (Munster, Aschendorff, in-8°,

pages). Voir par ex. l’audace de saint Auc.usiiN à recommander le vœu, s’appuyant notamment sur le texte : Vovete et reddite Domino Deo vestro [Ps. t lxxv, 13). — Les formules de profession du iècle, eu Occident du moins, ne mentionnent explicitement que l’obéissance et les conciles du nièiue temps parlent, au singulier, du votum monasticum. Cela tient à ce que tous les moines ou à peu près procédaient de saint Benoît et qu’encore aujourd’hui, dans la profession bénédictine, il n’est p.. s question de pauvreté et de chasteté, mais seulement d’obéissance, de stabilité et de conversion des mœurs (quelques détails dans Montai.embert : Moine

  • d’Occident). Les Chartreux ont repris la formule

bénédictine. Bt même chez tout un groupe de monastères, l’obéissance n’était pas explicitement contenue dans la formule de profession qui ne mentionnait que la stabilité et la conversion des mœurs. Dans la profession des Dominicains, l’obéissance seule est mentionnée, mais chez les ermites de saint Augustin, qui remontent à la même époque, les trois vieux de pauvreté, chasteté, obéissance, sont explicites.

Plus tard, il faut mentionner les tentatives essayées, sans succès par saint François de Sales, victorieusement par saint Vincent db Paul, pour, dans les instituts qu’ils voulaient fonder, substituer aux vœux solennels (emportant alors, d’après les lois de l’Eglise et les constitutions du royaume, l’entière clôture), des vœux exempts de cette clause rigoureuse. François de Sales dut rédiger un traité pour l< ; itirær ses projets ; le manuscrit est perdu, mais V Histoire inédite de la fondation d’Annecy, p. 20, en donne le contenu. Le saint (lettre du 10 juillet 161 5) voulut avoir l’avis de Bellarmin, qui lui répondit (a5 déc. 1616) : « Avant Boniface Vlll, il y avait des religieuses [qui] n’étaient pas tellement enfermées dans leurs monastères qu’elles ne sortissent dehors quand il était nécessaire. Et votre R me Seigneurie n’ignore point que les vœux simples n’obligent pas moins et n’ont pas de moindre mérite devant Dieu que les vœux solennels, puisque la solennité, aussi bien que la clôture, a commencé depuis le décret ecclésiastique de ce même pape » Malgré cette réponse, devant la difficulté que (it valoir avec insistance l’archevêque de Lyon, Mgr de Marque11 ; rit (Archives d’Annecy : Mémoires de Denys de M nquemont, archevêque de Lyon, sur les inconvénients de laisser la Visitation en forme de simple congrégation), quant aux risques d’alors au cas de vœux non solennels (notamment l’absence de protection du pouvoir civil et la crainte que « les vœux simples ne soient pas des liens assez forts pour arrêter le penchant naturel vers le changement »), le saint préféra renoncer à son idée de religieuses appliquées au -<>in des pauvres (Archives d’Annecy : Réponse de l’évêque de Genève à un mémoire à lui présenté par Denys de Marquemont sur les changements éi fane A la Congrégation de la Visitation), Il modifia sou plan malgré les instances, au début, de sainte Chantai (Sur toute cette question, voir, p. ex. Bougaud : Sainte Chantai. 8e éd., Poussielgue, 18^4. t- I, chap. xvi, pp. 562-580). — Vincent de Paul, qui devait reprendre l’idée primitive de François de Sales, tint bon dans ses projets et ne voulut exiger des Pilles de la Charité que des vœux d’un an (Bou oaud : S. Vincent de Paul, >.’éd., Poussielgue, 1891, t. I, liv. iii, ch. iii, pp. 3/|2-347).

Actuellement la difficulté à laquelle se heurta François de Sales n’existe plus. La formule (lésine par le saint et sanctionnée par Bellarmin, a trouvé maintes applications. Nombre d’instituts ont les vœux simples (voir dans Genicot-Saxsmans, lib, cit., 11, n° 85, le régime actuel des vœux solennels).

IIe Partie

Points or vus. Apologétiques

Réponses aux objeclions des américanistes, des protestants, des rationalistes et laïcistes modernes.

I. Théories américanistes (ou s’en approchant).

— Le vœu, a-ton dit, est une gêne pour la pratique de la vertu. Il enlève cette belle spontanéité del’àme qui lui permet de poser les actes qu’elle aime, au gré des poussées du Saint-Esprit (ama et fac quod vis), etnonen vertu d’une sorte de servitude obligée, résultant d’un engagement pris et qui s’impose même quand « le cœur n’y est pas ». Et l’on tend à conclure qu’une association sans engagements fixes l’emporte sur un Institut qui en exige, que les vœux temporaires sont à préférer aux vœux solennels.

Réfutation. — o)Notonsbien d’abord qu’ilne s’agit nullement de rabaisser ou de critiquer les associations’et groupements qui n’ont pas cru devoir adopter les vœux, ou bien la perpétuité des vœux. Leurs fondateurs ont été souvent de grands amis de Dieu, et si les âmes se sentent plus à l’aise pour combattre sous cette armure simpliliée, si l’Esprit de Dieu les y pousse et si l’Eglise approuve, on ne peut qu’applaudir. Intéressantes initiatives, par exemple, de vie commune en vue du ministère paroissial, soit dans la Somme (Un essai de vie commune en pays dévasté ; théorie, pratique, objections, — chez les missionnaires de Ham), soit dans le diocèse d’Aix (Documentation catholique, 7 oet. 192a, col. 53g553) — et judicieuses remarques du P. Cavallera à leur sujet (Revue d’Ascétique et de Mystique, avril 1923, pp. 212-215). Formule également à connaître, celle de l’abbé Chaumont (Voir sa Fie parLAVEiLLR), et celle de Madame Carré de Malberg. D’ailleurs, texte formel de Léon XIII dans sa lettre Testent l.enovolentiae, 22 janv. 1899, au card. Gibbons, sur l’Américanisme :

« Si quelques-uns préfèrent se réunir

sans se lier par aucun vœu, qu’ils le fassent ; ce ne sera pas une institution nouvelle dans l’Eglise ni à improuver. Prendre garde cependant de ne pas vanter ce régime comme préférable à celui des ordres religieux. » Ce qui est en question serait donc uniquement la prétention d’ériger la pratique des organisations et associations sans vœux comme la meilleure qui soit et de déclarer périmée l’institution monastique. (Voir au long les textes dans l’article Américanisme du D.T.C.). Lechan. Dioiot(/oc. cit., p. 188) dit fort bien : « Les principes fondamentaux que sainte Thérèse a fixés et enseignés pour l’état régulier proprement ditdoivent s’appliquer à toutes les compagnies religieuses dans la mesure où elles se rapprochent du type absolu de la vie monastique ; toutes ensemble elles y trouveront la lumière et la force qui leur conviennent, en sauvegardant leurs propriétés distinctives, la doctrine de saint Thomas les réunira dans un même et parfait amour de leur but commun, dans une même et solide pratique des vertus essentielles à leur condition. L’unité de l’être, dans la variété des formes, n’est-elle pas l’origine de la force et de la beauté ? »

t) Autre observation : il faut se garder, quand on compare vie avec vœux et vie sans vœux, de