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VŒUX

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nn. 153-iô6 (pp. 27Ô-278). L’Eglise, tout en marquant la difficulté de ce genre de promesses, loue certains de ses enfants de les avoir faites, p. ex. saint André Avellin, sainte Thérèse : « Sur les conseils de N.-S., elle lit le vœu si difficile de faire toujours ce qu’elle croirait le plus parfait. » — Quelques modèles plus particulièrement expressifs : vœu du plus parfait émis par le P. de la Colombière Jurant sa retraite de trente jours, avant d’entrer dans le ministère, son cycle d’études terminé ; « vœu de perfection », rie sainte Marguerite-Marie (31 oct. 1686 ; texte intégral dans lesEludes el documents du P. "’atkigant, Collection de la Bibliothèque des Exercices, ou C.B.E., n° 67, pp. 30-33 ; ou Vie par les contemporaines, éd. de Paray 1876, t. I, pp. 276 à 280) ;

— plus récemment, outre les PP. Sengler, Lyonnard (voir notice biographique servant d’introduction à L’Apostolat de la Souffrance, dern. éd., pp. xxm), Ginhac (voir sa Vie, par le P. Calvet), Calot, (biographie à l’Apostolat de la Prière, g, rue Montplaisir, Toulouse), — la carmélite Marie-Aimée de Jésus qui répondit à la Vie de Jésus de Renan par une Histoire de Notre-Seigneur et dont les notes spirituelles (a vol. préfacés par Mgr Chollet) portent (T. I, 332) : « Au lieu de dire : Je fais vœu de pratiquer ce que je croirai être d’une plus grande perfection, c’est la formule de sainte Thérèse, je préférai celle-ci : Je fais vœu défaire ce que je croirai le plus agréable à N.-S. J’ai expérimenté que la certitude, moins que cela, l’espoir de faire plaisir à mon Bien-Aimé, a beaucoup plus d’empire sur la volonté que la connaissance du plus parfait, si elle se présente seule à l’esprit, ou même avec l’obligation du vœu ». Dans les notes de Consummata (Marie- Antoinette de Geuser ; voir sa Vie et le volume : Jusqu’aux sommets de l’Union divine, pp. 79-80. Apostolat de la Prière, Toulouse), très bel exemple, et où la prudence p ir faite se mêle à une entière générosité.

Vœu de victime ou d’hostie. — Pour plusieurs, il n’est rien autre chose que le vœu du parfait, avec cette caractéristique particulière qu’il est émis dans une pensée d’expiation, de réparation, d’amende honorable (holocauste à l’amour miséricordieux, de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, par exemple et offrandes de Xavérine de Maistre, Thérèse Couderc, Marie-Lucie Vrau, Sœur Marie-Saint- Anselme, Emilie d’Ouitremont, etc., voir Folie de la Croix, loc. cit.) Dans sa teneur rigoureuse, il serait plutôt l’engagement de solliciter de Dieu qu’il envoie, en dehors même, s’il le désire, des dispositions ordinaires de sa Providence, un contingent supplémentaire de souffrances du corps, de lame, de l’esprit ou du cœur, voire une mort prématurée (Théodore Wibaux, le P. Linteïo, le P. Auffroy, le P. Doyle). — Parlant de cette dernière forme, l’abbé Sauvk dit avec grande sagesse dans une préface à la Vie de la Mère Marie- Véronique du Cauir de Jésus, fondatrice des Sœurs Victimes du Cœur de Jésus, par le II. P. Prévôt, S. C. J. (Caslerman, 1907) : « Quant au vœu de désirer les souffrances… on se montrera extrêmement sévère. On trouverait difficilement ce vœu dans la vie des Siiuls. Aux âmes généreuses qui s’égarent dans ces raffinements, aux âmes moins généreuses qui les recherchent par enthousiasme, par engoûment, nous dirons : Comme vous feriez mieux de vous nourrir d’abord de doctrine., élu liée non plus seulement dans ses subtilités troublantes et énervantes, mais dans toutes ses richesses et dans toute son ampleur. » (Introduction générale sur l’idée, l’état, le va Il de victime, pp. xvn). — Gilotkaux : Les âmes hosties, les âmes victimes, Téqui, pp. to5-20a ; Max ScnMiD, S. J. : Les Ames victimes, Ap. de la Prière, Toulouse.

Vceu d’abandon. — Plus accessible et peut-être non moins parfait, l’engagement de se remettre pleinement à Dieu el pour le passé et pour l’avenir ; de ne consentir jamais volontairement à une préoccupation inutile relativement aux fautes ou négligences commises, aux épreuves de la vie quotidienne, aux perspectives de plus tard. Intéressants exemples dans les vies de Dom Pie de Hemptinne, Sophie de Claye, Elisabeth Leseur, etc. — Une forme de ces engagements d’abandon est ce que l’on appelle d’une expression un peu haute en couleur, « le vœu héroïque » ; il consiste dans la remise entière et désintéressée entre les mains de Dieu de tous les mérites satisfactoires que l’on pourrait gagner, cl cela pour qu’il en soit disposé en faveur des âmes du Purgatoire.

VI. Lea vœux dans l’Histoire. — a) Chez les Juifs (voiries Dictionnaires de la liible), l’A. T. témoigne que ce genre de promesses était en hon1 neur et que Dieu les agréait. Jacob, pour obtenir J aide et protection dans son voyage, fait un vœu au Seigneur (Gen., xxviii, 20), et Dieu le lui rappelle avec complaisance au moment où il l’exauce (Gen., xxxi, 1 3). Anne, l’épouse affligée d’Elcana, demande au Très-Haut la naissance de Samuel, en le vouant d’avance au Seigneur (l lleg., 1, 11) ; Moyse et l’EccIésiaste en parlent (Dcul., xxiii, 21-a3 ; Eccles, v., 3). Les Psaumes les conseillent. Les Nombres font allusion aux Nazaréens : Vir aut mulier, cum fecerint vol um ut sanctificentur et se voluerint Deoconsecrare (Num., vi). Leur nom signifiait séparés, ceux qui sont purs et comme la Heur de la nation. Ils s’abstenaient de breuvages enivrants, gardaient une tenue sévère ; leur vœu n’avait le plus souvent qu’une durée temporaire et avait une valeur plus légale qu’intérieure. Saint Paul ne dédaignera pas de se réunir à eux plusieurs fois (Act., xviii, 18 ; xxi, 26) et même de leur emprunter coutumes et rites.

b) Pour le monde classique ancien, voir Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, de Daremberg et Saglio, art. Votum.

c) Pour les autres religions, voir art. Vous, dans Encyclopœdia of Religion and Ethics.

d) Quanta l’histoire des vœux dans le monde chrétien, elle n’est pas des plus faciles. Au début du Christianisme, des vœux en général il n’y a rien à dire ; ils ne sont pas une innovation de la religion nouvelle. Mgr d’Hulst note fort bien que le vœu n’est qu’une forme, très parfaite d’ailleurs, du sacrifice, et que le sacrifice est un besoin et un geste normal de l’humanité devant son Dieu (Couf. de N.-D. : Carême de 1893, ive conférence, le respect du nom divin, 3e point). Quant aux vœux de religion, en attendant que nous soit donnée une histoire bien faite de la profession monastique, voici quelques indications. Saint Paul, écrivant à Timothée, condamne les veuves qui violent la foi donnée au Seigneur par le’vœu de virginité (l Tint., v, n). Le vœu de chasteté a existé avant le monachisme, chez les ascètes et les vierges du IIIe siècle. On trouverait facilement des indications chez saint Cyprien (v. g. Rp., iv, éd. Hartel) et chez Oui gène (v. g. P. G., XII, 761). Certains même veulent qu’il en soit question chez Teutullien et Clkmknt d’Auîxandhik (cf. Martinrz -.L’ascétisme chrétien pendant les trois pie miers siècles, Paris, 19 13). L’histoire des deux autres vœux est moins nette dans ses débuts. Mais ils sont implicitement compris dans la profession religieuse, qui existe depuis les origines du monachisme (débuts du iv c siècle). Cf. Rothbniiaùskh, die Anfànge der Klôsterlicken Profession, dans la revue Benediktinische Monatschrift, 1922). — Vraie dans son ensem-