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1917

VOCATION

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Barelle quittant sa vocation, croyant obéir à Notre Seigneur, et, au bout de huit jours, comprenant son erreur et demandant sa réadmission). — Tel directeur pourra rencontrer d’utiles lumières dans Panasse de quelques épisodes spécialement douloureux, sur documents produits par les intéressés eux-mêmes ou des amis dans leur cas, et donc à n’accepter qu’avec discernement et contrôle. Avec l’hésitation qu’on devine, nous citerons le cas du P. Hyacinthb, les 3 vol. de l’ex-abbé Houtin : et plus récemment, Du sacerdoce au mariage, par A. Houtin et P-L. CoucnoUD ; — sur l’abbé Houtin : Une vie de prêtre, mon expérience ; — sur l’abbé Dabry : Mon expérience religieuse ; — sur Tyrhbll : Life of Trrrell, i vol. ; — sur l’abbé Loisy : Choses passées et Quelques lettres sur des questions actuelles et des événements récents (chez l’auteur, à Ceffonds) ; — pour le cas Marcel IIbbrrt, voir Un prêtre symboliste par A. Houtin.

Certaines circonstances pénibles, incompréhensions ou duretés injustifiées de certains supérieurs, événements historiques particulièrement dommageables à la vocation (R. Bazin, L’isolée), peuvent fournir également, sinon une excuse, au moins une occasion et un prétexte. — Sur la situation du religieux qui abandonne son état, Codex Juris Canonici, can. 63^645. Noter que les vocations forcées, comme il s en pouvait rencontrer autrefois (cadets plus moins ou contraints à entrer les ordres — Voir dans DBGBRT, /7/.sf oire des Séminaires français, p. ex., t. ii, 36a, ou Sicard, .'.es évêques avant la révolution, chap. Il ; — Objurgations nombreuses cTOlibr, de saint Vincent de Paul, de Bourdaloub, de Massillon ; Lettre 350 de saint François de Sales, éd. d’Annecy, t. III, p. 209 ; — odieuses exagérations de Diderot : La religieuse) — n’existant plus, les risques de défections qu’on pourrait appeler motivées, et de prise en dégoût des obligations sacerdotales ou religieuses, se trouvent diminués d’autant.

2*) Les vocations transitoires (Codex, can. 632-636). — En vertu de la règle ci-dessus donnée, qu’une âme entrée loyalement dans un ordre ou une congrégation, possède en principe tout ce qu’il faut pour y persévérer, l’on doit, en thèse générale, se mettre en garde contre tout désir ou toute demande de changement d’un Institut dans un autre. Il y a là très facilement une illusion sub specie boni. C’est la porte ouverte, surtout chez les femmes, à l’instabilité perpétuelle. D’ordinaire, ceux qui désirent ces changements possèdent, dans l’Institut qu’ils rêvent de quitter, tout ce qu’ils espèrent trouver ailleurs. Et l’expérience semble prouver que ces transferts sont loin de donner à ceux qui les ont souhaités, ce qu’ils attendaient. Ils engendrent plus d’une déconvenue et plus d’un regret. Cependant il peut y avoir des cas, forcément très rares, où Dieu semble vouloir ou permettre, pour une âme, une vocation par étapes, par paliers successifs. Quelques exemples types : Ludolphe le Chartreux, entré d’abord dans l’ordre de Saint-Dominique et y persévérant pendant vingtsix ou trente ans ; saint Camille de Lellis, d’abord Frère Mineur, puis fondateur des Camilliens ; Mère Thérèse de Jésus, carmélite pendant quelque temps, puis fondatrice de l’Adoration Réparatrice (rue d’Ulm à Paris) ; Hélène Chapottin de Neuville, d’abord religieuse de Marie Réparatrice et qui créa par la suite les Franciscaines missionnaires de Marie ; Mère Marie du Saint Sacrement, de l’Adoration Réparatrice, qui, supérieure d’une maison de son Ordre à Lyon, le quitte pour fonder en Bretagne l’Institut de l’Action de Grâce ; Mère Thérèse de la Croix, fondatrice des Gardiennes- Adoratrices de l’Eucharistie, dites de S lint-Aignan, qui avait au préalable essayé le Carmel, sans d’ailleurs y prononcer ses

vœux. — Comment voir, dans un cas donné, s’il y a illusion ou vraie disposition providentielle ? Examiner, d’après les règles du discernement des esprits, l'équilibre et le sérieux de la personne, son détachement et son esprit de prière, les avis, inclinations et autorisations des Supérieurs, les indications des circonstances. Il n’est pas négligeable de voir s’il s’agit de passer d’un institut moins austère à un autre plus austère ; dans les Constitutions de son Ordre, saint Ignace prévoit le cas où l’un de ses fils demanderait à entrer chez les Chartreux. (Curieux cas d’illusion d’un novice : Vie du P. Balthazar Alvarez, par le P. Louis Dupont, ch. xvi). Etre beaucoup plus sévère, s’il s’agissait d’un institut en tout ou à peu près semblable et comme austérité de vie et comme genre d’occupations. Modèle de sage direction donnée en ces matières par saint François db Salbs à l’ardente mais instable abbesse de Maubuisson, la Mère Angélique (Voir Etudes, 20 nov. 1912, La vocation d’Angélique Arnauld),

3" Les renvois. — Le nouveau droit canon, en exigeant une prudence plus rigoureuse dans les admissions et en augmentant la difficulté des départs (le sujet-prêtre doit être accepté par un Ordinaireavant que l’on puisse accepter ses dimissoires), s’est efforcé de réduire au minimum les cas de défections et de renvois (can. 646-672).

XI. La crise des vocations.

i » Les craintes. — a) La guerre a creusé dans le clergé cathodique des vides immenses. Statistique (sans doute incomplète) des morts de l’Eglise de France pendant la campagne 1914-1918. Clergé séculier : 3.371. Clergé régulier : 48 Pères Blancs ; 52 Pères du Saint-Esprit ; 45 Pères des Missions-Etrangères ; 3g Capucins ; 167 Jésuites : 29 Dominicains, etc. (Voir le Livre d’or du Clergé, si glorieusement, mais si tristement éloquent, )

b) La dépopulation grandissante rend de moins en moins nombreux les enfants résolus à se consacrer à Dieu !  ; l'égoïsme de beaucoup de familles et la laïcisation croissante de l'école n’aident pas non plus à préparer ces carrières de foi et de dévouement, Statistique des vivants actuels du clergé paroissial en France (voir Dossiers de V Action Populaire, avrilmai 1922) : Dans les 90 départements français on comptait, en 1919, 36.258 paroisses ; 30.2Il seulement sont pourvues d’un titulaire. Il manquait donc 6.o47 curés. « Les vocations sacerdotales, écrit Mgr Chollet (diocèse de Cambrai) sont rares, beaucoup trop rares… Undixième de noséglisesmanquent de pasteurs ; un quart des postes de vicaires sont inoccupés. Alors qu’il nous faudrait créer, nous devons supprimer… Il n’y a pas un prêtre par mille habitants… II faut prévoir que, dans un avenir prochain, les 175 sexagénaires que compte un clergé de 700 prêtres, devront se rendre aux exigences de l’invalidité ou, hélas ! à l’appel de la mort. Et les vides se multiplieront… » (Ordonnance du 15 avril 1922, pour l’institution d’une journée sacerdotale annuelle. Doc. Cath., 29 avril 1922, col. 1. 059). Ce qui est vrai pour Cambrai, l’est beaucoup plus encore pour certains diocèses du Midi. Une enquête de Ch. Piciion, (Echo de Paris, 23 novembre 1922), porte : A Toulouse, Mgr Germain établit ainsi son bilan : 14 dis 1. La brochure n » 6 des Leçon » de Vie (éd. Spea) : Ileliçion et natalité, par J. Dassonville, montre à l'évidence que les vocations sortent presque généralement de familles nombreuses. L’enquête menée dans 53 diocèses a donné 18.' » 82 enfants pour 3.908 familles, soit, pour chacune, 4, 75 en moyenne. Pour les vocations religieuses, après informations en milieux très variés, la moyenne trouvée pour chaque famille a été 6, 6.