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VOCATION

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liques, elle verse sur elle une parole et une goutte ; d’huile : la voilà chaste. » (La.coho.urk, Conférence s’a- la chasteté, t. V, p. 44) i b) la grandeur des fonctions qu’elle confère : pouvoir sur le corps physique du Christ (pouvoir de eonsécrateur) : miraculum insolfiis, nec alias (iictum nec usquam faciendum, ne in cælis quidem (Lkssius) ; pouvoir de distributeur de l’Eucharistie (voir p. ex. Vie du P. I.enoir, par G. Gcitton) ; pouvoir surle corps mystique (lésâmes). Réserve faite évidemment des aptitudes, des appels, etc., de tous les considérants subjectifs, — en soi, objectivement, combien l’apostolat sacerdotal l’emporte sur l’apostolat dans le monde. » Semeur de parole », le laïque peut l'être, parfois glorieusement et, ce qui vaut mieux, de façon singulièrement utile (p. ex. : Montalerubert.Ozanam, etc.). Le prêtre pourra être moins doué. Mais c’est lui <pii détient par état le pouvoir « d’enseigner toutes les nations », et de se faire écouter comme si le Christ lui-même parlait par sa bouche. « Quand saint Pol de Léon délivra l’Ile de Batz du dragon qui la désolait, ce ne fut ni par les armes, ni par la violence, niais par la vertu de son étole jetée sur les épaules domptées du monstre, tout à coup docile et soumis. Souvent, debout sur la grève de Roscoff, en face du rivage illustré par ce grand souvenir, j’ai admiré, légende ou tradition, cette belle image du dévouement sacerdotal et de la puissance du ministère sacré ; et je me suis dit qu’ainsi les (ils de saint Pol, et avec eux le clergé de France, si modeste et si grand, sauraient un jour, avec la forée qui leur vient d’en haut, des mains des évêques, et. par eux, du successeur des Apôtres, désarmer cl vaincre l’esprit révolutionnaire qui ravage notre pays. » De Mun, Disc, t. VI, pp. 33-3.1). Canal de la grâce, d’une certaine manière le laïque peut l'êlre par son dévouement, sa charité, son abnégation, son esprit de sacrifice ; mais qu’est-ce que ce pouvoir, comparé à celui du prêtre faisant entrer Dieu dans une àme par le baptême, ou rentrer Dieu par la pénitence ; comparé au pouvoir du prêtre près des mourants ? Le laïque peut préparer a la grâce ; il ne peut la conférer. Le laïque peut disposer au pardon ; seul le prêtre peut donner Vabsolution, etc.

« Mais vous prêtres, vous n'êtes pas à nous pour un

seul moment.

« Votre prière n’est pas, comme la nôtre, cette fumée qui se dissipe à tous les vents.

x Vous n'êtes que prière vous-mêmes, vous êtes la jointure et le ciment,

« Vous ne faites qu’un avec Dieu, vous ne faites

qu’un avec nous aussi,

« Vous commandez à Dieu, vous le faites et le tenez

à votre merci,

(i Nous vous teuons, vous le tenez, et tout se tient dans une seule Eglise.

a Vous êtes l’Ordre par Excellence en qui tout le corps s’organise,

a Tout ne fait qu’une obsécralion, tout ne fait qu’un seul sacrilice,

« Quand vêtus d’or et de lin à l’autel, vous vous retournez vers vos frères, 

, ( Prenant le peuple obscur avec vous et l’offrant entre vos bras ouverts. »

(Paul Claudel, L’Offrande du temps).

a II est un homme dans chaque paroisse qui n’a point de famille, mais qui est de la famille de tout le monde ; qui prend l’homme au sein de sa mère et ne le laisse qu'à la tombe ; qui bénit ou consacre le berceau, le lit de mort et le cercueil ; un homme que les petifs enfants s’accoutument à aimer et à vénérer… ; aux pieds duquel les chrétiens vont répandre

leurs aveux les plus intimes, leurs larmes les plus secrètes ; un homme qui est le consolateur, par état, de toutes les misères de I'àme et du corps ; qui voit te pauvre et le riche frapper tour à tour à sa porte : le riche pour y verser l’aumône secrète, et le pauvre pour la recevoir sans rougir ; un homme qui a le droit de tout dire, et dont la parole tombe de haut sur les intelligences et sur les cœurs, avec l’autorité d’une mission divine ! Cet homme, c’est le curé. » (Lamak TINIî).

Excellente réponse, dans le livre mêlé de Gon/agub Truc, /.es Sacrements (Alcan), pp. 102-110, à l’objection : « Il semble que le prêtre, par la qualité surnaturelle de son élection, par la sublimité de son oiïice et par l’isolement où sa grandeur le tient, ne doive guère trouver de place au milieu des hommes, ni vivre comme eux, ni les connaître beaucoup. » — a Nous voyons le contraire. C’est que la culture, l’expérience, et la mystique ecclésiastique (la formation spirituelle) sont de première valeur. »

En conclusion, le mot de M. Olibr : « Dieu a fait deux prodiges, la Sainte Vierge et le prêtre » ; et celui de Gratry : « Si l’on savait, si l’on comprenait ce qu’est le sacerdoce, il y aurait trop de prêtres. Dieu, je crois, couvre d’un voile et tempère, par précaution, l'éclat et la beauté du sacerdoce catholique : trop d’imprudents viendraient se perdre et se brûler à cette lumière. Le prêtre est coopérateur de Dieu, il est apôtre du Christ, c’est-à-dire qu’il est une artère de ce cœur du monde, un rayon de cette gloire ardente, lumineuse, amoureuse, qui est le soleil de Dieu pour purilier et féconder la terre. » (Philosophie du Credo, p. 242).

3° Religieuse. — Sublimité prouvée par : a) la grâce incomparable qu’elle suppose. A l’origine, choix particulier et tout aimant de Dieu ; au terme, consécration, c’est-à-dire, retrait de tout usage profane, pour être réservé à l’usage exclusif du Seigneur. D’après saint Liguori, saint Laurent Justinien, sainte Madeleine de Pazzi, la vocation religieuse est la plus grande grâce que le bon Dieu puisse faire à l’homme ici-bas, après le baptême. Suarez regarde la vocation comme épuisant en quelque sorte la libéralité divine : « C’est là le bienfait des bienfaits ; Dieu retire du inonde ceux qu’il aime d’une prédilection spéciale. » (Vie de Suarez, par le P. de Scorraille, t. II, p. 275.) b) par les privilèges qu’elle apporte. Ils sont ainsi résumés par saint Bernard : Homo vivit parias, cadit rarius, surgit velocius, incedil cautius, irroratur frequentiiis, quiescit securiits, moritur confidentius, purgatur citius, præmiatur copiosius. « L’homme vit plus purement, tombe plus rarement, se relève plus vite, marche avec plus de précautions, est plus souvent rafraîchi par les consolations célestes, se repose avec plus de sûreté, meurt avec plus de confiance, est plus tôt purifié de ses fautes et reçoit une récompense plus glorieuse. » c) par les récompenses que Notre Seigneur lui promet et déjà lui assure : Récompenses dès icibas, nunc et in tempore hoc, vie éminemment féconde, compagnonnage trié et saint, etc. Récompense pour plus tard ; qui reliquerit, etc., vitam aeternam possidebit [Lue., xvni, 29).

IX. Comment suivre sa vocation ?

Ou la question, théoriquement, est déjà résolue, ou elle est encore pendante.

i cr cas. — La question d’avenir est encore pendante.

1" hypothèse. — Jamais la pensée d’une vocation n’a effleuré l’esprit.