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VOCATION

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dotiil, par la sainteté qu’il réclame, n’a pas de quoi donner satisfaction, et largement, aux désirs de perfection les plus grands ? Quelle fonction requiert une sainteté plus accomplie que celle de « consacrer » et de pratiquer le ministère des âmes ?

, , nse. — Il est clair que le sacerdoce, on ne saurait trop y iusister, requiert, de celui qui en est revêtu, une très haute perfection (Concile de Trente, Sess. xxii, deReform.. c. i. — Liïon XIII, Encycl. Quod multum (13 août 1886) ; Depuis le jour (8 sept. 1899) ; — Pib X, Exhortatio ad clerum (4 août 1908) ;

— Codex, can. is’i-ij ;  ; — Imitation de J.-C, liv. IV, cl », v ; — S. Thomas, Sum. tlieol., Suppl., q. 35, a. 1. — Mais remuer//- une très haute perfection, voire une sainteté intérieure plus grande que celle du religieux non-prêtre (Requiritur major sanctitas interna quam etiam religionis status. S. Tiiom., II a ll » c, q. 184, a. 6), n’exige pas que le sujet s’engage, au moins par profession formelle, à tendre à la perfection.

On dira : Sans doute le prêtre, en acceptant le sacerdoce, n’émet point la profession publique de tendre à la sainteté ; mais est-ce que son état, s’il le comprend bien, ne l’oblige pa6 moralement, beaucoup plus qu’une profession explicite, à devenir parfait ? Donc, ici et là, engagement de « tendre », et par conséquent la distinction signalée plus haut tombe.

Réponse : Rappelons le but premier du sacerdoce et. celui de la vie religieuse. Le sacerdoce est une fonction ordonnée primario et perse au bien du prochain. La vie religieuse vise primario et per se la sanctification personnelle du sujet. Qu’est-ce que demande l’Eglise du candidat au sacerdoce ? D’être apte à exercer les fonctions du culte ; rigoureusement, c’est tout. Elle n’exige pas de lui qu’il renonce le plus possible aux biens de ce monde ; non, simplement dans la mesure où cela nuirait à son ministère. Elle n’exige pas de lui qu’il s’engage par vœu, sous peine de faute, à obéir ; non, elle ne le lie que pur une promesse. Dans l’Eglise orientale, elle ne lui demande même pas de ne pas contracter mariage. C’est le bien des ouailles qui est en vue. Que le sujet ail les qualités voulues pour cela, l’Eglise, tout en désirant de son prêtre davantage, n’exige pas de lui davantage. Autrement dit, l’Eglise fixe un minimum que chacun, bien entendu, peut dépasser, qu’il est mlinimenl souhaitable qu’il dépasse, mais auquel, théoriquement, on peut se tenir sans manquera ses obligations. — Dans la vie religieuse, l’objectif est différent. Les trois grands empêchements au don total de soi à Dieu étant l’attachement aux biens de ce monde, à la volonté propre, aux affections du cu-nr, l’Eglise réclamera du religieux qu’il s’engage officiellement à briser toute attache aux biens de ce monde : pauvreté, mise sous la sanction d’un vœu ; à briser toute attache à sa volonté propre : obéissance, mise sous la sanction d’un vœu ; à garder le célibat, ne fùt-il pas prêtre. — De fait, quand un religieux demande ses dimissoires et quitte son couvent, est-ce pour chercher un état de plus grande perfection ? A l’inverse, quand un prêtre séculier sollicite la vie religieuse, n’est-ce pas qu’il entend se vouer à un état de générosité plus entière ?

2" Tentatives de combinaisons

du sacerdoce séculier et des vœux religieux.

Les modalités de l’appel divin s’estompent largement dans l’appréciation commune, d’autant que la perfection de la vie sacerdotale ne va pas sans la pratique effective des conseils évangéliques, essentielle à la vie religieuse. D’autre part, nombre de prêtres du clergé hiérarchique, épris d’un haut idéal,

souhaitent, sans quitter leur état, bénéficier, dans une mesure plus ou moins large, des avantages que peut offrir au religieux l’engagement formel de tendre à la perfection. Ilest très symptomatique de voir que, sans parler des organisations facilitant la perfection individuelle, — et qui vont de l’association pure et simple (ligue de sainteté sacerdotale) à l’association incluant une discipline intérieure précise, d’ailleurs de types plus ou moins variés (prêtres de saint François de Sales, prêtres-adorateurs, prêtres de Jésus-Hostie, etc…), plusieurs rêvent, pour donner le couronnement suprême à leur perfection sacerdotale, d’y joindre l’émission des trois vœux, soit entre les mains d’un supérieur désigné (p. ex. prêtres du Sacré-Cœur, fondés par le P. de Clorivière), soit entre les mains de l’évêque du diocèse (Fraternité sacerdotale des Amis de Jésus, due à l’initiative du cardinal Mercier. Après avoir d’abord, par une extension imprévue du vocabulaire, appelé tous ses prêtres sans exception de vrais religieux (voir sa Retraite sur la vie intérieure, ive entrelien : Oui ou non sommes-nous des religieux ?), l’éminent prélat décida de permettre les vœux de religion à certains ; ces vœux furent d’abord privés ; il eut la joie, quelque temps avant sa mort, de voir le Saint-Siège attacher à ces engagements la reconnaissance officielle de l’Eglise.)

VI. Comment naît une vocation.

i° La part de Dieu. — Comment Dieu s’y prend-il pour faire comprendre à une àme qu’il l’appelle au sacerdoce ou à la vie religieuse ? Saint Ignacr distingue, dans ses Exercices, trois manières que Dieu utilise (ce qu’il appelle trois temps) :

a) Première manière : Illumination soudainb de la part de Dieu, et tellement forte que « regimber sous l’aiguillon » exige une grande violence. Procédé dont les vies des saints fourniraient plusieurs exemples (par exemple : saint Paul sur le chemin de Damas) et qui peut toujours évidemment se rencontrer, mais qui, évidemment aussi, reste très rare. Diverses résolutions, parleur soudaineté, illustrent cette considération. Un jeune lord anglais tombe en dansant, sur un parquet trop ciré. « Relevez-vous, sire Bœuf », lui dit la reine Elisabeth, en jouant sur le nom du personnage. Le jeune homme s’est relevé, mais sa décision est prise, il quittera le monde. A saint Jean Pérégrin, servite, la vocation nait au moment où il vient de souffleter son futur général, Philippe Benili (RoiiniiACHBn, VIII,. r >o8). Un cas relativement proche de nous : le P. Pernet, fondateur des Petites-Sœurs de l’Assomption. Au catéchisme, son curé parle de la grandeur du sacerdoce : <* Qui sait, mes enfants, si, parmi vous, il n’y en aura pas un qui sera prêtre ? » A ces paroles, Etienne sent au fond de son àme quelque chose d’extraordinaire et de si irrésistible qu’aussitôt il pense : « Ce sera moi ! » — « Je bondis sur mon banc, dit-il lui-même, je me sentais comme électrisé et soulevé malgré moi » Bien entendu, ce genre de vocations, comme d’ailleurs le suivant, demande un judicieux contrôle.

b) Seconde manière : Attraits plus ou moins vivaces et continus. En /ait, ils existent dans beaucoup de cas. Saint François d’Assise, sainte Thérèse (H. Joly, pp. 1a à 16) ; plus près de nous, Dom Verkade, Charles de Foucauld, Ernest Psichari. D’une étude de son lycée, à Lyon, Paul Seigneret, plus tard martyr de la Commune, écrivait : « Depuis trois ans, je sens grandir en moi le désir d’être prêtre. Cette idée ne me quitte plus ; j’ai beau vouloir la rejeter, elle me suit partout, dans mes prières, la nuit, à toute heure ». En droit, l’attrait n’est nullement nécessaire pour qu’il y ait vraie vocation. Autrement dit, une voca-