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VOCATION

1902

On peut répondre : i) L’argument : Notre-Seigneur n’a fondé qu’un seul ordre : Tordre ecclésiastique, ayant saint Pierre à sa tête, ne tient pas. Ne serait-on plus d’accord pour faire remonter à la conversation du Christ avec le jeune homme, lepremierexposé de la voie des conseils :.1 Si tu veux être parfait, va, vends tes biens et donnes-en le prix aux pauvres, etc… » (Matt., xix, 21) ? De même qu’il a en personne institué la hiérarchie ecclésiastique, Notre-Seigneur a lui-même posé les fondements de la vie religieuse. Il ne faut pas mutiler l’œuvre du Christ. Les deux fondations se soutiennent, se complètent, et dans une large mesure se confondent. Ce sont deux fondations du Christ.

a) Evidemment, il peut ne pas être d’un intérêt majeur pour l’Eglise que tel institut religieux vive ou s’étiole ou s’éteigne. Ici, l’objet en cause n’est point tel institut religieux, mais bien la vie religieuse dans son ensemble. On dit : a Pourvu qu’il y ait des prêtres pour le ministère paroissial, peu importe le reste. » Pardon I cela importe : a) A la gloire de l’Eglise. Elle a toujours protesté contre ceux qui, théoriquement ou pratiquement s’attaquaient à la vie religieuse (voir, par ex., Lettres de Léon XUI au cardinal Gibbons, 22 janvier 1899, et au cardinal liichard, 23 déc. 1900, au sujet de V Américanisme). Bien mieux, elle a toujours loué hautement et encouragé la vie religieuse, aussi bien sous sa forme contemplative que sous sa forme active ou mixte. Voir, par ex., les brefs d’institution des différents Ordres, ou encore ces lignes, dans la première encyclique de S. S. Pus XI sur La Paix dans le Christ : a Nous n’avons pas besoin de longs discours, Vénérables Frères, pour vous dire toute l’espérance que nous mettons dans le clergé régulier pour la réalisation de nos plans et de nos projets ; vous savez, en effet, quelle part importante prennent les religieux au rayonnement du règne du Christ dans nos pays et à son développement au dehors. Car, du fait que les membres des familles religieuses poursuivent, comme but propre, la pratique non seulement des préceptes, mais encore des conseils <’vangéliques, il s’ensuit que, soit qu’ils se livrent aux exercices de la vie spirituelle dans l’ombre propice du cloître, soit qu’ils s’avancent résolument dans l’arène, les exemples vivants de perfection chrétienne qu’ils offrent en se dévouant tout entiers au bien commun et en renonçant aux biens et aux commodités de la terre pour jouir plus abondamment des biens spirituels, excitent les ûdèles, qui en sont les témoins constants, à porter plus haut leurs aspirations, et ils obtiennent ce résultat en se livrant avec le plus grand succès à toutes les œuvres de la bienfaisance chrétienne, pour la guérison des âmes et des corps. El, en tout cela, comme en témoignent les documents historiques, ils ont déployé un tel zèle dans la prédication de l’Evangile, qu’ils sont allés, dans un élan de charité divine, jusqu’à verser leur sang pour le salut des âmes, obtenant par leur propre mort l’extension du règne du Christ dans l’unité delà foi et la fraternité chrétienne. » L’Eglise perdrait assurément un de ses plus chers joyaux, si la vie religieuse s’anémiait par absence de recrutement. Notons, que, si le ministère paroissial réclame des ouvriers, nombre d’instituts religieux manquent de sujets. Il n’y apas pléthore ici, et là manque. Il y a manque des deux côtés.

b) La conservation de la vie religieuse importe à la fécondité même du ministère paroissial. Combien n’est-il pas juste de reconnaître l’appoint incomparable que fournissent au ministère paroissial les religieux : a)par un certain idéal qu’ils affirment. Si beaucoup de routine et d’humain peut, hélas ! se glis ser dans l’état religieux, on reconnaîtra sans peine que, contre le’ « triomphe progressif du métier surl’espritde Jésus-Christ et le don de soi-même », que se reprochait si injustement le jeune abbé d’HuLST, vicaire à Saint- AmbroiseO’iV, par MgrBAi ; i>RiLLABT, t.I, P « lu( j), ^e prêtre est souvent mieux défendu dans le cloître qu’au presbytère, où il vit beaucoup plus isolé, parfois plus exposé, aussi pauvre parfois et peut-être plus, en fait, que le religieux, mais disposant, à son gré, de ce qu’il a, n’ayant que des rapports lointains, s’il le veut, avec ses supérieurs, aux prises avec un certain nombre de devoirs plus matériels (comptes à tenir) ou plus facilement routiniers (conduites au cimetière, etc.) ;

p) par la science, qu’à égalité de talent les religieux sontsouventplusà mèmede faire progresser : période scolaire plus étendue, loisirs intellectuels plus abondants, bibliothèques communes, moindre dispersion de l’activité, etc. Le nombre de prêtres séculiers munis d’une science de premier ordre est fort considérable, comme des œuvres de haute valeur en témoignent tous les jours. Ce n’est toutefois, et forcément, — tant il y a de besoins ailleurs, — qu’un noyau dans l’ensemble. Il est certain que le vicaire de semaine, ou le directeur de patronage, ou le curé de paroisse auront, toute question de goûts mise à part, fort peu de temps à consacrer à l’étude. Saint Thomas d’Aquin aurait pu exceller dans le ministère paroissial. Personne pourtant ne contestera qu’il a davantage « servi ». non seulement l’Eglise entière, mais même le ministère paroissial, en restant dans son couvent à écrire la Somme. Et que de travailleurs obscurs en hagiographie, en théologie, en philosophie, en ascétisme, rendent à l’Eglise, et en particulier à ses prêtres, d’immenses services, en consacrant une bonne partie de leur temps à ce labeur souvent très dur !

/) par la prière qu’ils accumulent. Le reproche adressé à la vie religieuse en général, vise d’abord les contemplatifs. Prier et se mortifier quand il y a tant de raisons d’agir, c’est fou, presque coupable ! Nous disons : il y a bien des façons d’agir ; la prière et le sacrifice ne seraient-ils pasl’  « action » la plus efficace ? Tel évêque de Chine réclame, avec des missionnaires, des Carmélites et quelques Trappistes. Pour convertir le monde païen, et aussi pour empêcher notre monde chrétien de devenir païen, il faut toutes les armes.

5) par l’appoint de leur zèle. Si tous les religieux prient et s’immolent, beaucoup, en plus, viennent directement en aide au clergé paroissial : — en contribuant à son recrutement, p. ex. dans les collèges, ou par les œuvres ; — en prêchant, confessant, « m « ssionnant », là où on les demande ; en acceptant, dans certains cas, la charge directe des paroisses. (Très fréquent en Angleterre, en Hollande, etc.) Là même où ils travaillent en dehors de la paroisse (tel patronage, tel collège, telle œuvre de retraites), est-ce que le bien visé n’est pas toujours le perfectionnement de la vie chrétienne, et donc en dernier ressort la sanctification plus grande de la paroisse ? Avec finesse, l’historien du saint apôtre de l’œuvre du Prado, à Lyon, le remarquait : « Dans une armée, il faut un peu de tout. L’infanterie, est, à la vérité, la masse principale, le centre de résistance, comme le clergé paroissial dans l’armée de l’Eglise. Mais que deviendrait l’infanterie sans l’appui des armes spéciales, et que deviendrait le clergé paroissial sans les Ordres religieux et les prêtres à la façon de l’abbé Chevrier, de Dom Bosco, de l’abbé d’Alzon, et de tant d’autres ? » (Villufranchb, Vie du P. Chevrier, p. l).

B) La question théorique. — Est-ce que l’état sacer »