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TRANSFORMISME

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kard a observé, il y a déjà longtemps, que des Gttmmarus. privés d’yeux dans les galeries souterraines où ils vivent normalement, recouvrent ces organes quand ils sont élevés au grand jour. L’organe inutile se réduit ou même Unit par disparaître de lui-même au bout d’un certain nombre de générations ; l’organe utile réapparaît et se développe. Ce sout ces faits que Spbxceh devait grouper sous le nom d’à laptations fonctionnelles, et qui, à n’en pas douter, requièrent une explication différente de celle que peut fournir le darwinisme.

Pour donner un exemple concret, voici comment Dblaob et Goldsmitu interprètent la genèse de la disposition très particulière de l’astragale chez les mammifères actuels :

L’articulation du pied, qui est très résistante, présente deux saillies de l’astragale, premier os du pied, entrant dans deux fossettes correspondantes du tibia et une saillie de ce dernier os pénétrant dans une fossette de l’astragale. Cette structure n’existe encore ni chez les vertébrés inférieurs comme les reptile ?, ni chez les mammifères ancêtres de chacune des grandes branches actuelles ; elle s’est formée peu à peu, grâce à un certain mode de mouvement et à une certaine altitude de l’animal. Les parois externes des os étant formées de matériaux plus résistants que leur partie centrale, voici ce qui a dû se produire : l’astragale est plus étroit que le tibia, qui se repose sur lui, aussi les parties périphériques plus résistantes du premier os se trouvaient-elles en face, non des parties également résistantes du second (qui étaient en dehors d’elles), mais de ses parties relativement dépressibles ; ce’.les-c’, soumises à cette pression, ont subi une certaine résorption de leur substance, et des fossettes correspondant aux deux bords de l’astragale se sont formées. C’est exactement ce qui se produirait si on disposait d’une façon analogue quelques matières inertes plus ou moins plastiques et qu’on exerçât sur elles une pression continue. (Les théories de t’évolution, p. 260).

Le système des « causes actuelles », tel que l’a proposé M. Yves Delage, est un mélange passablement hétérogène dans lequel les idées de Darwin sont associées à celles des néolamarckiens méeanicistes. La théorie est essentiellement antitinaliste ; le rôle primordial dans les causes de l’évolution y est attribué aux facteurs primai ; es agissant par eux-mêmes, sans aucune direction tendant vers des tins.

L’auteur de la théorie a parfaitement compris ce qu’elle a d’insuffisant, et on peut dire qu’il l’a condamnée sans rémission lorsqu’il a écrit :

On ne perçoit pas encore clairement, comment un facteur tel que le climat, la température, l’alimentation, etc., pourrait produire, en agissant sur un animal ou une plante, des modifications telles qu’elles lui facilitent l’existence dans les conditions données… Pourquoi, dans l’histoire de la vie des êtres, certaines formes, certains caractères, suivent-ils une direction déterminée, se succédant dans la branche qui évolue, sans retour en arrière ? Aucune raison satisfaisante n’a été fournie a cette question. Op. cit., p. 3’12).

b) Critiques. — Les biologistes antifinalistes ont coutume de traiter leurs contradicteurs avec une dédaigneuse pitié. A les en croire, il faut beaucoup de simplicité d’esprit pour s’attarder encore à la paresseuse et verbale solution d’un problème biologique par les causes finales. Cette pitié est mal placée et provient d’une supposition erronée. Les antifinalistes semblent croire que la causalité linale exclut la causalité efficiente, alors qu’elle la dirige et se superpose à elle. Les ûnalistes ne se dispensent nullement de l’étude du déterminisme des phénomènes biologiques, mais, pour en mieux comprendre l’ordre et l’harmonie, ils ont le souci de ne jamais perdre de vue les fins vers lesquelles tend ce déterminisme. On leur cberche donc une bien mai : TomelV.

vaise querelle, quand on les accuse de tout expliquer uniquement par les causes finales.

A vrai dire, l’insuffisance de toute théorie antifinalisle saute aux yeux de quiconque a une fois sérieusement réfléchi au caractère le plus manifeste de toutêtre vivant. Celui-ci est essentiellement finalisé, et ce qui le distingue de l’être inorganique, c’est un genre de iinulité immanente qui ne se rencontre que chez lui.

L’existence d’une finalité dans la disposition des organes en vue d’une fonction déterminée, est de prime abord évidente, a Prétendre que l’homme voit tout simplement parce qu’il se trouve par hasard muni d’yeux appropriés, c’est une insoutenable gageure ; qu’on donne telle ou telle théorie de la relation qui unit la vision à l’œil, on devra toujours y faire une place à i’idée que la vision est la fin de l’oeil. » Cette remarque de M. Le Roy (op. cit., p. 605) n’admet pas de réplique. Pas davantage l’observation suivante : « Au seul examen d’un dispositif morphologique, on peut souvent prévoir le comportement ou l’habitat de l’être qui en est porteur, et on ne se trompe que rarement : ainsi à propos de la palmure et en général des adaptations dites statistiques. » (M.)

On a pu le dire sans exagération : tout, dans l’être vivant, est adaptation, non pas adaptation idéale et sans déficit, mais réelle et suffisante.

Comment ne pas voir des dispositions réglées par la finalité la plus évidente dans les coadaptations soit entre deux parties d’un même organe : la dent à crochet, par exemple, du serpent venimeux et la glande qui sécrète le venin ; soit entre deux organes portés par des individus différents : les organes sexuels par exemple, au point de vue morphologique et cylologique, chez le mâle et la femelle. La réduction numérique des chromosomes, qui se fait chez l’un et chez l’autre, n’a de signification qu’en vue de la fécondation qui rétablira le nombre typique de chromosomes dans l’espèce considérée, etc., etc.

Tout le développement ontogénétique d’un végétal ou d’un animal est-il autre chose que le déroulement d’une préparation d’organes dont la fonction ne s’exercera que plus tard ? Les ébauches dentaires, par exemple, ne sont-elles pas constituées en vue de la production d’un organe spécial, ayant la forme et la consistance voulues pour couper, broyer, mastiquer ?

Il est superflu d’insister, tant la chose est évidente. Mais ce qu’il faut maintenant faire saisir, c’est qu’une théorie transformiste quelconque ne sera jamais en mesure d’expliquer par le seul hasard cet ordre admirable dans les tendances qui, chez le vivant, vont sans tâtonnements ni hésitations aux buts poursuivis aveuglément par la nature. Si c hasard ne peut pas, en quelques semaines, conduire un œuf de poule à un poussin, ce même hasard est aussi incapable de le faire si on lui accorde des millions et des millions de siècles : il faut sans d aile un peu d’esprit métaphysique (ou d’esprit tout court) pour le comprendre ; mais ce n’est tout de même pas bien difficile à saisir.

Un raisonnement assez simple met la chose en lumière. Un groupe d’effets ne peut jamais contenir une perfection qui no se trouve pas dans l’ensemble de ses causes eificientes. Les êtres vivants sont par rapport aux facteurs de l’évolution un groupe d’effets et qui manifestent un ordre remarquable. Il est donc impossible que ce groupe d’effets procède de facteurs de l’évolution, agissant entièrement au hasard et sans direction finalisée. Nous verrons que, pour établir l’animisme, il faut aller plus loin et étudier