Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/913

Cette page n’a pas encore été corrigée

1813

TrtANSFORMISMR

1814

gittal. Pour passer des uns aux autre », il Q « suffit pas de considérer seulement les pièces qui les composent, muis il faut se douanier aussi comment ces changements d’orientation ont pu être obtenus. Huxley a présenté un crocodile à ooté d’un dinosaurien ou d’un oiseau, mais avec le membre postérieur dressé. Cela est facile à réaliser sur de* squelettes socs où il n’y a ni muscles ni l’gamenls pour limiter les mouvements, et où l’on ne se pêne guère pour donner les postules les plus incompatibles avec les structures des parties. Mais pour redresser le membre d’un crocodile vivant, il aurait fallu changer l’oricut t 0 : 1 vie son condvle, lu forme de la tête fémorale, relie du pied. Il aurait fallu aussi que les muscles pelvifemoraux externes insérés sur le plancher pelvien, se contractent avec une énergie extrême et demeurent contractés, etc…

L’éminent anatomiste conclut avec raison :

Ces difficultés munirent qu’il ne suffit pas, pour comparer les membres, d’y retrouver d’une manière approchée des pièces correspondantes. Il faut aussi tenir le plus grand compte de l’orientation du membre tout entier et de la constitution de sa ceinture. Dès qu’on le fait, les transitions faciles à imaginer dans les schémas devienne : t irréalisables. (Op. cil., p. 583)

Quelle serait donc, en dehors de l’hypothèse du transformisme généralisé, l’explication des similitudes entre des êtres vivants appartenant à des phylums distincts ? On pourrait la trouver dans l’unité idéale que le Créateur a pu vouloir donner à son œuvre. Une évolution aveugle, abandonnée au hasard du jeu des forces physicochimiques n’aurait, nous le dirons plus loin, jamais réali&é un seul être vivant, elfe n’aurait donc pas pu produire l’ensemble ordonné que nous manifeste le monde de la Vie dans son ensemble ; mais on peut fort bien concevoir que divers groupes d’êtres vivants, devant leur origine première à un même Auteur du Monde, possèdent des natures plus ou moins semblables. Si ces divers groupes ont, dans !e cours des siècles, présenté des modifications, s’ils ont évolué en se différenciant dans des directions variées, un certain parallélisme dans leur évolution ne prouve pas d’une manière apodictique la communauté de leur origine : ce parallélisme peut venir d’une similitude de nature, due à un vouloir ordonné élu Créateur.

L’argument transformiste tiré de l’anatomie com-’parée semble prendre une valeur particulière dans le cas des organes rudimenlaires. On nomme ainsi certaines formations relativement peu développées chez tel ou tel type par rapport à ce qu’elles sont chez des types voisins. La paupière nictitante, par exemple, qui fonctionne chez les Reptiles est réduite chez les Mammifères à un petit repli qui ne semble jouer chez eux aucun rôle. La glande pinéale est interprétée comme un vestige d’oeil situé dans cette région chez les ancêtres présumés des Vertébrés supérieurs. Nous avons déjà signalé la présence dans le membre anté ieur du cheval de doigts latéraux rudimentaires qui sont comme des témoins du stade à trois doigts fonctionnels chez les ascendants des Equidés, etc, etc.

On ne saurait contester une réelle valeur à cette preuve tirée des organes rudimentaires, mais il semble qu’il faille la limiter aux cas où il est possible d’établir que de tels organes sont régressifs, c’est-à-dire lorsque l’on peut démontrer qu’ils sont le résultat de transformations subies par des organes homologues plus développés. Tout organe moins développé chez un type que chez les types voisins n’est pas forcément un organe rudimentaire. Les dents canines, par exemple, sont moins développées chez l’Homme que chez les singes, elles ne sont pas

pour cela des organes rudimentaires. Les mamelles chez le mâle des mammifères sont des organes qui subissent un arrêt de développement, ce ne sont pas des organes rudimentaires régressifs.

Des remarques analogues pourraient être faites pour une foule d’autres organes rudimentaires par leurs dimensions, ruais dont le caractère régressif n’a jamais été solidement établi.

d) Embryologie comparée ; Ici biogénétique ; tératologie. — Si l’on compare la suite des formes embryonnaires d’un même animal, d’un Vertébré par exemple, avec un tableau dans lequel des animaux d’organisation moins parfaite sont classés dans un ordre de perfection croissante, on remarque entre les deux séries un vague parallélisme. Les transformistes en ont conclu qu’il y avait dans le développement embryonnaire d’un animal comme un rappel des phases traversées par ses ancêtres. Généralisant, Hakckkl a formule la loi biogénétique à laquelle son nom est resté attaché : « L’ontogcnie est la récapitulation delà phylogénie. »

On cite à l’appui de cette loi de nombreux exemples : passage du squelette par des stades successivement conjonctif, cartilagineux, osseux, rappelant les Vertébrés inférieurs (Amphioxus, poiBsons à squelettes cartilagineux) ; formation chez les Mammifères d’arcs branchiaux rappelant des ancêtres pisciformes ; existence chez les embryons de Cétacés de germes dentaires, destinés à s’atrophier sans avoir percé lesgencives, souvenir de l’état cétodonte chez les ancêtres des animaux actuels, etc.

M. VivixKTON a montré, après von Babh, que les formes embryonnaires ne rappellent pas ; récisément des types adultes, mais plutôt d’autres formes embryonnaires ; ce qui n’est pas bien surprenant, puisque les individus appartenant à des groupes plus ou moins voisins, se développant par épigénèse d’après des lois uniformes, doivent, par force, se ressembler plus ou moins étroitement, aux divers stades de leur évolution ontogenétique.

Les erreurs commises à propos de cette prétendue loi biogénétique peuvent se rattacher presque toutes à deux causes principales :

i° à ce que l’on a confondu le développement graduel des parties considérées isolément, avec le développement de l’ensemble de l’individu et avec le développement phylogénétique, qui est tout autre chose ;

2 à ce que l’on a méconnu la véritable signification des parties de l’embryon, qui ne sont point des organes ayant jamais fonctionné sous la forme qu’elles revêtent chez lui, mais de simples ébauches.

Dans le développement des arcs aortiques, par exemple, on a souvent considéré la formation d’un certain nombre d’entre eux, destinés à disparaître par la suite, comme un magnifique exemple de la loi biogénétique, sans prendre garde que cette disparition résulte simplement d « nécessités épigénétiques impérieuses. Les arcs aortiques, en effet, servent à faire communiquer le coeur, placé à la face ventrale de l’intestin, avec l’aorte, placé à là face dorsale. Les premier » apparaissent toujours, bien que purement temporels, parce que, les arcs ne se formant point tous en même temps, mais les uns après les autres d’avant en arrière, ils sont à un moment donné les seuls à pouvoir faire communiquer le cœur et l’aorte. D autre part, le premier arc aortique, qui ressemble, à ses similaires postérieurs, ne peut jamais chez un animal achevé avoir été le même que ces derniers, parce qu’il appartient à un arc qui, formant le bord postérieur de la bouche, s forcément des fonctions et par suite une structure et une vascularisation bien différentes de celles des arcs suivant ». La similitude que présentent au début de l’ontogenèse les différents arcs aortiques et les arcs viscéraux qui les renferment, n’est donc