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sacrifié, une mascarade de fidèles, une prohibition alimentaire, le devoir de l’excgète informé est de chercher le mot de l’énigme dans l’arsenal des tabous et des totems. » Voir Cultes, Mythes et Religions, t. I, p. va, Paris, iqoô. — Abordant son exposition, M. Toutain ramena toute la doctrine du totémisme à trois postulats : « 1. L’organisation des clans totémique3 est une forme sociale nécessairement antérieure, dans l’évolution de l’humanité, aux formes sociales qui caractérisaient les peuples de l’antiquité classique. — II. Tous les peuples, dans tous les pays du globe, ont passé par le totémisme. — III. Le totémisme est un système social et religieux, dont les caractères essentiels sont parfaitement connus. » — Après avoir soumis ces trois postulats à une critique incisive, il conclut : « Ainsi les trois postulats, nécessaires à la méthode d’exégèse mythologique fondée sur le totémisme, nous paraissent être fragiles ou contestables. On en conclura avec raison que cette méthode elle-même est fort dangereuse. Dès lors, dans l’état actuelde la science, il est préférable, il est sage de l’écarter… » Transactions of tke thivd international Congress for the Historv of Religions, vol. II, p. 121 sqq. ; conclusion, p. 130-131, Oxford, 1908.

Pendant la lecture de ce mémoire, M. Salomon Reinach occupait le fauteuil de la présidence. On lui doit cette justice qu’il ne montra nulle opiniâtreté, mais au contraire une bonne grâce dont témoignèrent ces lignes de son adresse présidentielle : « Vraiment, il est possible que les futures recherches et une appréciation plus compréhensive des travaux accumulés dans les premières années de ce siècle, amènent à cette conclusion, déjà pressentie par plus d’un spécialiste, que… le totémisme est devenu un dada, et un dada fourbu (an overriden hobby too). Ayant conscience d’avoir été moi-même un des cavaliers les plus acharnés, je ne me sens pas disposé à faire mon apologie ni à chanter la palinodie ; mais les enseignements de l’histoire sur la rapide fortune et le non moins rapide déclin des systèmes, doivent toujours être présents à notre esprit, quand nous croyons avoir touché la vérité à sa source même. »

(Cité par F. Bouvier, L’histoire comparée des religions. Comment elle se fait et se défait. Etudes, t. GXVI1, p. 69, 5déc. 1908).

Bibliographie. — Mac Lennan, The primitive marriage, 1 865. The worship of animais and plants, dans Fortnightly Review, t VI, p. 407 et suiv. et 562 et suiv. ; t. VII, pp. ig^etsuiv. 1869-70. — J.Lubbock, The origin of Civilisation and the primitive condition of man, 1870, pp. 1 83 et suiv., 2’éd. — H. Spencer, The origin of animal worship, dans Essays scientific, polilical and spéculative, pp. 99 et suiv., 1870. — Andrew Lano, Customs and Myth, 1884, pp- io3 et suiv., 2^5 et suiv., a » édit. Myth, Ritual and Religions, 1887. Traduction française, 1896, p. 56 et seq. — Robbrtson Smith, Animal worship and animal tribes among the Arabs and in the Old Testament, dans Journal of Philology, 1880, t. IX, pp. 17 et suiv. The Religion of the Sémites, 1890, 2e édit. — F. B. Jevons, An Introduction lo the History of Religion, 1896. — L. Malîii. i. Il : 11, La place du Totémisme dans V évolution religieuse ; Revue de F Histoire des Religions, 180, 798, t. XXXVI, pp. 208-a53 et 321-269 ; t. XXXVII, pp. 204-a33 et 345-404. — J. G. Frazbr, Totemism, 1887, trad. fr., Paris, 1898. — The golden Rough, 1890, a* éd., 1900 ; traduit en français, Le Rameau d’or, trad. Toutain, Paris, 1903. — The origin of Totemism, dans Fortnightly Review, 1899, p. 648685, 835-852. — Max Mullbr, Contributions to

the study of Mythology, 1890 (trad. française, 1898. Nouvelles études de Mythologie). — A. B. Cook,. Animal Worship in the Mycenean âge ; dans Jour- 1 nal of Hellenic Sludies, lY, 1898. — S. Rbinach, i Phénomènes généraux du totémisme animal, dans Revue scientifique, 4e série, 1900, t. XIV, pp. 4 / 19457. Les survivances du totémisme chez les anciens Celtes, dans Revue Celtique, XXI, 1900, t. XIV, j pp. 269 et suiv. Cultes, M) thés et Religions, Paris, t. I, 1905. — W. W. Thomas, La survivance da culte des animaux et les rites agraires dans le j pays de Galles. Revue de l’Histoire des Religions, XXXVIU, p. 295-347. — H. Hubert et M. Mauss.TL.ssai sur la nature et la fonction du sacrifice, dans ] Année sociologique, II, p. 29, 138. — V. Zapi.etal, 1

0. P., Der Totemismus und die Religion Jsræls, Freiburg (Schweiz), 1901. — A. Bros, La religion des peuples non civilisés, Paris, 1907, ch. vu. Le Totémisme, pp. 218-a45. — Mgr A. Le Roy, dans Christus (éd. J. Huby), p. 71-74 (16* mille, 1921) ; cf. l’index du même ouvrage. — H. Pinaru de La Boullayb, L’étude comparée des Religions^ 1 1. 1, 1922 ; t. II, 1925 ; voir les Tables.

P. Bugnicoijrt.


TRADITION CHRÉTIENNE DANS L’HISTOIRE

I. Tradition orale et tradition écrite.

II. L’âge apostolique.

III. Les premiers Pères.

IV. Saint Augustin et saint Vincent de Lérins.

V. Avènement de la Scolastique.

VI. Origines protestantes. — Le Concile de Trente.

VII. Le XVIIe siècle français.

VIII. L’école traditionaliste.

IX. Kantisme et Modernisme.

X. L’Encyclique Mortalium animos.

XI. Economie divine de la tradition dogmatique.

I. Tradition orale et tradition écrite. — La vérité historique, patrimoine des générations humaines, est assujettie, dans sa transmission, à des conditions changeantes selon les temps, les lieux et la culture intellectuelle des sociétés où elle se propage. L’éducation purement orale des hommes primitifs, dépourvue de tout moyen de contrôle, était nécessairement exposée à l’erreur et à l’oubli. L’invention de l’écriture introduisit un élément de fixité dans la connaissance des faits anciens : les quelques milliers d’années qui séparent nos premières inscriptions cunéiformes du siècle de Gutenberg offrent à l’investigation historique des points de repère, parfois sans doute bien clairsemés, suffisants néanmoins pour permettre de situer avec quelque approximation, dans l’espace et dans le temps, des civilisations disparues. L’imprimerie, en donnant à la pensée individuelle un essor illimité, opéra une nouvelle révolution : elle assura, contre tous les cataclysmes, l’universalité et la perpétuité des acquisitions scientifiques, en attendant que l’impression de plaques vibrantes permît de conserver l’articulation même et le timbre de la voix humaine.

Les trois âges que nous venons de distinguer, âge de la tradition orale, âge de l’écriture, âge de l’imprimerie, ne sont pas tranchés à ce point que le commencement de l’un marque exactement la fin du précédent. Ni l’avènement de l’écriture, ni même celui de l’imprimerie n’a supprimé la parole comme moyen d’enseignement. Les premiers monuments écrits ne firent que consacrer, sous une forme durable, des croyances antérieures, qui, conservées au coeur des anciennes générations, durent au graveur ou au