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TOTEMISME

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envers Dion, par soumission et reconnaissance ; il l’a envers Ini-même, par intérêt ; il l’a même envers ses semblables, pour qui sa profession de foi est salutaire. Cependant, de ce devoir personnel il n’est pas justiciable devant une autorité humaine ou sociale, parce que la foi réclame sa libre adhésion. Associés, les hommes qui ont la foi sont tenus aux mêmes devoirs. La vérité religieuse est un don qu’il ne faut pas dissiper ; un bien du patrimoine commun qu’ils ont à sauvegarder. En fait cependant, tous ne gardent pas la foi. Des apostasies, isolées ou collectives, se produisent, qui sont contagieuses. L’expérience montre qu’un réformateur quelconque peut séduire des masses.

L’autorité civile représente la société, pour en remplir les devoirs et promouvoir les intérêts. Elle ne peut imposer ni l’unité intellectuelle et morale comme telles, car l’unité n’est un bien que dans la vérité ; ni la vérité religieuse, puisque Dieu Ta soumise à la loi de libre propagation. Mais c’est le devoir, comme l’intérêt, de la société, de sauvegarder la vérité religieuse, d’en favoriser la diffusion. A ce double titre et dans la mesure de sa compétence, le pouvoir public doit, comme organe de la société, donner à la vraie religion l’aide et l’appui possibles. Protecteur né des faibles, le pouvoir public est obligé, pour cette nouvelle raison, de leur épargner les séductions et les entraînements irréfléchis.

Tels sont les principes. Voici les applications pratiques qu’il en faut tirer : i) Le souverain qui a la foi favorisera la religion, sans outrepasser ses pouvoirs, sans manquer à la justice et en tenant toutes les promesses qui le lient ;

a) Dans une société catholique, la vraie religion sera publiquement honorée et protégée. Les précautions que la justice permet, que le temps, les personnes, les lieux conseillent, seront prises en vue île conserver à la société le bienfait de l’unité dans la vraie foi. De ce chef, l’autorité peut ériger en délit et frapper de peines raisonnables la contradiction extérieure opposée à cette foi et surtout la propagande de doctrines hétérodoxes.

Mais aucune violence ne peut être employée, aucun droit acquis ne peut être lésé, pour imposer l’unité religieuse à une société qui n’en jouit pas ou qui s’en trouve dépossédée.

La faveur qu’il doit à la vraie religion est un devoir positif de l’Etat : il sollicite de sa part une action. Des raisons graves et proportionnées peuvent dispenser d’une intervention positive. Il arrive que la liberté de l’erreur affranchisse la vérité ; que l'état de l’opinion publique, que la division des esprits engagent la vraie religion à se placer sur le termin du droit commun, plutôt que de s’abriter derrière des privilèges.

Il va sans dire qu’une telle situation demeure

anormale, et que si, en certains cas, l’hypothèse —

condition de fait — impose une renonciation à telle

partie de la thèse — idéal, condition de droit, — de

telles concessions, en elles-mêmes regrettables, ont

leurs limites qu’il n’est pas permis de franchir. Nous

citerons Yvks i>b la Bribrb, Les luttes présentes de

f Eglise, t. I, p. 190 : « La thèse consiste à for uler le droit, tel qu’il résulte des principes catho îques. L’hypothèse est la constatation des difficultés

u impossibilités que rencontre, en certaines eir onslances, l’application intégrale de la thèse. Du

approchement de la thèse et de l’hypothèse on

onclut qu’il faut s’accommoder des transactions

mposées par la charité chrétienne et la sagesse

ratique : les respecter aussi loyalement quand les "j

atholiques sont les plus forts que quand ils sont

les plus faibles ; mais d’autre part, maintenir la vérité doctrinale de la thcse et revendiquer l’application effective des parties de la thèse qui peuvent être, même en pleine hypothèse, appliquées sans grave dommage. »

Les principes et les règles pratiques qui précèdent s’inspirent de la mémorable encyclique « Immortelle Dei » (nov. 1 885). La citation suivante en convaincra : « L’Eglise juge qu’il n’est pas permis de mettre juridiquement les divers cultes sur le même pied que la religion véritable. Mais elle ne condamne pas, pour ce motif, les chefs d’Etat qui, en vue d’un plus grand bien à conquérir, ou pour éviter un mal, tolèrent patiemment leur coexistence dans la cité. Et l’Eglise veille aussi attentivement à ce que personne ne soit forcé d’embrasser la foi catholique. Car déjà saint Augustin nous en avertit sagement : l’homme ne peut croire que par sa volonté ».

Tirée de la vraie mission et des devoirs de l’autorité, cette doctrine ne sacrifie aucun droit, ni divin, ni humain, et elle ne dissimule aucune vérité, ni de principe ni de fait. Elle prend l’homme au complet, avec sa vie présente et avec sa destinée future ; elle ne l’isole pas de la communauté et ne le laisse pas opprimer par elle. Vraie théoriquement par tout ce qu’elle affirme de Dieu, de la religion, de la société civile, elle se montre pratiquement vraie par les égards qu’elle réserve aux circonstances. Si elle était partout observée, le règne de Dieu ferait d’immenses progrès sur la terre.

Bibliographie. — On trouvera la bibliographie spéciale aux articles du dictionnaire rappelés dans celui-ci. Voici quelques ouvrages plus généraux sur la question :

Basnage (H.). Tolérance des religions, Rotterdam, 1684. — Bouché-Leclercq, L’intolérance religieuse et la politique, Paris, 191 1. — Friedberg, Aem., Die Grenzen zwischen Staat und Kirche, Tiibingue, 187a. — Glanville (J.), Jhe Vanity of dogmatizing, London, 1660. — Hinschius (P), System des Katholischen Kirchenrechls …, G vol., Berlin, 1869-1897. — Loening, Gesckichle desdeutschen Kirchenrechls, Strasbourg, 18g5. — Milton (John), Thoughts on true religion, schism and toleration, Harlow, 181 1. — Noodt (G.), Dissertatio de religione ab imperio jure gentium libéra, Lugduni Batavorum, 1706. — Paulus (N.), Protestantismus und Toleranz im 16. Jahrhundert, Freiburg i. B., 1911. — Philipot (J), Les Justes bornes de la Tolérance, Amsterdam, 1691. — Pufendorf (Sam.), De habitu Religionis Christianæ ad vitam civilem, Bremiae, 1687. — Ruflini (Fr.), La liberté religiosa, vol. I, Torino, 1901. — Saurin (B.), Reflexions sur les droits de la conscience, Paris, 1837. — Simon (J.), La liberté de conscience, Paris, 1857. — Vermeersch (A.), La tolérance, Louvain A. Uystpruyst, Dieudonné ; et Paris, Beauchesne, 191a. On trouvera dans ce dernier volume une bibliographie plus abondante.

S. DKNftlMRX.


TOTÉMISME. — I. Notion du Totémisme. — II. Son origine. — III. Sa répartition géographique. — IV. L.e Totémisme et la Religion a Israël. — V. Le Totémisme et V histoire des Religions. — Bibliographie.

I. Notiondu Totémisme — Le Totémisme est un ensemble de superstitions et de coutumes qui ont. pour centre le Totem. Le Totem est une clas e