Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/846

Cette page n’a pas encore été corrigée

1679

THOMISME

1630

49. 51. La béatitude est formellement acte d’intelligence ; la rectitude de la volonté intervient antécédemment et concomitamment.

53. La résurrection n’apporte qu’une extension de béatitude.

54-59. 82. La volonté humaine se détermine par délibération rationnelle. En quoi git la racine de la liberté.

C0. Le mariage, sons l’Ancienne Loi, était fonction de nature, non sacrement.

61. 62. La charité ne croît pas par addition. Elle peut croître sans limite.

63. 64. 103. 104. On ne doit pas obéir au supérieur contre la loi de Dieu.

65. Tout mensonge n’est pas péché mortel.

66. L’Esprit saint peut mouvoir à un acte dont on ignore le sens caché.

67. Le transport prophétique n’est pas désordre de nature.

69. 71. 73. La perfection de la vie chrétienne est affaire de préceptes et de conseils.

70. L’épiscopat est simplement supérieur à la profession religieuse.

72. 96. La pauvreté religieuse n’est pas affaire de précepte.

74. 106. On peut faire profession religieuse sans vouer toutes les applications de la règle.

75. La propriété commune, dans une juste mesure, ne répugne pas a la perfection religieuse.

76. Les moines peuvent passer à un ordre de chanoines réguliers.

77. Dieu peut faire quelque chose d’actuellement infini. 85. Pas de puissance active dans la matière.

89. 111. Les cieux sont animés, au dire des philosophes.

93. L’âme, en cette vie, ne comprend qu’au moyen de phantasmes.

94. L’âme connaît l’universel.

99. Création et coniervation ne diffèrent pas quant à l’acte.

105. Le parjure est un péché plus grave que l’homicide.

110 Les facultés de l’âme sont des accident*.

112. Le premier mouvement est cause de tout mouvement corporel.

117. Le Père et le Fils produisent l’Esprit saint par spiration de leur nature commune.

On reconnaîtra dans cette liste la plupart des opinions dès lors classées comme spécifiquement thomistes ; notamment la conception de la matière prime et de l’accident (art. 4) ; l’impossibilité de démontrer rationnellement la répugnance d’une création ab aeterno (art. 6) ; la distinction des anges comme espèces (art. 8), et la matière principe d’individuation, l’immatérialité de l’ange (art. io) ; l’unité de forme substantielle dans l’homme. On s’étonnera peut-être de n’y pas rencontrer la distinction réelle entre l’essence et l’être ; mais, ainsi que nous le verrons, sur ce point d’exégèse l’unanimité n’était pas encore faite entre thomistes de la meilleure marque. La liste suggère par ailleurs beaucoup d’autres réflexions, auxquelles nous ne pouvons nous arrêter.

Sur cette première phase de l’offensive contre le thomisme, on peut consulter, outre l’ouvrage cité de P. Gloribcx : Les premières polémiques thomistes. Le Correctorium Corruptorii « Quare » (Bibliothèque thomiste, 18), Kain, 1927 ; P. Mandonnbt, O. P., Premiers travaux de polémique thomiste, dans Revue des Sciences Philosophiques et théologiques, t. VII (191 3), p. 46-70 ; 2 45-2<>2 ; Fr. Ehrlb, Der Kampf um die Lehre des ni. Thomas in den ersten fiïnfzig Jahren nach seinem Tode, dans Zcitschrift fur Katholische Théologie, t. XXXVII (191 3), p. a66-318 ; M. Grabmann, Hilfsmittel der Thomasstudien aus al’ter Zeit, dans Divus Thomas, t. 1(1923), p. 3-43 ; 97-123 ; 373-380.

Ajoutons que la levée de boucliers, très vive au lendemain de la mort de saint Thomas, se calma

décidément au jour de sa canonisation. Le 14 février 13a4, Etienne de Borreto.évêque de Paris, sur l’invitation de Rome, rapporta officiellement la censure prononcée en 1277 par Etienne Tempier contre divers points de doctrine thomiste.

V. Les vingt-quatre thèses thomistes. — Avant d’étudier ce syllabus, il convient d’en reproduire le texte.

Thèses quædam in doclrina S. Thomæ Aquinatis contentât et a philosophiæ magislris propositae, adprobantur. Acta Ap. Sedis, >ol. VI, p. 383.

I. Potentia et actus ita dividunt ens, ut quidquid est, vel sit actus purus, vel ex potentia et actu tamquam primis atque intrinsecis principiis necessario coalescat.

II. Actus, utpote perfeclio, non limitatur nisi per potentiam, quæ est opacités perfectionis. Proinde, in quo ordine est actus purus, in eodem nonnisi illimitatus et unicus existit ; ubi vero est finitus ac multiplex, in veram incidit cum potentia compositionem.

III. Quapropter in absolut » ipsius esse ratione unui subsistit Deus, unus est simplicissimus, cetera cuncta quæ ipsum esse participant, naturam habent qua esse coarctatur, ac tamquam distinctis realiter principiis, essentia et esse constant.

IV. Eus, quod denorainatur ab esse, non univoce de Deo ac decreaturis dicitur, nec tamen prorsus aequivoce, sed analogice, analogia tum attributionis tum proportionalitalis.

V.Est prælerea in omni erratum realis compositio subiéeti subsistentis cum formis secundario additis, sive accidentibus ; ea vero, nisi esse realiter in essentia distincta reciperetur, intelligi nonposset.

VI. Præter absoluta accidentia, est etiam relativum, sive ad aliquid. Quamvis enim ad aliquid non significet secundum pvopriam rationem aliquid alicui inbærens, sæpe tamen causam in rébus habet, et ideo realem entitatem distinctam asubiecto.

VII. Creatura spiritualis est in sua essentia omnino simplex. Sed remanet in ea compositio duplex : essentiae cum esse et substantiæ cum accidentibus.

VIII. Creatura vero corporalis est quoad ipsam essentiam composita potentia et actu ; quæ potentia et actus ordinis essentiae, materiæ et formæ nominibus designantur.

IX. Earum partium neutra per se esse habet, nec per se producitur vel corrumpitur, nec ponitur in prædicamento nisi reductive, ut principium substantiale.

X. Etsi corpoream naturam extensio in partes intégrales consequitur, non (amen idem est corpori esse substantiam et esse quantum. Substantia quippe ratione sui indivisibilis est, non quidem ad modum puncti, sed ad modum eius quod est extra ordinein dimensionis. Quantitas vero, quæ extensionem substantiæ tribuit, a substantia realiter differt et est veri nominis accidens.

XI. Quantitate signata materia principium est individuationis, i. e. numericæ distinctionis, quæ in puris spiritibus esse non potest, unius individui ab alio in endem nattira specifica.

XII. Eadem efBcitur quantitate ut corpus circumscriptive sit in loco, et in uno tantum loco de quacumque potentia per hune modum esse possit.

XIII. Corpora dividuntur bifariam : quædam enim sunt viventia, quædam expertia vitae. In viventibus, ut in eodem subiecto pars movens et pars mota per se habeantur, forma substantialis, animæ nomine designata, requirit organicam dispositionem, seu partes heterogeneas.

XIV. Vegetalis et sensilis ordinis animæ nequaquam per se subsistunt, nec per se producuntur, sed sunt tantumrooclo ut principium quo vivens esl et vivit, et cum a materia se totis dependeant, corrupto composito, eo ipso per accidens corrumpuntur.

XV. Contra, per se subsistit anima humana, quae, cum subiecto suflicienter disposito potest infini. li, a Deo creatur et sua natura incorruptibilis est atque immortalis.

XVI. Eadem anima rationalis ita unitur corpori, ut sit eiusdem forma substantialis unica, et per ipsam habet homo ut sit liomo et animal et vivens et corpus et substantia et ens. Tribuit igitur anima homini omnem gradum perfectionis essentialem ; insuper communicat corpori actum essendi, quo ipsa est.