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ront hétérogènes, parce que les échanges chimiques y ont été incomplets ; elles deviendront une alternance, bien des fois répétée, de stratesde composition différente, gnei ss, micaschistes, amphiboli les, pyroxénites, cipolins, elo… : et c’est précisément une telle alternance qui s’observe dans tout complexe cristallophyllien.

Plus on monte dans l’édilice, et plus on voit s’affaiblir l’action de la colonne filtrante. Le métamorphismeest donc limité dans l’espace, et il décroît graduellement. La même décroissance s’observe quand on s’éloigne, horizontalement, de la zone traversée par les vapeurs. Les régions de semimétamorphisme sont celles où les roches sont restées tout à fait solides et ont seulement été imprégnées par les solutions chaudes. Cela a sulli à les faire recrislalliser ; mais chaque assise a gardé, ou à peu près, sa composition primitive. On n’a plus des gneiss, mais seulement des phyllades, des quarlzites micacés, des marbres phyllileux. L’ex ! en610n horizontale du métamorphisme varie d’ailleurs suivant la perméabilité des couches.

Maintenant la cristallisation s’achève. L’ensemble des terrains soumis au métamorphisme régional est devenu une série cristallophyllienne : ici des gneiss, là des micaschistes, plus loin des amphibolites, plus haut des phyllades. Mais les amas liquides, qui sont des mélanges à point de fusion minimum, ne sont pas encore consolidés. Beaucoup vont cristalliser, là même où ils sont, en des roches homogènes et massives que l’érosion postérieure fera apparaître, plus lard, avec des contours précis, au milieu des gneiss et des micaschistes. D’autres vont se différencier. Plusieurs se videront vers le haut par des fractures et serviront ainsi de source à des roches intrusives ou à des roches volcaniques.

Ainsi s’expliquent, du même coup : la production des roches massives et celle des roches cristallophylliennes ; la liaison indiscutable de ces deux catégories de roches, et par exemple, le fait que le granité apparaît souvent au milieu des gneiss ; la structure si particulière des roches cristallophylliennes et leur si grande variété de composition ; le nombre si restreint, par contre, des types de roches massives et l’étroitesse des limites entre lesquelles se tient la composition chimique de ces roches ; les degrés du métamorphisme régional ; le fait, plusieurs fois constaté, qu’il y a, tout autour d’un domaine hautement métamorphique, une auréole desemi-métamorphisme et un graduel passage des roches cristallophylliennes aux sédiments du type ordinaire ; enfin la liaison certaine du métamorphisme régional avec les géosynclinaux, et par conséquent avec les chaînes de montagnes.

Quant au métamorphisme de contact, il se confond avec le métamorphisme régional quand il s’agit de l’auréole qui entoure les amas de roches massives consolidées en profondeur, là même où s’est produite la fusion de l’eutectique. Iln’a une existence spéciale que quand il s’agit de l’action exercée par une roche fondue qui, sous l’action des pressions internes, a quitté l’amas où elle a pris naissance et s’est mise en route vers la surface. L’intensité de ce métamorphisme de contact est alors un critérium de la profondeur. Plus la roche fondue approche de la surface et moins elle agit sur les terrains qui l’encaissent. Arrivée à la surface, cette roche, devenue la lave d’un volcan, est encore capable d’exercer des actions caloriliques ; mais, en général, elle n’a pins d’action chimique, ou presque plus.

HT. — Les limites db l gi’ologib. Que la géologie soit une science étroitement limi tée, naturellement imparfaite et incomplète, particulièrement énigmatique, c’est l’évidence même. L’observation géologique est confinée à la lurface delà lithosphère ; tout au plus, par les sondages, les travaux de mines, les tunnels, peut-elle pénétrer jusqu’à quinze cents ou deux mille mètres de profondeur. Pour tout le reste delà lithosphère, à plus forte raison pour la pyrosphère et pour la bary*phère, on est réduit aux déductions et aux hypothèses,

Mais il s’en faut de beaucoup que le géologue puisse étendre ses observations à la totalité de la surface terrestre. // ne peut pus toucher les terrains qui constituent le fond des mers. Sauf des cas tout à fait exceptionnels, les dragues envoyées sur ce fond ne ramènent à bord des navires que les boues qui le tapissent et qui sont des dépôts actuels ; la roche qui se cache sous ces boues est imprenable et reste inconnue. Et comme les mers couvrent les sept dixièmes de la surface de notre planète ; comme les continents et les lies, où sont les seuls documents géologiques que nous puissions consulter, n’occupent que les trois dixièmes, le géologue esldansla situation d’un homme qui, voulant reconstituer un livre dont les feuillets sont décousus et épars, s’aperçoit que sept de ces feuillets, sur dix, ont disparu, emportés par le vent, et sont à tout jamais perdus.

Limitée étroitement quant à l’espace, la géologie l’est plus étroitement encore quant à la durée. Elle nous apprend que celle-ci est immense, que les temps géologiques embrassent des dizaines de millions d’années, peut-être des centaines de millions ; mais elle ne nous fournit aucun moyen de supputer, même approximativement, ces nombres. Elle ne nous dira jamais ce qu’ont duré les Ammonites, les Trilobites, les Mastodontes ; elle ne nous dira jamais l’âge exact de l’humanité ; elle est même incapable de nous dire si telle période géologique a été plus longue, ou moins longue, que telle autre, et, par exemple, si le Carbonifère, à lui seul, n’a pas duré autant que toute l’ère tertiaire.

Plus il essaie de remonter dans le passé, et plus le géologue s’enfonce dans les ténèbres. Les sédiments anciens ne lui apparaissent que là où ils n’ont pas été recouverts, et là où des mouvements postérieurs à leur ensevelissement les ont ramenés au jour ; mais plus ils sont anciens et plus sont nombreuses pour eux les chances d’un ensevelissement définitif. Et leur âge même devient de plus en plus incertain, à cause des recristallisations qui s’opèrent dans les sédiments et qui en effacent peu à peu les traces d’organismes : recristallisation totale, quand le terrain est envahi par le métamorphisme ; recristaliisation partielle, sous la simple influence du temps, qui fait qu’un très vieux sédiment est le plus souvent azoïque et d’âge indéterminable. C’est pour cela que les débuts de la Vie sur le globe ne nous serontjamais connus. Les fossilesque nous appelons les plus anciens, ceux du Précambrien américain, ceux encore de notre Précambrien breton, sont très loin d’être, primitifs et ne nous donnent aucune idée exacte et précise de la biosphère originelle.

Ce sont là des limites qui tiennent à la nature même des choses et que le progrès de nos connaissances ne déplacera pas. Rien ne pourra faire que le fond des abîmes sous-marins devienne accessible à l’homme au point qu’il en dresse la carte géologique ; rien, non plus, ne pourra faire qu’il exhume et ramène au jour les vieux sédiments ensevelis sous plusieurs milliers de mètres de sédiments plus jeunes, ni qu’il m ttc une date précise sur les terrains dénaturés par le métamorphisme ou par le simple vieillissement, quand ces terrains ne sont