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saliques : très exceptionnellement, on en voit de iliaques. Il est bien remarquable que la nature des laves et la proportion, parmi elles, du nilique, du simique et du salique, n’aient pas varié au cours des âge- ;. Il est bien remarquable aussi que la Lune, d’après sa densité, paraisse êlre, presque tout entière, composée de roches simiques, à l’exception de quelques amas de poussières volcaniques blanches, à sa surface, qui doivent être saliques, et à l’exception d’un noyau nilique intérieur, de très court rayon.

Les volcans, à la surface de la Terre, n’ont, à aucune époque, été semés au hasard : leur répartition est soumise à une loi. Ils jalonnent les bords des grandes fractures rectilignes ou apparaissent dans les compartiments effondrés que ces fractures encadrent ; ils jalonnent aussi les bords des régions plissées quand de telles régions sont contiguës à des fosses océaniques profondes. Dans un cas comme dans l’autre, ils sont clairement liés aux effondrements ou aux affaissements de l’écorce ; et il n’y aurait sans doute plus de volcans actifs si la lithosphère cessait d’éprouver des mouvements verticaux de grande amplitude.

La limite entre la pyrosphère et la lithosphère ne saurait être ni précise, ni lixe. La pyrosphère se déforme incessamment, comme la lithosphère. Entre ces deux enveloppes du globe, il y a, suivant toute vraisemblance, une région qui tantôt est liquide et tantôt solide, suivant, les mouvements de descente et de remontée de l’écorce, et suivant l’intensité des dégagements gazeux. Car labarysphère exhale constamment des vapeurs qui traversent la pyrosphère et cherchent à gagner le dehors ; la région nifique s’épure ainsi graduellement des éléments légers qu’elle renferme encore, éléments dont la réaction mutuelle, près de la surface, donne de la vapeur d’eau, des chlorures, de l’acide carbonique, et dont le résidu non combiné est de l’hydrogène, de l’hélium et de l’azote. Ces dégagements gazeux, de très haute température, modifient à tout instant, dans l’écorce, la forme des surfaces isogéothermes ; souvent tranquilles, ils procèdent d’autres fois par explosions, faisant sauter en l’air des montagnes ou des îles et creusant, à travers la lithosphère, des cheminées cylindriques à axe vertical dont les parois sont aussi lisses que celles dutube d’un canon. Des matériaux gazeux exhalés de la barysphère, l’hydrogène et l’hélium se dissipent dans l’espace après avoir traversé l’atmosphère ; l’eau et les chlorures s’en vont aux Océans ; l’acide carbonique entretient et parfois augmente, dans l’atmosphère, la réserve de ce gaz qui est nécessaire à la vie et où s’alimentent la production des combustibles fossiles

  • t celle des calcaires. Il est presque certain qu’une

large fraction de l’eau des Océans est ainsi montée de dessous la lithosphère, c’est-à-dire que le volume des eaux primitives s’est grandement accru, par ce processus, au cours des périodes géologiques ; ma13 nous ne pouvons rien dire sur la proportion, dans nos mers actuelles, des eaux primitives et des eaux non primitives, venues des profondeurs après la consolidation de l’écorce et pour lesquelles Eduard Suess a proposé le nom d’eaux juvéniles.

Pour clore ce chapitre de généralités, il faut rappeler un fait très important : de toutes les planètes du système solaire, la Terre et Mercure sont celles qui ont la densité la plus forte. La densité du Soleil n’est que le quart de la densité terrestre ; celle de Jupiter n’est même pas le quart ; celle de la Lune, un peu plus des six dixièmes. S’il est vrai, conformément à l’hypothèse d’Innés, que, sous une pression excessive, les éléments tendent à se simplifier

par libération de leur énergie intra-atomique, la densité exagérée delaTerrela rend particulièrement fragile, en développant outre mesure la pression dans ses profondeurs. De tous les astres du système solaire, la Terre et Mercure seraient ainsi les plus exposés à voler soudainement en poussière et à se dissoudre, en quelque sorte, dans l’espace. Ce serait, pour eux, une façon de linir.

On peut envisager d’autres fins possibles, sans faire appel à aucune intervention extérieure au système planétaire. La suppression de la Vie à la surface de la planète serait réalisée par la simple diminution de Vin/lux calorifique solaire : car la Vie sur notre globe ne se conserve que grâce au rayonnement du Soleil. Or rien ne prouve que l’influx solaire, remarquablement constant depuis l’origine des temps géologiques, doive durer toujours ; et il y a au contraire des raisons dépenser qu’il diminuera, soit par l’arrêt de la contraction de l’astre sur lui-même, contraction d’autant plus lente et plus difficile que la densité devient plus forte, soit par la dilatation du Soleil et sa graduelle transformation en éléments légers peu à peu dilués dans l’espace, conformément à l’hypothèse d’Innés. La Vie ne saurait donc durer toujours, même sur une Terre qui se perpétuerait avec sa forme actuelle. On peut aussi penser que la chaleur interne de notre globe, au lieu de diminuer lentement par la conductibilité de la lithosphère, va s’élevant sans cesse par la désintégration progressive des éléments instables, tels que le radium : dans un avenir plus ou moins lointain, cette chaleur irait jusqu’à rendre à la Terre son incandescence primitive ; la Vie cesserait par l’excès de chaleur, et non plus par le froid ; la planète redeviendrait pour quelque temps, une petite étoile lumineuse. Mais qui pourrait choisir entre ces hypothèses ? Et qui pourrait dire si notre système planétaire tout entier n’est pas menacé d’une soudaine catastrophe, due à quelque cause extérieure, telle que la rencontre avec un autre système ? De telles rencontres semblent se produire assez souvent : et c’estpar ellesque les astronomes expliquentla subite apparition, dans le noir de l’espace, d’une nouvelle étoile. La Terre perdrait son individualité ; et hes éléments, mêlés à ceux du Soleil et à ceux d’un autre monde, commenceraient une nouvelle série df transformations, à travers l’immensité de l’espace et du temps.

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PlUNCIPAUX RÉSULTATS DE LA GkûLORIR.

La géologie, qui ne date guère que du commencement du xixe siècle, a marché vite, aidée par le développement des autres sciences naturelles, surtout de la paléontologie et de la minéralogie. Les observations de détail sont déjà presque innombrables ; la connaissance de la surface des continents et des îles est très avancée, sinon complète ; le géologue peut aujourd’hui prétendre à la contemplation, à la compréhension de la planète entière ; il peut même essayer de suivre, à travers le cours des âges, les modifications du visage terrestre.

Les résultats principaux, vraiment acquis, de cette science de la Terre, sont les suivants : le fait de la transformation graduelle et ordonnée de la Vie, permettant une chronologie relative par la division de la durée en ères et périodes géologiques ; le fait de l’incessante déformation de la lithosphère ; la notion des grandes chaînes de montagnes successives ; la persistance ou tout au moins l’énorme durée de certains traits, de certaines unités de la géographie ; enfin, une nifl plu-î claire de ce qu’on a appelé le métamorphisme. Nous passerons rapidement en revue ces conquêtes, pour la plupart très récentes : il