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SYiNCHETISME

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de présenter les évêques, et peut exiger d’eux qu’ils prennent en main l’administration de leurs diocèses avant qu’ils aient reçu du Saint-Siège l’institution canonique et les Lettres apostoliques.

51. Bien plus, la puissance séculière a le droit d’interdire aux évêques l’exercice du ministère pastoral, et elle n’est pas tenue d’obéir au Pontife Romain en ce qui concerne l’institution des évêchés et des évêques.

. Le Gouvernement peut, de son propre droit, changer l’âge prescrit pour la profession religieuse, tant des femmes que des hommes, et enjoindre aux communautés religieuses de n’admettre personne aux vœux solennels sans son autorisation.

53. On doit abroger les lois qui protègent l’existence des familles religieuses, leurs droits et leurs fonctions ; bien plus, la puissance civile peut donner son appui à tous ceux qui voudraient quitter l’état religieux qu’ils avaient embrassé et enfreindre leurs vivux solennels ; elle peut aussi supprimer complètement ces communautés religieuses, aussi bien que les églises collégiales et les bénéfices simples, même de droit de patronage, attribuer et soumettre leurs biens et revenus à l’administration et à la volonté de l’autorité civile.

">4. Les rois et les princes, non seulement sont exempts de la juridiction de l’Eglise, mais même ils sont supérieurs à l’Eglise quand il s’agit de trancher les questions de juridiction.

55. L’Eglise doit être séparée de l’Etat et l’Etat séparé de l’Eglise.

56. Les lois de la morale n’ont pas besoin de la sanction divine, et il n’est pas du tout nécessaire que les lois humaines se conforment au droit naturel ou reçoivent de Dieu le pouvoir d’obliger.

b-). La science des choses philosophiques et morales, de même que les lois civiles, peuvent et doivent être soustraites à l’autorité divine et ecclésiastique.

58. Il ne faut reconnaître d’autres forces que celles qui résident dans la matière, et tout système de morale, toute honnêteté doit consister à accumuler et augmenter ses richesses de toute manière, et à satisfaire ses passions.

5g. Le droit consiste dans le fait matériel ; tous les devoirs des hommes sont un mot vide de sens, et tous les faits humains ont force de droit.

L’autorité n’est autre chose que la somme du nombre et des forces matérielles.

61. Une injustice de fait, couronnée de succès, ne préjudicie nullement à la sainteté du droit.

62. On doit proclamer et observer le principe de non-intervention.

63. Il est permis de refuser l’obéissance aux princes légitimes et même de se révolter contre eux.

64. La violation d’un serment, quelque saint qu’il soit, et toute action criminelle et honteuse, opposée à la loi éternelle, non seulement ne doit pas être blâmée, mais elle est tout à fait licite et digne des plus grands éloges, quand elle est inspirée par l’amour de la patrie.

65. On ne peut établir par aucune preuve que le Christ a élevé le mariage à la dignité de sacrement.

66. Le sacrement de mariage n’est qu’un accessoire du contrat et peut en être séparé, et le sacrement lui-même ne consiste que dans la seule bénédiction nuptiale.

67. De droit naturel, le lien du mariage n’est pas indissoluble et, dans différents cas, le divorce proprement dit peut être sanctionné par l’autorité civile.

68. L’Eglise n’a pas le pouvoir d’établir des empê chements dirimants au mariage, mais ce pouvoir appartient à l’autorité séculière, par laquelle les empêchements existants peuvent être levés.

69. L’Eglise, dans le cours des siècles, a commencé à introduire les empêchements dirimants non par son droit propre, mais en usant du droit qu’elle avait emprunté au pouvoir civil.

70. Les canons du concile de Trente, qui prononcent l’anathème contre ceux qui osent dénier à l’Eglise le pouvoir d’introduire des empêchements dirimants, ne sont pas dogmatiques ou doivent s’entendre de ce pouvoir emprunté, de ce droit conféré par l’Etal.

71. La forme prescrite par le concile de Trente n’oblige pas sous peine de nullité, quand la loi civile établit une autre forme à suivre et veut qu’au moyen de cette forme le mariage soit valide.

ja. Iîoniface V11I a le premier déclaré que le vœu de chasteté prononcé dans l’ordination rend le mariage nul.

73. Par la force du contrat purement civil, un vrai mariage peut exister entre chrétiens, et il est faux, ou que le contrat de mariage entre chrétiens soit toujours un sacrement, ou que ce contrat soit nul en dehors du sacrement.

7^. Les causes matrimoniales et les fiançailles, par leur nature propre, appartiennent à la juridiction civile.

75. Les fils de l’Eglise chrétienne et catholique disputent entre eux sur la compatibilité de la royauté temporelle avec le pouvoir spirituel.

76. L’abrogation de la souveraineté civile, dont le Saint-Siège est en possession, servirait même beaucoup à la liberté et au bonheur de l’Eglise.

77. A notre époque, il n’est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l’unique religion de l’Etat, à l’exclusion de tous les autres cultes.

78. Aussi, c’est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s’y rendent y jouissent de l’exercice public de leurs cultes particuliers.

70. Il est faux que la liberté civile de tous les cultes, et que le plein pouvoir laissé à tous de manifester ouvertement et publiquement toutes leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent plus facilement les peuples dans la corruption des mœurs et de l’esprit, et propagent la peste de l’indifférentisme.

80. Le Pontife Romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne.

L. Choupin.


SYNCRÉTISME. — Le mot syncrétisme évoque immédiatement l’idée de mélange. Appliqué à l’histoire religieuse, il désigne moins un système défini qu’une tendance : tendance naturaliste à p : ésenter l’unique vraie religion, révélée de Dieu, comme un simple résidu des diverses religions historiques. Il s’attaque d’ailleurs soit au dogme et au culte, soit au culte seulement.

Le syncrétisme dogmatique, méconnaissant le caractère transcendant de la doctrine révélée, substitue aux symboles de foi, garantis par l’autorité de l’Eglise, des pièces de marquetterie où figurent, en proportions variables, les vérités divines et des inventions humaines. On comprend aisément que cette voie mène à l’hérésie. Car le dépôt de la révélation doit être gardé pur de tout alliage ; si la foi chrétienne fait volontiers appel à la philosophie rationnelle pour développer le contenu de la tradition divine authentique, elle repousse tout accroissement parle dehors. La doctrine chrétienne est, selon le mot