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SUPERSTITION

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trice île l ; i vraie piété, a pu introduire dans le service divin ». « Ne superstitioni locus aliquis detur, edicto et poenis propositis caveant ne sacerdotes aliis quara debitis horis célèbrent, neve ritus alios aut alias cæremonias et preces in Missarum celebratione adhibeant, prueter eas quæ ab Ecclesia probatæ ac frequenti et laudabili usu receptæ fuerint. Quarunidam vero Missarum, et candelaruin certuin nuinerum, qui magia a superstitioso cultu quam a vera religione inventus est, omnino ab Ecclesia removeant. »

Il recommande encore, dans sa session xxve, de mettre en garde les fidèles contre tout ce qui, dans la créance au Purgatoire, aurait couleur de vaine curiosité ou de superstition. Que toute superstition soit encore bannie de l’invocation des saints, de la vénération des reliques, du culte des images.

III. Les pratiques superstitieuses. — Innombrable esl la variole des pratiques superstitieuses. On lit dans les statuts synodaux du diocèse de SainlMalo, eu l’an 1618 : « Les Sorciers, instruments de Satan, pour leurs actions magiques, usent de moyens et signes qui, de leur vertu naturelle, ne peuvent causer ni produire les effets qu’ils promettent, et ne sont autorisés d’ordonnance ni de disposition divine : comme quand ils portent et foi^t porter des brevets, ligatures, caractères, billets, crins de quelque beste, pierre ou anneaux, avec des lettres ou figures ineptes et billebarées, ou des noms barbares, inusitez et inconnus, ou quelques termes du vieil ou nouveau Testament écrits sur la peau, ou en parchemin qu’ils appellent vierge, délié comme toile d’oignon, ou meslez d’autre superstition pour quelque occasion que ce soit, quand en mannotant certains maux (sic) ils appliquent quelquechose au col d’un cheval pour lui guérir le farcin d’une jambe ou le mordent en une oreille pour le panser de quelque mal. Quand ils employent pour cause eiliciente certain nombre ou autres fariboles improportionnées à l’effet. Quand ils disent tenir un démon enclos en une pliiole, pierre, miroir, ou anneau… Quand sous prétexte de médicamens, ils murmurent quelques charmes qu’ils appellent oraisons, versent de l’eau sur certaine herbe, se servent d’un osier fendu, ou d’une mesure de ceinture… Même quand ils entreprennent de dire la bonne aventure, comme ceux que l’on appelle Bohémiens, ou soutenir que les herbes cueillies avant que parler ont plus de vertu qu’autrement. Quand en proférant le nom de quelque Saint, ou bourdonnant quelque verset d’un psalme, ou autres paroles dont ils affeublent leur magie, ils empesclient le beurre de prendre, charment les chiens, eslanchent et arrestent le sang, font sauter un liard hors d’un vase, tourner le saz, mouvoir un anneau, et sonner les heures en un verre… », etc. (J.-13. Tkikks, ouvrage cité, p. Go-61)

Il arrive, ici comme ailleurs, que les pratiques superstitieuses s’unissent aux pratiques de la sorcellerie.

S. François de Sales et Mgr d’Arantou d’Alex, évoques de Genève, disent dans leurs Constitutions et Instructions synodales, qu' « il y a superstition autant de fois qu’on met toute l’ellicacité des paroles, pour saintes qu’elles soient, en quelque circonstance vaine et inutile, comme si on croyait que, pour guérir un malade, il faut dire trois Pater avant le soleil levé ». (Ibiii., p. 89)

On trouvera des séries de pratiques superstitieuses dans le Traité de J.-B. Tliiers, particulièrement p. 184-187, 201-'203, a44-24*J, 3 1 tj-334- Force est de se borner. Arrêtons-nous quelque peu aux formes

qui ont fleuri dans la période de la Grande Guerre, 191 4->918, dont la secousse a comme misaujour le fonds superstitieux de l'âme populaire.

A consulter sur ce sujet : Agostino Gbmelli.O.F.M., Folklore di Guerra, dans Vitae Pensiero, 1 Gennaio, 1917 ; Le Superstitioni dei Soldati in Guerra, éd. Vitae Pensiero. — Charles Calippk, Prières efficaces et Porte-bonheur, dans Revue du Clergé Français, i cr fcvrieret i cr septembre 1917. — Revue, des Etudes anciennes, 1916, 191O passim. — L. Rouai- : , Superst itiuns du jronl de guerre, dans Au. pays de l’Occult isme, Paris, Beauchesne. Appendice.

Prières superstitieuses ; Prière pour se garantir des armes à feu

« En contre-charme, vous récitez cette prière trois

fois de suite tous les matins à jeun, vous la porterez sur vous, et vous serez préservé de tout péril et danger de mort, et vous serez toujours vainqueur sur vos ennemis.

« Prière. Eccé, Crucem, donini, fugité, partes, 

adverse, vicis. l’eodé, Tribu, Juda, -|- faire le signe de la croix, radix, clavo. »

A travers ces syllabes défigurées et juxtaposées sans nul souci du sens, on reconnaît une des formules de l’exorcisme, empruntée à l’Apocalypse :

« Voici la croix du Seigneur ; fuyez, cohortes ennemies. Il a vaincu, le Lion de la tribu de Judas, le

rejeton de David. »

Au verso d’une reproduction de la statue de Notre-Dame de Lourdes, se lit le texte suivant :

« Enfants de France ! 
« Acceptez cette image représentant la statue de

la sainte Vierge qui a pleuré il y a cinq ans à Bordeaux et annoncé la guerre actuelle.

« Elle vous ramènera dans vos foyers.
« Récitez trois Ave Maria chaque jour pour obtenir le salut de la France et le triomphe du SacréCœur par Notre-Dame-des-Pleurs.
« La Sainte Vierge prie ses enfants qui reviendront sains et saufs de cette guerre d’envoyer leur

témoignage à l’adresse ci-dessous pour sa Glorification. »

Marie Mksmin, '26, bo.ilevard du Bougeât, 20, Bordeaux.

On voit aisément en quoi ces prières sont superstiiieuses. Le textenest pas, en général, autrement hétérodoxe. Mais on prétend assurer à ces, formules une infaillibilité absolue, et cela dans l’ordre des grâces temporelles. Qui les récite, d’ordinaire selon certaines conditions, se trouve garanti contre tout péril de mort et toute calamité. L'Évangile n’accorde pas à la prière cett toute-puissance. A qui demande Dieu, il promet Dieu et les moyens surnaturels d’y atteindre. A qui demande les biens créés, il laisse espérer les biens créés, dans la mesure où Dieu les juge salutaires pour ce ui qui prie.

Fréquemment, la superstition devient plus grossière par l’addition de certains rites. Ce n’est pas tant la prière qui importe que le mode selon lequel elle est récitée. Célèbres sont les « Chaînes de prières ». Elles sévissaient un peu partout avant la guerre. La plupart des Semaines diocésaines contiennent là-dessus des condamnations épiscopalcs, d’ailleurs trop impuissantes. La guerre dev- il leur donner une vogue nouvelle. En voici un exemple :

Keuvaine.

« Oh l Jésus, je viens implorer de vous secour ?.

Cœur de Jésus, sauvez la France.