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SUGGESTION

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finies que nous en avons l’idée vraiment positive, directe et adéquate). La seconde formule explique la première, le « procédé dénégation » ne sert qu'à faire sortir son plein et entier effet au « procédé de transcendance », et ce serait une erreur profonde que de prendre ces expressions négatives à la lettre et absolument. Nous revenons au même point que tout à l’heure : l’Absolu est inconscient, à force, pour ainsi parler, d'être conscient ; c’est tellement de la conscience que ce n’en est plus — entendez : que ce n’est plus notre conscience, limitée et imparfaite, accidentellement liée au discours mental aussi. Et l’on pourrait en dire autant, après tout, de la volonté et de l’intelligence, de l’intelligence en particulier, car c’est elle qu’affecte directement en nous (la conscience seulement par ricochet) le caractère discursif. Et pourquoi pas aussi, par conséquent,.suywaintelligence s up.- « volonté *?

Il faut donc, et en deux mots, choisir entre inconscience tout court, inconscience absolue — auquel cas je maintiens que supraconscience n’a pas plus de raison d'être que suprablictri, comme eut dit Malherbe, ou suprafîtziputzli, comme eût dit Schopenhauer, ou supra-n 'importe quoi —, et entre inconscience relative — auquel cas supraconscience retrouve son bien-fondé, mais pour désigner précisément le summum de la conscience, la conscience parfaite, la conscience absolue, car c’est cela que veut dire ici inconscience relative. Il faut choisir entre les deux, disions-nous, car il saute aux yeux que ces deux acceptions s’entre-détruisent réciproquement. C’est l’une ou l’autre, ce ne peut être l’une et l’autre à la fois. Le malheur est que FL.rtmann, on s’en est rendu compte tout à l’heure, ait véritablement l’air de vouloir les unir malgré to it dans une synthèse impossible.

h Nous pouvons définir cette intelligence incons(.' nte, qui est supérieure à toute conscience, comme uns intelligence supraconsciente. Par là s'évanouissent les deux objections précédentes contre l’inconscience de l’Un-Tout » ou de l’Absolu. — Non, vous ne pouvez pas définir cette intelligence inconsciente, telle que vous l’entendez, une intelligence sH^raconsciente. Par là s'énonce la plus formidable objection que l’on puisse élever contre l’inconscience de l’Absolu.

8. Conclusion. — En résumé, aucun des arguments mis en ligne par Hartmann ne réussit i°à établir sa thèse. Si la vieille objection des panthéistes, empruntée à la prétendue impossibilité d’un Absolu personnel, la laisse par trop caduque, les considérations tirées du fait de l’inspiration artistique et du rapport de la pensée à l’organisme ne parviennent pas à la rendre plus solide ; ce n’est pas enfin l’antériorité logique de l’idée sur la conscience qui y pourrait rien changer, tout au contraire puisque, examinée de plus près, elle aboutit même à mettre dans une plus vive lumière que jamais la nécessité, à l’origine des choses, d’une Pensée absolue qui se pense actuellement elle-même, c’est-à 1. Hartmann admet l’intelligence dans ! l’Absolu, par cette raison qu’une volonté sans intelligence est incompréhensible : mais une intelligence sans conscience l’est-elle moins ? Que cette intelligence soit une intelligence « éminente », dont nous ne pouvons nous faire d’idée positive (i. e. adéquate et directe — cf. note précéd.), soit : mais nous dirons alors que sa conscience » issi est une conscience éminente, dont nous ne pouvous pas nous faire d’idée positive non plus. Et pas plus qe l’intelligence en ce cas ne cesse pour cela d'être intelligence, au contraire, la conscience n’en est pas empêchée de rester conscience, au contraire. — On voit à quoi revient, en somma, toute cette fantasmagorie do l’Inconscient.

dire précisément d’un Absolu personnel et conscient. Autrement dit, et 2°, les principales preuves de la Téléologie de l’Inconscient se retournent contre elle ; et on la voit qui achève de se détruire ellemême, lorsque l’Inconscience vient à un moment donné s’y résoudre en supraconscience, à savoir tout l’opposé de l’inconscience même, telle qu’on l’entendait tout d’abord.

Dès lors, ce n’est, au vrai, que par un abus de langage que l’on peut encore parler d’intelligence. Si la « pensée » exprimée dans l’univers (dans l’ordre de l’univers) n’est pas « pour soi » (consciente,

« subjective »), ce n’est plus intelligence qu’on doit dire

à son sujet, mais tout au plus intelligible. Et encore faut-il ajouter que, abstraction faite d’une intelligence qui le conçoive actuellement, et d’une intelligence éternelle, puisque les possibilités qu’il enveloppe sont supérieures au temps, et d’une intelligence infinie, puisque ces possibilités vont ellesmêmes à l’infini, et surtout d’une intelligence consciente, puisqu’elle est identique à l’intelligible qu’elle doitpenser actuellement et qu’ellene peut donc penser de la sorte qu’en se pensant elle-même, — et encore faut-il ajouter qu’autrement cet intelligible n’a plus de fondement assignable que les faits mêmes dont il règle les rapports nécessaires et universels. Mais, outre que les faits sont manifestement au-dessous de cette tâche, les donner pour fondement à l’intelligible ce n’est ni plus ni moins que les ériger en véritable absolu eux-mêmes, et, qui plus est, eux seuls, et, qu’on y prenne garde aussi, en tant que tels, eu tant que faits, en tant que faits de la. matière et de la nature. Autant dire que nous en revenons tout simplement alors à mettre au point de départ de l'évolution la chose, cette chose, ce Ding que Hegel et Hartmann après lui prétendent précisément éliminer de ce rang suprême comme un caput mortuum vide de tout contenu, pour lui substituer l’Idée : c’est une chose, ni plus ni moins, qu’on installe au centre du système, ce ne peut plus être qu’une chose, une chose qui se développe fatalement, suivant une nécessité aveugle, à moins que ce ne soit au gré d’un absurde hasard, produisant ses effets par voie de pure causalité efficiente, sans but, sans finalité quelconque. Autant dire encore que Hartmann est ainsi ramené à la position essentielle du mécanisme matérialiste, dont il instituait pourtant une critique si sévère. Il n’y avait qu’un moyen d'échapper : reconnaître dans l’univers, avec le spiritualisme intégral, l'œuvre d’un Dieu personnel, du Dieu vivant, du vrai Dieu.

H. Dbhovk.


SUGGESTION. —
I. Définition. —
II. Description des phénomènes divers qui correspondent à cette définition. —
III. Intérêt de la question au point de vue apologétique. — Objections du point de vue :

A) de la morale ; — B)de la psychologie. —
IV. Solution par la mise au point des données : A) morales : a) dans la suggestion hypnotique : b) ou vigile : i) autosuggestion ; 2) hétérosuggeslion ; 3) freudisme ; 4) tempérament ; 5) métapsychique ; — B) psychologique : a) a priori ; b) d’après l’expérience. —
V. Conclusion.

I. Définition. — Sous le terme de suggestion, l’on a désigné tous les moyens de déclencher dans un sens déterminé l’activité d’un sujet en lui dissimulant qu’elle est accaparée. Tantôt le contrôle de l’intelligence est supprimé entre l’expression de la volonté qui commande et l’impression de la sensibilité qui 6ubit ; tantôt l’absence de contrôle a lieu entre