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SUBCONSCIENT ET INCONSCIENT

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El ce n est pas d’en appeler avec Sele.hénof à la théorie des rentres d’arrêt qui y changera rien. On BQ rappelle à quoi revient cette explication ou cet essai d’explication : la pensée ou le subjectif » devrait origine à un ralentissement accidentel des processus nerveux. Connue s’il suffisait de ralentir un mouvement pour qu’il devint ipso facto conscient de lui-même I Qu’on dise qu’une certuine durée du counerveux est requise pour qu’il y ait conscience, parce que, autrement, l’excitation n’aurait pas le temps île s’irradier jusqu’au centre cérébral, rien de mieux ; mais il ne s agit là encore et toujours, que d’une condition, non pas d’une cause proprement dite. S’il n’y avait que le courant nerveux et le centre cérébral, sans un principe d’unité par delà pour ainsi ilire. qui recueillit les impressions et se les exprimât à lui-même sous forme de perceptions proprement dites, les excitations auraient beau se pcop jusqu’au centre cérébral et, pour cela, le courant nerveux se prolonger ou se ralentir, le « subjectif » n’apparaîtrait pas plus qu’il ne se formerait v. g. de cliclté au fond d’un appareil photographique, si l’on se contentait d’en retirer l’obturateur, sans y avoir introduit de plaque sensible au préalable. Décidément aussi, cette confusion entre condition et cause représente un des procédés essentiels de la méthode matérialiste. Il arrive mèine qri’elle transparaisse jusque dans les termes, comme lorsqu’on dit v. g. que « ce ralentissement permet à Li conscience de saisir au passage une action qui, trop rapide, lui eût échappé ». — Ilabcmus confitentent… spiritualistam .’Si la conscience peut en user de la sorte à la faveur du dit ralentissement, c’est donc qu’elle existe déjà, et moins que jamais il devient possible qu’elle résulte d’une action réflexe arrêtée.

8. Epipkénomèmisme et matérialisa)*. — Il reste donc bien acquis que l’apparition de la conscience demeure, dans le système, une indéchiffrable énigme. Est-ce pour cette raison que, de guerre lasse, on en fait un « épiphénoméne », accidentel et accessoire ? Mais cela non plus ne peut suffire. Car enfin épiphéne, phénomène additionnel ou collatéral, phénomène siu l’rogaloire ou de surcroit, tant qu’on voudra, encore faut-il en rendre compte ; et ce n’est D rendre compte que de le décorer d’un préfixe iduittout simplemenll’embarras qu’on éprouve à cet égard.

Nous en dirons autant de la formule générale elle-même d’idées-reflets, un des plus beaux spécimens de verbalisme que nous offre l’histoire de la spéculation, ou plutôt l’histoire du matérialisme. Il y a même lieu de relever en celle-ci, à ce propos, une sorte de progression ou de gradation singulièrement instructive, parce que l’impossibilité d’expliquer la pensée par ses conditions organiques s’y manifeste toujours plus éclatante à proportion des efforts successivement tentés dans cette voie.

Au début du xixe siècle, Cabanis, suivi peu après par Brous^ais (sans parler, plus tard, de K. Vogt), avait tout simplement dénoncé dans la dite pensée une sécrétion du cerveau, analogue à celle du sue gastrique par les glandes stomacales ou de la bile par le foie… Il fallut bientôt, on sait pourquoi, faire son deuil de cette élégante comparaison, dontc’était plus que jamais le cas de répéter l’adage connu : « Comparaison n’est pas raison. »

C’e9t alors que le> adversaires du spiritualisme se rejetèrent sur le m >t résultante : la pensée, dirent-ils, est une résultant* des mouvements cérébraux, qui la produisent en se composant, à peu près comme dans le cas classique du parallélogramme de-, forces, les deux forces latérales se composent en une force commune qui a pour direction la diago nale île ce parallélogramme (soit l’exemple, classique

également, des deux chevaux qui tirent la mèm péniche de chaque côté du canal, la péniche se déplace droit devant elle dans l’axe lie celui-ci). Si cette nouvelle formule lit recette beaucoup plus longtemps que la précédente, parce qu’elle avait déjà quelque chose de beaucoup plus raffiné, pour ainsi dire, et qu’avec elle on semblait avoir chance de rejoindre plus aisément la pensée même, il n’était pas possible pourtant que le prestige ne s’en affaiblit pas à la longue ou même ne s’évanouit pas ds tous points : on n’avait guère oublié qu’une « hose, en effet, c’est que la résultante de la mécanique n’a ou n est qu’une unité apparente’. Tout se passe alors comme s’il n’y avait qu’une seule force, égale en quantité aux composantes, rien de plus, comme si, v. g., au lieu des deux chevaux qui tirent la péniche sur chaque berge, il n’y en avait qu’un seul, aussi fort que les deux autres ensemble et qui la tirerait, lui, par le milieu du canal ; ce qui n’est pas, ce qui même, et pour plus d’une raison, ne saurait être le cas. — Bien mieux, ou bien pis (selon le point de vue), cette hypothèse, car c’est une hypothèse (tout se passe comme si…), qui est-ce qui la fait, sinon la pensée, cette pensée même dont elle doit servir à rendre compte, voilà donc encore une fois qu’on se la donne sans plus de façon au propre point de départ de l’explication qu’on s’était engagé à en fournir ! En d’autres termes, il ne faut pas simplement dire, comme tout à l’heure, que la résultante de la mécanique n’a ou n’est qu’une unité apparente ; elle n’a non plus et du même coup ou elle n’est qu’une unité idéale, (tout se passe comme si… oui, pour nous qui sommes capables de faire cette supposition), idéale, c’est à-dire qui à l’instar de toute relation ou de tout rapport, ne se réalise au vrai que dans la pensée qui la conçoit et que conséquemment elle suppose, bien loin de la pouvoir engendrer. La théorie matérialiste n’est pas seulement de ce chef une pétition de principe patente, c’est encore le plus flagrant des cercles vicieux.

Voilà comment, donc, ce second moyen de réduire la conscience à ses conditions physiologiques se trouva démentir lui aussi les espérances qu’il avait paru autoriser d’abord. Nous avons pu nous convaincre au cours de la présente élude qu’on ne réussit pas mieux avec le troisième, quand, à bout de ressources pour ainsi parler, on la traite dédaigneusement d’épiphenomène et qu’on essaie de la supprimer à titre de facteur proprement réel en la ramenant à une simple réverbération ou à un simple reflet de l’activité nerveuse. Comme si, en premier lieu, il y avait en réalité des épiphénomènes, et non pas des phénomènes tout court, également déterminés et déterminants, causés et causants, assujettis les uns comme les autres, dans l’ensemble du moins et au degré de rigueur près, à un même ordre immuable. « L’ombre même qui accompagne les pas du vo3’ageur, at-on dit, est une partie aussi intégrante de l’univers que le voyageur môme, et la conscience de celui-ci n’en fait pas moins partie. » On parle île <> reflets », mais en quoi la lumière réfléchie est-elle moins réelle que la lumière directe etles lois qui régissent l’une moins objectives que celles qui gouvernent l’autre ? en quoi, dès lors, les lois de l’intelligence le céderaient-elles sous ce rapport à celles de l’automatisme ? Et puis surtout, car c’est à quoi nous voulions principalement en venir, est-il possible

1. Se rappeler, pour bi^n le comprendra, à quelle difficulté précisa file levait f’ire face (unité requise pour lapens’e « u pour la conscience, opposé » à la multiplicité caractéristique de la substance matérielle, etc.).