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STIGMATES DE SAINT FRANÇOIS

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moments qui la suivent de près. Mais précisément ces apparitions sont toutes spontanées, non provo- j quées, encore moins contraintes.

A plus forte raison, il est inadmissible que les esprits bons, à la fois tout dépendants de Dieu, ; tout baignés dans sa lumière, tout stables dans la rectitude morale, se commettent avec les humains selon la manière ridicu’e et mesquine propre aux manifestations spirites.

Quant aux esprits mauvais, l’Église ne dit pas que, dans les pratiques spirites, ils interviennent toujours. Elle ne dit pas même qu’ils interviennent souvent, et cela, elle s’abstient de le rechercher. Pour justifier ses sévérités, il suffit qu’ils puissent intervenir.

Que si l’on nous demande dans quelle mesure exacte il faut dire que le démon se mêle aux manifestations spirites et quelles manifestations sont de sa spéciale compétence, nous répondrons que nous n*en savons rien. Mais nous dirons que le spiritisme a tout ce qu’il faut pour être son domaine.

Tout ce qui excite les désirs pour les tromper, tout ce qui jette les âmes dan- ; le désarroi et le doute, tout ce qui les détache des réalités pour les livrer aux chimères, n’est-ce pas ce qui fait excellemment le jeu du Mauvais ? Pas n’est besoin que lui-même opère dans les tentatives spirites. Il y a pu le faire plus fréquemment au début. Nous croyons qu’il le fait rarement de nos jours. I ! lui suffit d’en entretenir, d’en favoriser, d’en déchaîner la passion ou le goût. Que l’Église catholique est sage et bienfaisante de nous dire : « Gardez-vous de ce terrain. Il est marécageux, on s’y enlise. »

Et si l’on considère seulement la multitude des troubles cérébraux amenés par les pratiques spirites, il faudrait savoir gré à PEglisef de veiller à la santé physique et mentale des siens.

/ Bibliographie. — Allah Kardec, Qu’est-ce que le Spiritisme, Paris, iSbg ; Le Livre des Esprits, Paris, 1857 : Le jRvre des Médiums, Paris, 1860. — Arthur Conan Doyle, The Bistory of Spuitualism, Londen, Cassll and Co, 1926. — William Crookes/ Recherches sur les phénomènes du Spiritualisme (trad. Paris, s. d.). — Gabriel Delanne, Le Phénomène Spirite, Paris, 18q3. — Léon Denis, Preuves expérimentales de lu Survivance, Paris, k/io. — Th. Flournoy, Esprits et Médiums, Genève, 191 1. — C.-M. de Heredia, S. J., Spiritism <ind Common Sensé, New-York, 1923. — Paulileuzé, Les morts vivent-ils ? Paris, 1921 ; L’ectoplasme, Paris, 192a ; Où en est la Métap^rchique ? Paris, 1926. — René Guenon, L’Erreur Spirite, Paris, 1923. — Charles Jubaru, S J., Que faut-il penser du Spiritisme : ’Paris, 1925. — Th. Mainage » O. P., La Religion Spirite, Paris, 1921. — A. Matignon, S. J., Les Mails et les Vivants. Paris, 1864. — Charles Richet, Traité de Métu psychique, 2e éd. Paris, 1923. — Lucien Roure, S. J., Le merveilleux Spirite, 5" édit. Paris, 1922 ; le Spiritisme d’aujourd’hui et d’hier, Paris, 1923. — René Sudre, Introduction à la M ètapsy chique humaine, Paris, 1926. — Herbert Thurslon, S. J.. The Foun ders of Modem Spiritualism, dans The Month, febr. 1920 ; A Ne » ffistorr <>f Spiritualism, ibid.. july 1926.

Lucien Rourb.


STIGMATES DE SAINT FRANÇOIS

I. Critique historique, philosophique et théologique.

II. Critique scientifique et médicale.

I. — Critique historiquk, philosophique

ET TIIKOI.OGIQUB

La réalité des stigmates de saint François d’Assise a été attestée par des témoins de premier ordre. Dès le lendemain de la mort du saint, Frère Elib, son vicaire, les a décrits dans une lettre circulaire envoyée à l’Ordre entier. Thomas de Celano, son premier historien, a raconté le miracle dans les trois ouvrages qu’il a consacrés) à la biographie du saint (dans la Vie du Saint, dans la seconde et dans le Traité des miracles nouvellement publié). Frère Léon, son confesseur, en a également affirmé, à trois reprises, l’existence et la vérité (dans la Vie écrite par les trois compagnons, dans une note ajoutée de sa main à la bénédiction de saint François et dans une conversation avec Salimbene). Enfin, saint Bonavbnture a résumé ce qu’avaient dit ses devanciers, dans une narration que l’Eglise a adoptée pour la fête de l’Impression des Stigmates.

Je vais rapporter leurs paroles sur le sujet qui nous occupe. Ou je me trompe beaucoup, ou, à elles seules, ces paroles permettront de reconnaître des hommes émus, il est vrai, de la grandeur du fait qu’ils racontent, mais inspirant confiance par une entière et saine possession d’eux-mêmes.

« Ses mains et ses pieds, dit Celano, apparaissaient

percés de clous au milieu. La tête de ces clous était à l’intérieur des mains et à la partie supérieure des pieds. Ronds dans l’intérieur des mains, ils s’atténuaient en dehors, et leur extrémité était repliée, comme si elle avait été rabattue au marteau. Il en était de mi’me pour les pieds. »

Et l’auteur revient sur le même sujet pour dire l’effet produit par les stigmates, quand, après la mort du saint, ils furent exposés aux regards :

« C’était merveille de voir au milieu des mains et

des pieds, non pas des perforations opérées par des clous, mais ces clous eux-mêmes formés de sa chair et cependant noirs comme du fer. Ils n’inspiraient pas d’horreur à ceux qui les regardaient ; au contraire, ils apportaient au cadavre beaucoup de beauté et de giàce, comme font des losanges de marbre noir dans un pavage de marbre blanc. »

Que pense le lecteur de ces descriptions ? Sont-elles assez précises ? Ont-elles assez de fermeté et de relief ? On a dit de Victor Hugo qu’il avait les yeux avides et perçants. Il a, en effet, écrit un livre qu’il a intitulé : Choses vues, où les narrations embrassent et peignent au vif jusqu’aux plus petits détails. Celano avait de ces yeuv-là.

Une observation aussi exacte eût convaincu, je pense. Mais nous avons plus. Aux regards prolongés, les témoins ont joint une véritable expérimentation, qui impressionnera jusqu’aux plus difficiles.

« A la mort du saint, dit Celano, toute la ville

d’Assise se précipita à la Portioncule. On voyait enfin les stigmates. C’étaient des clous formés de la

1. L’urlicle de M. l’abbé Le Monnier, comp< s « il y a plus de vingt ans pour le Dictionnaire Apolo^itique, fut publié dès septembre 1907 par tes Etudes.On y retrouve 1 éminent historien de saint François d’Assise. Nous reproduisons cet article avec quelques coupures ou transpositions. Mais depuis la mort d « l’auteur, l’aspect technique de la question a changé. M. le docteui -Van der Blit a bien voulu accomplir une mise au point, dont nous lui somme* très reconnaissants.

lN. D. I. D.).