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SOURCIERS (BAGUETTE DES)

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moyen d’un tube ; ce cornet acoustique permettrait d’entendre le iiruil de l’eau qui coule.

3) Procédés hygrométriques. — On creuse un trou profond d’une trentaine de centimètres au fond duquel se place un vase renversé dont les parois ont été huilées. On le recouvre avec des branches, des feuilles, de la terre. S’il y a de l’eau dans le soussol, on retrouve le lendemain matin des gouttes d’eau condensées sur les parois du vase.

En Italie, on met au fond d’un plat vernissé 150 gr. de chacune des substances suivantes : soufre, vert-de-gris, chaux vive, encens blanc ; s’il y a augmentation de poids le lendemain matin, il y a de l’eau dans le sous-sol.

Tous ces procédés, employés isolément, sont assez peu précis et on en est encore à creuser des puits au hasard.

/i) Haguette et pendule des sourciers. — La baguette des sourciers se compose le plus souvent d’un fourchu, c’est-à-dire d’un V en chêne, en un bois quelconque ou en métal ; elle est tenue la pointe à 45" au-dessus de l’horizon.

Chacune des branches passe entre le médius et l’annulaire de chaque main pour ressortir entre le pouce et l’index, les paumes étant tournées vers le ciel.

Les branches du V sont fortement courbées de manière à former ressort, de sorte que le moindre mouvement des mains peut changer la position d’équilibre ; les bras, les avant- liras et la main forment un levier rigide et le plus souvent les bras touchent le thorax et sont fortement appuyés sur lui.

Les choses étant ainsi disposées, le sourcier s’avance lentement et lorsqu’il passe au dessus d’un courant d’eau souterrain, la pointe du fourchu remonte vivement en s’inclinant vers le thorax.

Le pendule se compose simplement d’une masse pesante quelconque, une montre par exemple, suspendue par une chaîne métallique ou une ticelle de chanvre que l’on tient entre le pouce et l’index ; l’avant-bras fait un angle de 90 avec le bras, le coude est au contact du ihorax : le pendule oscille au-dessus du cours d’eau souterrain.

Pour les uns, le plan d’oscillation se confond avec l’axe du cours d’eau ; pour les autres, il fait un angle variable avec cet axe, mais constant pour chaque sujet.

Ceci posé, il s’agit de voir les résultats obtenus.

III. — RESULTATS

Les expériences dont je vais parler ont été faites en Tunisie par M. Landesque, conducteur des Ponts et Chaussées ; elles ont été vériliées par ses chef- et par des ingénieurs des Ponts et Chaussées ; quand il s’agissait de source, des forages ont été faits ou des puits ont été creusés, et nous possédons les indications très précises des couches successives de terrains trouvées, avec leur épaisseur.

J’ajoute que M. Landesque n’est pas un sourcier professionnel, que c’est par hasard qu’il s’est d< couvert cette qualité, que non seulement il ne croyait pas aux sourciers, mais déplus il avait contre eux de si fortes préventions qu’il n’avait pas l’intention de poursuivre ses premières expériences.

C’est sur mon conseil, lorsque je lui ai dit que ces sortes de recherches présentaient le plus vif intérêt pratique, qu’il a consenti à braver l’opinion publique peu favorable ; il n’a du reste pas eu à le regretter, comme on le verra plus loin.

M. Landesque emploie tantôt la baguette, tantôt le pendule,

[_^Ceci posé, je laisse la parole à M. Landesque.

Tout ce qui est inarqué par des guillemets est emprunté au compte rendu de ses expériences, faites en Tunisie sous le contrôle de ses chefs ou de personnes dont il [lossède le témoignage.

Détermination de lu direction et du sens d’un courant. — « J’ai remarqué que la trace horizontale du plan des oscillations de mon pendule avait toujours la même direction par rapport à la direction du courant. Cette trace du plan des oscillations fait toujours un angle de 7.S grades (20 ! i minutes) à gauche, avec la direction du courant ; mais suivant les observateurs, elle est perpendiculaire, fait un angle ou se confond avec cette direction. L’aiguille aimantée donnant la direction du Nord avec une déclinaison variable selon le lieu où l’on se trouve, il n’est pas étonnant que le lil à plomb donne la direction d’un courant d’eau avec une déclinaison variant suivant les individus. Je crois que la comparaison peut être admise sans difficulté. Quant au sens d’un courant, il m’est donné au moyen de la baguette ; la présence d’un courant étant, au préalable, reconnue, je détermine sa direction au pendule, je parcours ensuite ce te direction à la baguette : si je suis influencé, c’est que je remonte le courant ; si je ne subis aucune influence, c’est que je me dirige dans le sens descendant.

« La connaissance du sens d’un courant permet

de le remonter ou de le descendre et d’arriver au point où son débit est maximum. Dans cette détermination du sens d’un courant, l’emploi de la baguette et du pendule se complètent heureusement, l’avantage restant au pendule. Dans eerta nés régions où les puits d’eau douce sont très raies, il est facile, par l’indication de direction.de suivre les courants qui les alimentent et de faire creuser sur ces courants les puits que l’on voudra, avec des chances pour que l’eau soit bonne : on n’en sera pas absolument sûr, car ce courant d’eau douce peut traverser, au point où l’on creuse, un courant d’eau de mauvaise qualité qui viendra alimenter le puits. Dans oe cas, l’eau que l’on rencontre en premier lieu est douce ; par différence de densité elle se place au-dessus de l’eau salée, mais en poursuivant les travaux, on opère le mélange sans ponvo r l’éviter J’ai f. i t cette remarque pour la première fois lors du forage d’un puits à Sidi Bon Ali. près de Sous-e : « ns-itôt que l’eau a été atteinte j’ai fait prendre un échantillon, elle était excellente, le lendemain soir, après une nouvelle journée de travail, l’eau était franebemei t salée.

1 Dans d’autres cas, les courants d’eau douce côtoient de si près des courants d’eau salée qu’un puits creusé sur les premiers reçoit les eaux des courants voisins. J’ai constaté le fait dans un puits où coulaient, au même niveau, deux sources bien distinctes dont l’une était salée et l’autre douce.

Détermination de lu profondeur d’un courant. —

« J’ai constaté qu’en me plaçant sur une conduite

d’eau de profondeur connue, la zone dans laquelle l’influence du courant agissait sur le fila plomb ou sur la baguette, avait une largeur égale à deux fois la profondeur de la conduite dans le sol.

« Des expériences faites sur des puits dans lesquels

je connaissais la profondeur à laquelle arrivait l’eau m’ont confirmé les résultats trouvés sur les conduites

« On peut donc déduire de ces résultats le principe

suivant : La profondeur d’un courant d’eau souterrain est égale à la demi-largeur de la zone dans laquelle l’opérateur est influencé par le courant. Mais il faut la condition suivante, c’est que la section du cmirant d’eau soit réduite à un point, c’est-à-dire qu’il n’ait pas de largeur appréciable.