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SLAVES DISSIDENTES (EGLISES)

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Bogomiles, qui se propose de réveiller le sentiment religieux. Les chefs sont des gens sans culture, et les pires errements sont à craindre. Certains ont déjà enseigné la quaternité en Dieu. On est étonné de voir les évoques garder une neutralité bienveillante à leur égard. Cf. Rogochitch, ibiJ. Le rapport auquel nous empruntons ces détails, rédigé par une plume catholique de Yougoslavie, a été déclaré objectif, documenté et complet, basé uniquement sur des documents d’origine pravoslave, par un publiciste serbe, qui a fait remarquer, à cette occasion, la triple cause de la décadence de l’Eglise serbe : i° Le principe du fédéralisme, qui est à la base de l’organisation de l’Eglise orthod >xe orientale : autant d’Etats, autant d’Eglises indépendantes ; donc, manque d’unité, parce qu’il n’y a pas de chef unique ; a° la forme démocratique de l’organisation intérieure de l’Eglise serbe : « le meilleur patriarche n’a pas l’autorité du pire des papes, parce qu’il n’est pas infaillible. L’infaillibilité est une condition aussi nécessaire de l’autorité dans le spirituel que l’hérédité dans le temporel » ; 3° la dépendance absolue de l’Eglise serbe à l’égard de l’Etat. Polititcheski Glasnikde Belgrade, n° 3^, du 15 février 1926. Cf. L’Union des Eglises, n° 18 (mai-juin, 1926), p. 74-75.

Bibliographie. 1. Sur l’histoirr db l’Eqlise serbe.

— Farlati, Illyricum sacrum, 6 vol., Venise, i^511770 ; A. Thbiner, Monumenta historiæ Slavorum meridionalium, t. 1 et 11 ; C. Jirkchbck. Geschichte der Serben, 2 vol., Gotha, 1911-1918 ; Douchitch, Histoire de l’Eglise serbe orthodoxe (en serbe), Belgrade, 1894 ; Miklosich, Monumenta serbica, Vienne, 1858 ; Fbumkndgiu, Starina, t XXV (Recueil de documents anciens) ; Jbvcebig Popovitch, Essai d’histoire ecclésiastique (en serbe), 2 vol., Carlovitz, 1912 ; J. Markovitch, Gli ed i Papi, 1. 1, p. l-641 t. 11, p. 305-56o, Zagreb, 1897 (étudie spécialement les relations des Serbes avec le Saint-Siège ) ; A. d’Avril, La Serbie chrétienne, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1896 ; P. Balan, Délie relazioni (ra la Chiesa cattolicae gli Slavi, Rome, 1880 : Radich, Die orthodox-orientalischen Particular-Kirchen in den Land.’rn der ungarischen Kronc, Budapest, i<jo6 ; Nilli-.s, Symbolæ ad illustrandam historiam Ecclesiæ orientalis in terris coronæ sancti Stephani, 2 vol., Inspruck, 1885 ; J. Bois, Eglise de Carlovitz, article dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. II, col. 170/11776 ; A. Palmibri, article Bosnie-Herzégovine, dans le Dictionnaire de Théologie catholique, t. II, col. lo35-Io5ç|i ; A. Ratbl, L’Eglise serbe orthodoxe de Dalmatie, dans les Echos d’Orient, t. V (1902), p. 3Ô2-375 ; Martini, // Monténégro, Rome, 1897 ; E. Goudal, L’Eglise de Serbie, dans les Echos d’Orient, t. X (1907), p. 235-a44.

II. Sur la situation actuelle de l’Eglise serbe.

— R. M. Grouiitch, L’Eglise serbe orthodoxe (en serbe), Belgrade, 1921 ; N. Gkorgevitch, Die Selb*tdndigkeit der serbischen Kirche, Carlovitz, 1922 ; A. Hudal, Die serbisch-orthodoxe National Kirche, Graz et Leipzig, 1922 ; R. Janin, Les Eglises orientales, Paris, 1922, p, 272-320 ; J. Ivanovitch. Statuts du patriarcat s(-rbe (traduction française et commentaire), dans les Echos d’Orient, t. XXI (1922), p. 186-202. R. Rogociiitch, /.Eglise serbe (en slovène), dans les Acta priiui eoaventus pro studiis orientalibus an. 1926 in urbe /.iubliana relcbrati, p. 1 46-1 58. Sur la vie intérieure des divers groupes ecclésiastiques serbes de 1898 à 1 os jours, voir les chroniques parues dans les Echos l’Orient. Voir aussi Silbbrnagl-Scii ! iitzbr, Ver fassung und gegennùrtigr Besland sàmmtlichen Kirchen des Orients, Ratisbonne, 1904.

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L’ÉGLISE RUSSE

1. Coup d’uil sur l’histoire de l’Eglise russe. — 11. L’orthodoxie russe et l’orthodoxie grecque. — III. L’Eglise russe comparée à l’Eglise catholique. — IV. Situation actuelle de l’Eglise russe.

I. Coup d’œil sur l’histoire de l’Eglise russe.

— Il nous est impossible de raconter ici, même en abrégé, l’histoire de l’Eglise russe. Nous nous contenterons d’indiquer les grandes divisions et les faits les plus saillants de cette histoire, et de marquer ensuite les caractères généraux du christianisme russe. Disons un mot, auparavant, d’une question qui passionne depuis longtemps les apologistes, tant du côté catholique que du côté « orthodoxe ». Cette question est celle-ci : « La Russie chrétienne est-elle née catholique, ou a-t-elle commencé dans le schisme ? » Considéré en lui-même, le problème a beaucoup moins d’importance qu’on ne semble vouloir lui en attribuer ; mais il est toujours intéressant d’élucider un point d’histoire, dans la mesure où il peut l’être.

Les Russes l’ont leur apparition dans l’histoire durant la seconde moitié du ix* siècle. Ils habitent les bords du Dnieper et ont Kiev pour capitale. Ils sont constitués par le mélange de deux races différentes : une minorité de Varègues (les Bos ou Varangiens des historiens grecs), aventuriers normands venus de la Scandinavie, et une masse slave, qui est le fond de la population. Ce sont les Varègues qui gouvernent, et fournissent la première dynastie. Deux princes varègues, établis à Kiev, Askold et Dir, font une première descente à Constanlinople, en 860. La ville n’échappe aux barbares que par la protection visible de la Mère de Dieu. Voir l’homélie prononcée par Photius, à l’occasion de cette délivrance, dans Aristarchi, $6>tisu /oyoi y.y.’i bftùleu, Constantinople, 1900, t, II. p. 30-07. Cf. aussi Théophane continué, 1, IV, 33, P. G., t. CIX, col. 212 A ; Symbon Logothbtb, Chronique, 1. V, 21, P. G., t. CX, col. io53. En 867, lemème Photius, dans sa fameuse Lettre encyclique aux Orientaux, P. G., t. Cil, col. 736737, nous apprend que les Russes (t » P « ;) ont embrassé le christianisme, et obéissent à un évêque venu de Constantinople. Ce témoignage est confirmé par le Continuateur de Théophane, loc. cit., et 1. V, 76, ibid.y 360, qui ajoute que la conversion eut lieu à la suite d’une ambassade envoyée par les barbares à Constantinople, après leur défaite de 860 : Basile le Macédonien conclut un traité avec eux, leur persuada de se foire baptiser, et leur envoya un archevêque, qui avait été ordonné par Ignace, *cà y.pyjzT.(ix.oT.w Tiv.pv. ts j Tta" : piv.pxov IyvaTi’iJ t/, v j/etperovCav ôtÇ&./ievw SéÇccrôai Tta/jMxeùowt », C’est la première mention de l’introduction du christianisme chez les Russes, et il faut loyalement reconnaître que l’événement se produit en plein schisme photien, entre les années 860-867. Sans doute l’archevêque qui est envoyé aux Kiéviens a reçu l’ordination du patriarche Ignace, mais il est en communion avec Photius. Les longues considérations du P. Verdière pour établir que c’est Ignace qui a envoyé l’évêqueen question manquent de fondement. Vehdikrb, Origines catholiques de l’Eglise russe jusqu’au XII’siècle, dans Etudes de théologie, de philosophie et d’histoire, t. II (18.">7), p. l33-304 ; voir spécialement, p. 149- 161. Comment s’opéra cette première conversion des Russes de Kiev, et quelle en fut l’étendue, nous l’ignorons complète-