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SLAVES DISSIDENTES (ÉGLISES)

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qu'à demi les désirs du prince : au lieu d'établir du premier coup une hiérarchie détinitive, il se contenta d’envoyer d’abord en Bulgarie, à litre provisoire, les deux évoques Formose de Porto et Paul de Populonia, puis deux autres évêques avec des prêtres. Formose put librement organiser la nouvelle Eglise. Les prêtres de l’intrus Photius furent chassés, et l’on recontirma ceux qu’ils avaient contirmés avec le chrême béni par le schismatique : ce qui ne contribua pas peu à l’exaspérer. Partout le rit latin fut substitué au rit grec. Rome reprenait ainsi possession de l’Illyricum. Mais ce ne fut pas pour longtemps.

Boris s'était pris d’affection pourl'évêque de Porto, et il voulut l’avoir pour archevêque. Nicolas I er se vit obligé de le lui refuser, parce que Formose était déjà pourvu d’un siège, et que le transfert d’un évêque d’un siège à un autre était prohibé par un canon du concile de Sardique. Il était, en effet, fort délicat pour le pape de passer par-dessus cette législation, attendu qu’il en avait appelé aux canons de Sardique pour blâmer l'élévation précipitée du laïc Photius au suprême degré du sacerdoce. Boris réclama ensuite le diacre Marin ; on le lui refusa également. Très mécontent, le prince profita de la réunion du huitième concile œcuménique quatrième de Constantinople (869-870), pour faire régler définitivement la situation de l’Eglise bulgare. La question fut examinée dans une réunion extra-conciliaire, à laquelle assistèrent l’empereur Basile I er, les légats du pape, le patriarche Ignace, les légats des trois patriarches orientaux et les députés bulgares. Malgré les protestations des légats du pape, les Byzantins décidèrent que l’Eglise bulgare devait relever du patriarcat de Constantinople, parce que la Bulgarie avait autrefois appartenu au basileus grec. Les Bulgares se laissèrent convaincre. Boris expulsa les missionnaires latins et les remplaça par l’archevêque Joseph et les dix évêques que lui envoya le patriarche Ignace (870). Le pape Jean VIII (872-882) employa toute son énergie et toute sa diplomatie à faire revenir les Byzantins et les Bulgares sur cette décision. S’il parut un moment (880) obtenir gain de cause auprès des Byzantins, il perdit sa peine auprès de Boris, qui ne voulut rien entendre.

Du reste, le clergé grec lui-même fut bientôt congédié. En 886, se réfugiaient en Bulgarie les nombreux disciples de saint Méthode, chassés de Moravie. Les principaux étaient Gorazd, Nahum, Clément, Sabbas et Angelar. Boris les reçut à bras ouverts ; et comme la population de son royaume était en majorité slave, il prolita de cette occasion pour introduire la langue et la liturgie slavonne constituées par saint Méthode. Gorazd et après lui Clément reçurent le titre d’archevêque de Bulgarie. Sous le successeur de Boris, Syméon (893-927), la nouvelle Eglise prospéra. Les relations avec Rome et Byzance s’améliorèrent et se régularisèrent peu à peu. Déjà avant 92.' ! , le pape avait octroyé à Syméon le titre de tsar, équivalent d’empereur et de basileus, et à l’archevêque de Bulgarie celui de patriarche, comme l’aflirme le roi bulgare Caloian dans sa lettre au pape Innocent III, datée de 1202. J. Assemani, Calen luria Ecclesiæ universae, Rome, 1755, l. III, p. iô|-i r >7 ; t. V, p. 171-174 ; Theinm, Monumenta hislorme Slavorum meridionalium, 1. 1, p. 15, 20. Ce fut aussi une légation romaine qui apporta la couronne impériale au successeur de Syméon, Pierre (927-969). En 9^0, la cour de Byzance reconnut à son tour le titre de tsnr au souverain bulgare, et celui de patriarche à l’archevêque Damien. A partir de cette date jusqu'à la destruction de l’em Tome IV.

pire bulgare par l’empereur byzantin Basilell (ioii|), les relations de la Bulgarie avec le Saint-Siège paraissent avoir été à peu près nulles, sans qu’on puisse parler, du reste, de schisme proprement dit. Il ne faut pas oublier que la papauté traversait alors la période la plus triste de son histoire.

Avec son indépendance politique, la Bulgarie perdit son autonomie religieuse. Le premier patriarcat bulgare, qui avait changé sept fois de siège par suite des vicissitudes politiques, avait été fixé en dernier lieu à Ochrida. Ce fut là que Basile II établit le centre du nouvel archevêché gréco-bulgare autonome, incorporé à l’Eglise byzantine. Il dura sous ce titre de 1020 à 13g3, et subit bien des transformations. L’une des plus importantes eut lieu à la suite de la reconstitution du royaume bulgare (i 1 861393) et de la création du second patriarcat bulgare, dont le siège fut Tirnovo (1204-13g3). Comme ceux du x » siècle et pour des motifs identiques, les prince » bulgares du xm « siècle se tournèrent vers Rome en vue d’en obtenir pour eux la couronne impériale et pour leur Eglise l’autonomie religieuse. Après des négociations assez laborieuses, le pape Innocent III accorda l’une et l’autre, en 120^. Caloïan fut reconnu roi de Valachie et de Bulgarie, et Basile de Tirnovo reçut une juridiction tout à fait patriarcale. Le tout lui payé par l’union officielle à l’Eglise romaine, union bien fragile, qui était déjà rompue en 1232 et que renoua pour quatre ou cinq ans le patriarche Joachim, en adhérant au second concile de Lyon en compagnie du patriarche de Constantinople Jean Beccos (1277). En 13g3, les Turcs s’emparaient du petit royaume bulgare qui subsistait encore, et le patriarcat de Tirnovo disparaissait en même temps. L’Eglise bulgare retombait sous la juridiction religieuse des Grecs. L’archevêché autonome d’Ochrida, qui existait toujours, reçut le titre de patriarcat à partir de 1393, et dura jusqu’en janvier 1767, époque où il fut incorporé au patriarcat de Constantinople. Bien avant cette date, la population bulgare avait eu à se plaindre des excès nationalistes et de la tyrannie des Phanariotes. A partir de 1767, leur joug s’appesantit, et devint bientôt intolérable. On voulut helléniser à toute force un peuple qui, malgré l’asservissement, n’oubliait pas le passé et gardait le sentiment de sa nationalité. Dans la liturgie et l’enseignement, le grec ancien fut partout substitué au slave. Les évêques envoyés de Constantinople déployaient un zèle barbare à détruire tout monument de l’ancienne littérature bulgare. Seul le bas clergé, choisi dans la population, restait Adèle à l’alphabet slavon.

Les Grecs poussèrent si loin leurs mesquines vexations, qu’au début du xixe siècle quelques patriotes bulgares commencèrent contre eux une offensive sur le terrain littéraire. Par le livre et l'école, ils réussirent en quelques années à réveiller partout la conscience nationale. Leur succès fut si rapide et si éclatant que, dès 1860, les Bulgares se crurent en force pour engager la lutte contre le patriarcat œcuménique et réclamer de lui des réformes radicales dans l’administration des diocèses où la population bulgare se trouvait en majorité. Cette lutte fut longue et tenace, traversée d’incidents variés ; car il s’agissait, pour chacun des partis en présence, de gagner à sa cause le gouvernement du Sultan, dont les Bulgares, comme les Grecs, étaient les sujets, et de qui tout dépendait en dernier ressort. Enfin les Bulgares l’emportèrent.

Un Grman impérial, daté du 27 février — Il mars 1870, créait un exarchat bulgare indépendant du patriarcat œcuménique, tout enstipulant que le nom du patriarche serait mentionné à la messe. Le pa 43