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SÉMITIQUES LES RELIGIONS)

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tel même dans l’ordre des connaissances purement humaines, l’Eglise, elle, l’a précisément reçu de son divin Fondateur, en tout ce qui se rapporte à la vérité révélée, avec toutes les applications pratiques que celle-ci entraîne, pour employer la formule consacrée des théologiens, « en tout ce qui touche la foi et les mœurs » '. Et il n’est point de pnissanee.au monde, connue chacun sait, qui enchaînera jamais sur les lèvres cetie parole de vie.

Ce serait sans doute abuser de l’attention du lecteur que de reprendre cette seconde thèse dans toute son ampleur doctrinale. Qu’il nous permette de ne la considérer pour le moment que sous un angle spécial, celui-là même que commande notre sujet, en montrant, d’un mot, l’appui nouveau, et combien plus solide encore, si l’on peut dire, qu’elle apporte aux droits des pères et mères de famille, en face des envahissements toujours à craindre — et plût au ciel qu’ils lussent seulement à craindre ! — du côté des pouvoirs politiques.

Nous avons eu occasion de le signaler, ce qui rend ces droits particulièrement inviolables, c’est qu’ils sont chez les parents mêmes l’autre aspect et comme la bienheureuse contrepartie, la compensation providentielle des obligations, des lourdes obligations qui leur incombent en qualité de chefs d’une famille. Or, dans l’ordre surnaturel où il a plu à la libéralité inlinie de Dieu de nous appeler, la première de toutes ces obligations est de faire de leur.s enfants des chrétiens et de les élever pour le ciel. En les présentant nu baptême, ils ont solennellement reconnu le droit de Jésus-Christ sur eux, avec cette maternité de l'Église dont il vient d'être question. Et il ont pris du même coup l’engagement formel, engagement irrévocable, engagement sacré à tous les titres, de se conformer à ses prescriptions et à ses directions en tout ce qui intéresse leur avenir éternel. Cf. M. Liheratoke, L’Eglise et VEtat dans leurs rapports mutuels, pp. 436, sq. de la trad. fr. (Paris, Société gén. de lihr.cath., 1877).

On vient de parler du baptême : tnais c’est plus haut encore qu’il faut remonter, jusqu’au mariage, lequel pour les chrétiens n’existe qu’avec le sacrement et par le sacrement. En instituant celui-ci, Jésus-Christ a pris possession de la famille ; il a, d’uno certaine manière, fait des époux dont i ! sanctifie l’union, ses propres ministres et les auxiliaires de l’Eglise à l'égard de leurs enfants. Voilà pourquoi, lorsqu’ils les présentent au baptême, les parents les reçoivent de l'Église avec la charge de pourvoir, sous le contrôle de l'Église même, à leur éducation chrétienne. Et ainsi cetteéducation surnaturelle elle-même, qui appartient premièrement à l’Eglise, appartient-elle aussi aux parents, à litre secondaire sans doute, mais pourtant essentiel ; à titre secondaire, puisque ce n’est qu’une extension les droits et devoirs de l’Eglise et comme une délégation de celle-ci ; à titre essentiel pourtant, attendu que cette participation à l’autorité de l'Église résulte de la constitution même de la famille chrétienne, fondée encore une fois, sur le sacrement de mariage 2.

Mais ne l’oublions pas, si par là même les devoirs des parents chrétiens sont devenus plus étendus et plus impérieux, leurs droits se sont, en revanche, affermis et amplifiés dans la même mesure. Moins

1. Entendant d’ailleurs cel’e formule dans son sens le plus comprélicnsif, c’est-à-dire v inclus le droit de contrôle sur les connaissances naturelles qui s’y rapportent n leur loin-, et pour autant qu’elles s’y rapportent, etc.

'I. H’iiprès uno conférence inédi’e de M. le professeur Quii.i.ipt (S. G. Mgr l'Évêque de Lille) a. la Faculté catholique de droit, mars 1888.

que jamais, en effet, quand Dieu et l’Eglise se mettent ainsi de moitié avec eux dans les prérogatives qu’ils tiennent de leurs augustes fonctions de père et de mère, il n’appartient à personne ici-bas d’y porter aucune atteinte. Et par là-même, lorsqu’ils disputent l'âme de leurs enfants aux entreprises d’un pouvoir sectaire, c’es l'Église, c’est Dieu même qui, dans ce combat acharné, interpose en leur laveur son autorité souveraine : ce n’est plus seulement leur droit proprement dit qu’ils défendent, c’est le droit même de Dieu et de son Église, c’est le droit de Dieu et de son Église en eux, c’est le droit de Dieu sur eux et sur les chères âmes dont Dieu et son Eglise leur ont confié le dépôt doublement sacré. Quelle noble et sainte fierté, quel courage invincible la conviction de cette vérité capitale peut leur mettre au cœur, c’est ce qui se comprend de soi.

Conclusion. — S’il paraissait à l’un ou à l’autre que la part fût laissée trop large dans cette étude à la théorie pure et aux principes absolus, nous répondrions qu’aune époque qui nous fait des transactions et des accommodements une dure nécessité on ne saurait affirmer la vérité avec assez (l’intransigeance. Hélas ! il en faudra toujours, en pratique, trop rabattre et trop céder après coup. Et de l’affirmer avec intransigeance, n’est sans doute pas l’un des moyens les moins ellicaces d’en rabattre et d’en céder le moins possible.

En écrivant ces dernières lignes, nous pensons en particulier à l’admiiable jeunesse qui se dépense avec tant d’ardeur dans nos œuvres de combat et de propagande. Est-ce nous flatter, que d’espérer qu’elle trouvera dans les pages qui précèdent de quoi se documenter solidement sur l’une des ques tions vitales de l’heure présente ?

Qu’elle ne néglige aucune occasion, en tout cas, de redire un peu partout ces vérités salutaires, assurée au surplus de rencontrer au fond des cœurs le plus fidèle écho. Ce n’est pas pour rien que quinze siècles de christianisme ont passé sur l'âme française : on a beau s’ingénier et s’efforcer, de haut en bas comme de bas en haut, on ne réussira jamais à les effacer de notre histoire. Et, Dieu merci, il en reste encore quelque chose, il en reste même beaucoup. A nous de savoir en profiler, à nous de faire vibrer cette vieille fibre chrétienne et catholique qu’on n’arrachera jamais, redisons-le, du cœur de la France, fille aînée de l'Église, baptisée à Reims.

Souvenons-nous toujours du célèbre mot de Montalembert, il résume tout l’esprit de ce travail, sinon, d’une manière, ce travail lui-même : « Dieu et notre droit. »

H. Dkiiovk.


SÉMITIQUES (LES RELIGIONS). — I. Considérations générales. — 11. Les dieux. — III. I.e pur et l’impur. — IV. Choses, lieux et temps sacrés. — V. Personnes sacrées. — VI. Culte, sacrifices. — VII. les morts. — VIII. Diffusion <t influences étrangères. Syncrétisme.

I. Considérations générales.

1" Définition. — Cette étude a pour objet d’exposer, au moyen des documents dont les travaux des spécialistes 1e cessent d’augmenter rapidement le nombre, les idées que les Sémites se faisaient de la divinité, leur culte, l’influence que pouvait avoir la religion sur leur vie et sur leurs mœurs. La race sémitique est celle qui occupe le territoire compris