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SCOLAIRE (QUESTION)

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giease et confessionnelle se trouve légalement exclue des matières de son enseignement, lequel doit s’adresser indistinctement aux enfants élevés dans toutes les croyances ou toutes les incroyances. Bien plus, l’interprétation donnée en pratique au principe officiel de neutralité scolaire tend à exclure toute conception de la morale reposant sur l’autorité divine. La méthode dite « sociologique », nettement incompatible avec les croyances chrétiennes et les idées spiritualistes, tend à devenir la doctrine oflicielle qui se substitue à l’ancienne morale dans l’éducation professionnelle des jeunes instituteurs et institutrices de l’Etat. Lorsque les devoirs envers Dieu ont récemment disparu, comme par surprise, du programme officiel de l’enseignement moral, les dirigeants de l’Instruction publique ont déclaré que cette suppression consacrait purement et simplement un fait accompli, déjà incontesté depuis bon nombre d’années. Enfin, une portion appréciable du personnel enseignant des écoles primaires publiques se montre ouvertement favorable aux tendances communistes, internationalistes et bolchevistes. Ce sont là des faits à l’abri de toute contestation sérieuse.

Aussi, un nombre considérable de parents chrétiens, ne jugeant pas que l’école publique leur donne partout les sécurités nécessaires pour l’éducation religieuse, morale et patriotique de leurs enfants, tiennent-ils à user du droit qui leur est reconnu par la législation française, en confiant leurs enfants aux écoles libres, nettement confessionnelles, organisées sous la direction et l’influence des légitimes pasteurs de l’Eglise. Les plus graves difficultés humaines font obstacle à la création et au succès des écoles libres : l’ostracisme qui a frappé les éducateurs congréganistes en igoi et 1904, puis les conditions présentes de la vie matérielle tendraient à tarir le recrutement du personnel scolaire et à décourager les meilleures volontés. Néanmoins, à l’heure actuelle, l’enseignement primaire libre compte trente mille instituteurs et institutrices, avec plus de neuf cent mille élèves, soit un cinquième du nombre total d’enfants qui reçoivent, dans notre pays, l’instruction primaire. Pareil fait comporte une signification évidente. Aucun plébiscite ne traduirait plus clairement la volonté réfléchie de plusieurs centaines de milliers de chefs de famille dans l’excercice du plus noble et du ph16 sacré de tous leurs droits : l’éducation de leurs enfants selon les exigences de leur conscience religieuse, de leur conscience civique.

Mais voici le problème budgétaire. Les parents qui optent pour l’école libre et confessionnelle participent déjà, comme les autres contribuables, aux lourdes charges qui répondent à la totalité des dépenses de l’école olficielle ; et, par ailleurs, la totalité des dépenses de l’école libre, choisie par eux-mêmes, ret’jinbe sur leur propre budget particulier. Us payent donc, sous deux formes différentes, une contribution onéreuse à deux budgets scolaires : l’un pour l’école qui leur convient et l’autre pour l’école qui ne leur convient pas. Que l’on se garde bien d’assimiler leur cas à celui de tous les contribuables qui ne jugent pas à propos de faire usage d’une institution quelconque, artistique ou autre, subventionnée, aux frais de tous, par le budget de l’Etat. Personne n’est légalement obligé d’aller au musée ou au théâtre, alors que chaque père de famille est légalement obligé d’envoyer ses enfants à l’école : i, p.ir motif de conscience, il ne veut pas de l’école ollieiclle, il obtempère à l’obligation légale en optant pour l’école libre. Mais, en ce cas, le régime scolaire fiançais le contraint à contribuer aux dépenses de

l’une et l’autre école, sans que l’Etat ni la commune contribuent en rien aux charges de l’école choisie par lui, selon son droit incontesté.

Imaginons que les catholiques français, épuisés par un effort devenu surhumain, ferment toutes leurs écoles primaires libres, licencient leurs trente mille instituteurs et institutrices, renoncent à subvenir aux dépenses de la scolarité de neuf cent mille petits garçons et petites filles. Immédiatement, les .Chambres devront voter des crédits atteignant un nombre respectable de million » pour construction de nouveaux locaux scolaires, pour augmentation du pers nnel enseignant, titulaire, adjoint, stagiaire, des écoles primaires publiques, masculines et féminines. Les apôtres du laïcisme considéreront cette innovation budgétaire comme un événement du caractère le plus heureux. Les contribuables auront l’avantage de constater, mais rétrospectivement, quels services appréciables rendait à leur bourse l’enseignement primaire libre et quelle économie intéressante aurait pu leur procurer une équitable participation des écoles libres aux ressources budgétaires.

Voilà pourquoi il est opportun de considérer comme une question sérieuse le problème de la Répartition proportionnelle scolaire.

2° Les autorités et les arguments.

La Répartition proportionnelle scolaire n’est pas revendiquée seulement par des groupes particuliers, par des ligues masculines et féminines, qui répondent aux diverses formes de l’activité religieuse, sociale et civique des catholiques français. Elle est recommandée à notre sympathie et à notre zèle par l’autorité même de l’Episcopat de notre pays.

Une indication positive est donnée en ce sens dans la Pastorale collective du 14 septembre 1909, sur les droits et devoirs des parents chrétiens relativement à l’école, puis dans la Pastorale collective du 7 mai ig 19, sur les devoirs des catholiques français au lendemain de la guerre. Mieux encore : une affirmation explicite et catégorique des libertés et des réformes à promouvoir se trouve dans la Déclaration des cardinaux et archevêques de France en date du l mars 1922. Reproduisons le fragment essentiel :

« Dans un pays en immense partie catholique

comme la France, …. l’Etat a le devoir de mettre à la disposition des familles des écoles catholiques.

« S’il estime que les circonstances ne lui permettent

pas de donner aux écoles publiques un caractère nettement confessionnel, au moins doit-il y faire enseigner les devoirs envers Dieu et laisser aux parents la pleine liberté d’avoir des écoles chrétiennes.

« La justice, le respect des consciences et des droits

sacrés des parents demanderaient que ces écoles fussent subventionnées sur les fonds publics, proportionnellement au nombre de leurs élèves ».

La même revendication est énoncée en termes plus développés dans le programme des Réformes nécessaires, œuvre de la Corporation des Publicistes chrétiens, document qui a mérité les éloges de Benoit XV, en date du 31 octobre 1917. par une lettre du cardinal Gasparri au R. P. Janvier, aumônier de la Corporation. Pour éviter toute contestation, la lettre du cardinal secrétaire d’Etat fut insérée au recueil officiel : Actu Apostolicæ Sedis. Le paragraphe où les Publicistes chrétiens s’expliquent sur la législation de l’enseignement libre est particulièrement digne d’attention :

« La législation de l’enseignement libre reconnal-