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SCIENCE ET RELIGION

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l’Eglise dans les pires aventures en s’engageant dans une lutte dont ils pouvaient et devaient prévoir les funestes résultats ! Que dire de leurs faiblesses politiques vis-à-vis de certains princes, et de leurs procédés féconds en scandales à l’égard des papes que parfois ils avaient élus, comme Urbain VI, Benoit Xlll et Jean XXU1 !

De plus, les évêques ne s’accoutument-ils pas, en ce temps de trouble, à se gouverner eux mêmes, et, puisqu’il leur fallait une protection, à la chercher non auprès d’un pape douteux, mais auprès des rois ?

Par imitation et répercussion, certains princes semblent oublier leur devoir d’évêques du dehors et se désintéresser du malheureux état de l’Eglise. D’autres sont plus soucieux de profiter de cette situation précaire et humiliée que de la faire cesser. Au point de vue religieux, ils considèrent les expédients transitoires que l’on a du employer au moment du schisme comme des lois désormais intangibles. Avides de sacerdoce (saint Ambroisk), ils érigent en maximes les procédés extra-légaux de ce que l’on appellera désormais le gallicanisme. Les quatre articles de 1682 s’appuieront sur les cinq articles de 4l5. « Libertés à l’égard du pape, servitude envers le roi », dira plus tard Fénblon (Plans de gouvernement, t. 111, p. 433, édit. Didot). La uerpétuelle tendance des souverains, à partir de cette époque surtout, sera d’arracher à l’Eglise quelque lambeau de pouvoir et de se couvrir de cette pourpre usurpée. On a vu pendant ces années agitées les usurpations continuelles de l’Etat sur l’Eglise, le peu de respect que montrent les princes et les chanceliers de France pour les votes des conciles nationaux, la pression qu’ils exercent sur les prélats, sur les cardinaux et même sur les papes. Ces dangereux exemples ne furent point perdus pour les successeurs de Charles VI, et plus d’une fois les légistes s’appuieront sur eux pour chercher à justifier les pires excès du césaro-papisme. Les souverains protestants n’auront qu’à s’inspirer plus tard de ces modèles renouvelés de Byzance et du Bas-Empire.

Qu’on nous permette encore de mettre sous les yeux de nos lecteurs deux textes empruntés à des écrivains qui sont, par rapport à l’Eglise, aux deux pôles opposés. Le premier est Gbkgorovius, qu’on ne saurait soupçonner d’une bienveillence outrée ou d’un respect exagéré à l’égard de la Papauté. A propos des divisions schismatiques de l’époque, il écrit ; c Un royaume temporel y eût succombé ; mais l’organisation du royaume spirituel était si merveilleuse, l’idée de la Papauté si indestructible, que cette scission, la plus grave de toutes, ne fit qu’en démontrer l’indu isibilité » (Gescltichte der Stadt Rom im Miltelalter, 2" édition, t. VI, |>. 620).

Dans un camp bien diiférent, db Maistbb fait la même constatation : « Ce fléau des contemporains est un trésor pour nous dans l’histoire. Il sert à prouver que le trône de saint Pierre est inébranlable. Quel établissement humain résisterait à cette épreuve ? » (Du Pape, 1. IV, conclusion.)

L. Salbmbibr.


SCIENCE ET RELIGION. — Introduction.

— 1. Knquête sur la part des croyants dans les progrès de la science. — 2. De quelle science s’agit il ?

— 3. De quels croyants" ? — 4- Limite de l’enquête. —

5. Le sens de l’enquête. Première Partie : dans les sciences exactes. —

6. Dans les.Mathématiques. — 7. Dans l’Astronomie.

— 8. Dans la Physique. La Chaleur. — 9. La Lumière. — 10. L’Electricité. — II. Dans la Chimie. La.

théorie atomique. — 12. La Chimie phj sique. — 13. Résumé. Seconde Partie : dans lbs sciences naturelles.

i^. Hors cadres. — i.">. Dans les Sciences de la l’erré. — La Géologie. — 16. La Minéralogie. — 17. La Cristallographie. — 18. La Paléontologie. — 19.

— Dans les sciences de la Vie. — La Biologie. — 20. La Botanique. — ai. La Zoologie. — 22. L’Anatomie. — 23. La Physiologie. — 24. La Médecine.

— 20. La Chirurgie. — ^6. Résumé général.

Conclusions. — 27. Il y a des savants croyants, et qui comptent. — 28. L’accord est possible entre la science et la foi, entre l’esprit scientifique et l’esprit religieux. — 29. La science conduit à Dieu.

Introduction

1. La science contre la religion, ce fut pendant un demi-siècle l’objection à la mode. Elle est aujourd’hui à ce point démodée, que le Directeur du Dictionnaire Apologétique juge inutile d’en fournir une réfutation en règle. Il souhaite seulement mettre sous les yeux de ses lecteurs le bref résumé d’une enquête que nous avons publiée en deux volumes sous ce titre : La part des croyants dans les progrès de la science au xix* siècle ; , Dans les sciences exactes ; II, dans les sciences naturelles (Librairie académique Perrin, 1920).

2. De quelle science s’agit-il ? Les sous-titres l’indiquent. Assurément, l’histoire, l’exégèse, la philosophie sont autrement liées aux questions religieuses que la physique ou l’anatomie. Mais c’est la science au sens strict, celle qui permet, comme dit Cl. Bernard, de « prévoir les phénomènes de la nature et de les maîtriser » ; c’est la science expérimentale, àqui l’on doit les grandes découvertes dont s’enorgueillit notre époque ; c’est celle-là qui a la vogue dans le public et qu’on a essayé de tourner contre la religion. C’est de celle-là qu’il est question ici.

3. Par croyants, nous entendrons ceux qui ont I cru pour le moins à l’âme et à Dieu. C’est un mini| mum, mais c’est déjà le germe d’où la religion natu-’relie évolue tout entière, la base où tout le surna-I turel s’appuie. Même, il n’est pas toujours facile de I constater, au sujet de ce minimum, la position prise

par les savants ; les matières qu’ils traitent et leurs habitudes d’esprit ne les poussent guère à ce genre de confidences.

4. Nous limitons V enquête au xixe siècle. Pour les temps plus éloignés, personne ne conteste que la science ait vécu en plein accord avec la foi, et que les savants aient été des croyants. Par ailleurs, on comprendra que nous ne parlions pas de ceux qui vivent encore. Dune façon précise, nous ferons état des savants qui, aujourd’hui disparus, ont vécu au moins une partie de leur vie entre les années 1801 et 1900.

5. Il s’agit de savoir si, en fait.il y a eu, dans le cours du xix’siècle, des savants croyants ; s’il y en a eu beaucoup et de ceux qui comptent. La quantité sans doute nous intéresse pour faire voir que le phénomène n’est pas exceptionnel ; mais la qualité nous importe davantage ; car, si la science bien comprise s’oppose à la religion, les savants de premier ordre sont les mieux placés pour s’en rendre compte ; et si l’esprit scientiiiqueque ne peut coexister avec l’esprit religieux, on le verra surtout en prenant cet esprit, non pas à l’état larvé dans les cerveaux tein’és d’une demi-science, mais au contraire à l’état évolué, à l’état de plénitude et, pour ainsi dire, à l’état pur, tel qu’il se présente chez les grands savants.