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SAPIENTIAUX (LIVRES)

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Du point de vue catéchétique, relève aussi la sentence du Saint-Ollice rendue sous Innocent XI (a mars 1679) et portant condamnation de la proposition suivante, n.64, D.R., 1274 : Absolutionis capax est homo quantumvis lahoret ignorantia ficiei et etiamsi per negligentiam, etiam culpabilem, nesciat mysterium emnetissimæ Trinitatis et Incarnationis D..V./.C. Du même point de vue procèdent encore diverses instructions données à des missionnaires. S.C.S. Off., a5 ian. 1703, Québec ; 10 mai 1703, Quebec ; 3 aug. 1860, Tche-Kiang ; 30 mart. 18 « j8. (Textes dans F. M. Cappbllo, Tractatus canonicomoralis de Sacramentis, Toi. I, §§ 1 5^. 1 58. 15(>, Taurinoruni Augustae, 1921). Le catéchiste et le missionnaire, qui doivent former un chrétien et pourvoir au salutd’une àme, rempliront ponctuellement leur programme et ne négligeront rien de ce qui est prescrit. C’est l’application d’une règle universelle en matière de sacrements (Prop. condamnée par Innocknt XI, 2 mars iÔ79, n. 1, D.B., iiôi [1018]).

Mais on ne saurait juger par là de ce que Dieu fait dans l’àme ; et nul ne distingue mieux ces deux points de vue que le Docteur angélique. Nous avons signalé ci-dessus sa doctrine touchant l’option proposée à l’enfant au seuil de la vie morale, entre une conversion vers Dieu qui le justiQera, et une aversion de Dieu qui grèvera sa conscience d’un péché mortel. Cette conversion vers Dieu suppose une illumination intérieure sur tout l’essentiel de la foi, suffisante pour engendrer l’amour (Gal., v, 6).

Comment se produit cette illumination chez l’homme adulte séquestré de la prédication évangélique, mais d’ailleurs docile à la voix de sa conscience ? Saint Thomas ne recule pas, au besoin, devant la perspective d’un miracle. De Ver., q. xiv a. Il ad i" 1 : Non sequilur inconvénient, posito quod quilibet teneatur aliquid exp icite credere, si in silvis fl inter bruta ammalia nutriatur : hoc enim ad divinam Providentiam pertinet ut cuilibet provideol de necessariis ad salutem, dummodo ex parte eius non impediutur. Si enim aliquis taliter nulritus ductum naturmlis rationis sequeretur in appetitu boni et fuga mali, certissime est lenendum quod ei Deus vel per internam inspirationem revelaret ea quæ sunt ad credendum necessaria, vel aliquem fidei prædicatorem ad eum dirigeret, sicut misit Petrum ad Cmnelium.

Saint Thomas écrivait ces lignes vers 1266-9, selon la chronologie communément admise. Il s’était exprimé en termes semblables dès ia54-ô, dans le Commentaire sur les Sentences, In III d., ih q. 2, a. 1, sol. 1, ad 1 et a. Il devait y revenir vers 1269- 1270, dans la Somme Théologique, II a II æ, q. 2, a. 5-8, et encore très ouvertement, tout à la un de sa vie, vers 127<-3, selon l’opinion commune, dans le commentaire In Rom., c. x, lect. 3. — Notons cependant que l’on a cru observer, dans les textes de la II » ll æ, quelque hésitation ; pour en rendre compte, on a jugé plausible de recourir à une considération particulière : vers ce temps-là, l’Occident acquit des lumières nouvelles sur l’inachèvement de la prédication évangélique, grâce aux relations de certains voyageurs : Asselin, O. P., envoyé en Chine par Innocent IV, 12^0-8 ; Jean de Plan Carpin, O. M., et Hubruquis. O. M., ayant séjourné à la Cour du grand Khan vers 1206 ; Marco Polo, à Pékin en 1268 ; sous l’intluence de ces lumières nouvelles, saint Thomas aurait pris le parti de se retrancher plus décidément derrière le principe augustinien, qui présente l’ensemble du genre humain comme une massa dannaïa. Voir J. db Glibert, S. I., Les doublets de saint Thomas d’Aquin, p. 80-89, Paris, 1926. Cette conjecture intéressante serait mise en échec par les

conclusions communément admises touchant la date du Commentaire sur saint Paul. Toujours est-il que le principe posé De Ver., q. xvi, a. 11, ad. i m n’a jamais été ouvertement rétracté.

Ces dernières considérations ne suggèrent certes pas que, selon la pensée du Docteur angélique, le programme de la foi nécessaire pour la conversion vers Dieu doive être matériellement très chargé. Elles invitent à disjoindre absolument, du point de vue de la catéchèse officielle, le point de vue de cette pédagogie surnaturelle qui reste le secret de Dieu. Que les moyens de cette pédagogie surnaturelle puissent comporter une extrême diversité, tout le suggère : vestiges de la révélation primitive, échos de la révélation mosaïque ou de la révélation chrétienne répercutés inconsciemment par les milieux infidèles, prédication muette de l’exemple ou de la charité active : autant de moyens, sans compter le miracle proprement dit, dont Dieu peut user à l’occasion, pour suppléer au défaut de l’apostolat direct. Y faire appel, n’est pas rompre avec la tradition, mais au contraire reconnaître la (idélitédeDieu, qui, mieux que le scribe de l’Evangile (Mut., xni, 5a), peut tirer de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes, pour le salut de ses enfants.

Bibliographie. — Outre les deux livres de M. l’abbé Louis Capéran sur Le problème du salut des Infidèles, Essai Historique et Essai Théologique (Paris, 1912), voir l’article du R. P. Harknt, S. J., Infidèles (Salut des), dans le Dict. de Théol. Cath., col. 1736-1930 (1923). On y trouvera l’indication de tous les travaux antérieurs.

A. d’Alks.


SAPIENTIAUX (LIVRES). —
I. Les livres  : 1.Noms et nombre. — 2. Job : la sagesse en dehors de la religion juive. — 3. Proverbes : les formes littéraires de la sagesse ; Salomon principal auteur. — l. Ecclésiaste : unité et auteur. — 5. Ecclésiastique : date, auteur et texte. — 6. Sagesse : unité et auteur, — 7. Baruch : auteur et date. — 8. Canonicité des trois derniers.

II. Les Sages. — 1. Dans les livres historiques ; Salomon, et ses 3. 000 sentences. — 2. Dans les livres prophétiques ; faux sages et vrais sages visà-vis des prophètes.

III. La Sagesse. — 1. Subjective ou pratique ; ni utilitaire ifi épicurienne. Sanction et vie future. — 2. Objective ou spéculative ; pas d’agnosticisme ou de scepticisme. La Sagesse et la Loi. — 3. Personnifiée ; préparation du dogme chrétien.

IV. Influences étrangères ? — Prétendus emprunts : A) à l’Egypte, B) à Babylone, C) à la Perse, D) à la Grèce.

V. Bibliographie.

I. Les Livres

1. Noms et nombre. — Dans la liturgie catholique le nom générique de Liber Sapientiæ (Livre de la Sagesse) est donné à chacun des livres saints, qui, dans la Bible, portent leurs noms propres de Proverbes, Ecclésiaste, Sagesse de Salomon, et Ecclésiastique 1. Ce n’est pas à tort. Car tous ces livres appartiennent à cette branche particulière de la littérature hébraïque (Ancien Testament), qu’on est convenu d’appeler sapientiale, d’après le sujet, autour

1. Nous citons les saints livres toujours d’après Crampon. La sainte Bible, 1923, sauf indication contraire. Pour la numérolationdes Psaumes, voir tome III, col’17.">, note 1.