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SALUT DES INFIDÈLES

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fermée pour l’orthodoxie. Saint Cyrille dk Jérusalem, Cal., xiv, iy, P. G., XKXIU, 848, montre les anciens patriarches, Moïse, Abraham, Isaac, Jacob, David, Samuel, Isaie, enûn Jean-Baptiste, accourant au-devant du Rédempteur et le félicitant de son triomphe sur la mort. Il n’insinue pas autre chose. Saint Jean Chrysostomb proteste énergiquement contre toute confusion entre le temps de l’épreuve, qui est celui de la vie présente, et le temps de la justice. In Mt. Hom., XXXVI, 3, P. G., LV1I, 4l6 :

La vie présente est le temps de bien agir ; après la lia, place au jugement et au châtiment. Dans lHadès, dit [le Psalmiat*] vi, 61, qui vous confessera ? Comment furentbrisées les portes d’airain et broyés les verrous de for ? l’ar son corps. Alors, pour la première fois, il apparut corps immortel, dissipant la tyrannie de la mort. Au reste, on voit ici la puissance de la mort détruite, non pas les péchés de ceux qui étaient morts avant sa venue, effacés. Autrement, s’il a délivré de la géhenne tous ceux qui l’avaient précédé, comment peut-il dire : « Plus tolérable sera le sort de la terre de Sodome et de Gomorrhe » (Luc., x, 12) ?

Dans le même temps, Philastre de Brbscia range parmi les hérétiques ceux qui prétendent que le Seigneur, descendant aux enfers, a mis tous les morts en demeure de confesser sa divinité, en leur proposant le salut. Il leur oppose la parole du Psalmiste (vi, G) et de l’Apôtre (Rom., 11, 12) et du Seigneur même (Mt., xi, 22-24). Il rappelle que tout homme est destiné à la mort, et puis au jugement (Hb., ix, 27). Il détaille la loi de ce jugement d’après l’Ecriture, et en montre l’application dans ceux-là même qui furent surpris par le déluge, selon saint Pierre (I Pet., iii, 20). Liber de Hæresibus, cxxv,

P. /.., XII, I20O-2.

Saint Augustin, interrogé par Evodiussur le même texte de saint Pierre, confesse humblementses hésitations, Ep., clxiv, 2, 4-5, P. L., XXXIII, 710-u : Veruin quinam isti [quos Christus liberavit], temerarium est definire. Si enim omnes omnino dixerimus tune esse liberatos qui illtc inuenti sunt, quis non gratuletur, si hoc possimus ostendere ?… Il souhaiterait particulièrement pouvoir garantir le salut de ces grands esprits du paganisme, qu’on admire et qu’on aime. Mais il s’arrête hésitant, devant la pensée des jugements divins, et il se demande : Primum, qua auct..ritate /irmelur isla sententia. Quod enim script uni est in morte Christi, solatis dol.tribus inferni (Act., 11, 24), vel ad ipsum potesl intelle’i pertinere, quod eos hactenus sotverit, h. e. irritos jecerit, ne ab eis ipse teneretur, prætertim quia sequitur, in quibus impoësibile erat teneri eum.U écrit que le Christ a vaincu les douleurs de l’enfer, et cela sans doute doit s’entendre d’abord de son triomphe personnel. Si l’on veut en faire en outre l’application à ceux qu’il a délivres, il faut la faire avec discrétion : non in omnibus, sed in qulb.isdam accipi pot -st, quos illj dignos ista libération -, iudicabat ; ut neque frustra Mue descendisse existant -lui, nulti oorum proftiturus qui ibi tenebantur inclusi, nec tamen sit consequens ut quod divina quibusdam misericordia iustitiaque concessit, omnibus concessum esse putandum sit.

Saint Grkgoirb lb Grand se prononce dans le même sens arec beaucoup plus d’énergie, car il s’agit de déraciner une erreur très pernicieuse. Il écrit, Ep., VII, xv, M. G. //., t. I, 458-a, P. L., LXXVII, 8 » i(j B-870 G, Georgio presbytero et Theodoro diacono Ecclesiæ CPtanae… Post discessum vestrum, dilectisimis filiis meis diaconibus narrantibus, agnovi quod dilectio vestra dixisset Omnipotentem Dominum Salvatorem nostrum lesum Chris- I

tum ad inferos descende/item, omnes qui illic eu m De uni confiterentur salvasse atqur a poenis debitis libérasse. De qua re volo ut vestra cavitas longe aliter sentiat. Descendens quippe ad inferos solus illos per suani gratium liberavit, qui eum et venturum esse crediderunt et præcepta eius vivendo tenucrunl… Après avoir cité l’Ecriture, , le Pape mentionneencore le sentiment de Philaslre et celui desaint Augustin. Il conclut : I/aec itaque omnia perlraclantes, nihil aliud teneatis nisi quod vera fidis per catliolicam Ecclesiam. docet : quia descendens ad inferos Domi-I nos illos solumniodo ab inferni claustris etipuit, quos viventes in carne per suam gratiam in [icie et bona operatioçe salvavii. Quod enim per Evangelium dicit : Cuni exullatus fuero a terra, omnia traitant ad me ipsum(lo., xii, 3a), omnia videlicet electu. Num trahi ad Deum post mortem non potuit qui se a Deo maie vivendo separavit.

Tel fut effectivement le sens de l’Eglise, et telle fut l’interprétation donnée au texte de saint Pierre par ses principaux interprètes, entre lesquels nous nommerons encore saint Cyrillb d’Alkxandrie, P. G., LXXIV, io13-io18 ; le moine Job, ap. Piiotius, Bibl., Cod. ccxxii, 38, P. G., CII1, 804 BC ; saint JeanDamascùnk, F. 0., lU, xxix, P. G., XCIV.i 101. Les rêveries origénistes touchant les multiples épreuves des âmes et les possibilités de réhabilitation disparaissent de la tradition ecclésiatique au j vie siècle. Voir art. Origénismb, passim, notamment col. 1243, 9". — Sur l’hérésie des misiricordieux, insurgés contre les peines de l’enfer et combattus par saint Augustin, voir Achille Lrhaut, L’éternité des peines de V enfer dans saint Augustin, Paris, 1912.

c) L’enseignement catholique. — L’enseignement catholique s’est expliqué depuis longtemps, avec une entière clarté, sur l’œuvre de délivrance accomplie par le Christ, aux enfers, et sur le caractère irréformable de la sentence rendue sur chaque àme au sortir de cette vie. Voir Catech. Rom., I, v, 7 ; I vii, 3. 4, éd. Tornac, 1890, p. 51.65. Le schéma de la Constitution sur les principaux mystères de foi, préparé pour le Concile du Vatican, portait, c. v, n. 6 (Coll. Lacensis, t. VII, 564) : IM enimvero qui in kac gratia decedunt, vitam deternam, quæ est iustitiae corona, certo consequentur : ita, qui ea privali moriuutur, ad illam nuinjiiam penenturi sunt. Post mortem enim, quæ est viæ nostræ terminus, mox ad Dei tribunal sistimur, ut référât unusquisque propria corporis prout gessit, sine bonum sive malum (II Cor., v, 10), neque ullus post hanc moi talent vitam relinquitiir locus pænitentiæ ad iustificationern.

Tel moraliste original, au xixe siècle, s’est avisé d’une distinction entre les grands pécheurs, qui demeurent impardonnables, et les moindres pécheurs, qui pourraient espérer une rémission après la mort. J. B. Hh’.scher, Die cîiristliche Moral -, t. I, dernier chapitre : Die jenseitigen Vorhehrungen zur Rcalisierung des Reiches Gotles, Tiibingen, 1851. De pareilles tentatives sont condamnées d’avance. Voir la réplique vigoureuse du P. J. Kleutgbn, Die Théologie der Vorzeit, t. II, p. 4*1.44* Munster, 1 854.

En général, sur le salut outre-tombe, voir S. Harbnt, S. I., dans le Dict. de Théol. cath., art. Infxd’eles (Salut des) (1923), col. 1736-174°.

IIe Réponse

Renvoi aux Limbbs

Cette réponse consiste à supprimer ou à éluder la question, en supposant que l’appel impérieux à la béatitude surnaturelle n’a pas son effet pour tous les infidèles. Cela peut se faire de diverses manières.