Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/584

Cette page n’a pas encore été corrigée

1155

SALUT DES INFIDELES

1156

c’est le lieu et la cause prochaine de cette pénétration. Sans passer en revue toutes les hypothèses, notons quelques-unes des plus caractéristiques.

En 1893, M. Harnack rattachait l’adoption du Sanctorum Communionem au développement du culte des saints et à la réaction contre l’hérésie de Vigilantius. Il attribuait à Xiceta de Remesiana un rôle prépondérant dans cet épisode : le Sanctorum Communionem, introduit par lui au symbole, sous une influence orientale, aurait rayonné de Dacie en Gaule, puis sur tout l’Occident. Das Aposiolische Glaubensbehenntniss, p. Si, sqq.

En 189^, H.-B. Swbtb soulignait l’importance du Sanctorum Communionem dans la littérature donatiste du ive siècle, où il apparaît comme un mot d’ordre contre l’Eglise catholique. Il admettait qu’au déclin du v" siècle, l’Eglise reprit à son compte ce vocable usurpé ; il plaçait le centre de rayonnement en Gaule, autour de Fauste de Riez, The Apostles Creed 2, p. 82-88. En io15, après la découverte de lu Fides Hicionymi par Dom Morin, il retouchait le système quant à la date, et plaçait l’origine du mouvement toujours en Gaule, vers l’an 400. The Communion of Saints' 1, p. j 58 sqq.

En 190^, Dom G. Morin remontait plus haut encore, jusqu’aux controverses déchaînées au 111" siècle autour de Novatien. Dans la Fides llieronymi, par lui récemment découverte, il croyait reconnaître l’influence d’un symbole arménien antérieurement édité par Gaspari (1869), et dont il faisait remonter la genèse jusqu'à l’antique Firmilien de Césarée. Par saint Basile et par saint Cyrille de Jérusalem, la tradition arménienne aurait agi sur saint Jérôme, sur Nicéta, et sur toute la tradition occidentale. R. //. L.R., 190^, p. 226 235.

Il est plus facile de signaler, dans ces divers systèmes, des points faibles, que d’en proposer un nouveau, qui les remplace avec avantage. Le lien par lequel on a voulu rattacher le Sanctorum Communionem, soit à la réaction contre Vigilantius (voir cidessus, art. Reliquks, col. 926), soit à la réaction contre Novatien, paraîtra sans doute bien fragile ; surtout le lien avec Novatien ; d’autant que le document arménien, dont on a cru pouvoir faire état, n’est pas même daté à quelques siècles près. On estimera peut-être que les antécédents donatistes méritent plus de considération. Du moins est-il incontestable que, dès le ive siècle, la secte parlait de sanctorum communionem, comme d’une chose qui n’appartenait qu'à elle. Que des controversistes catholiques se soient avisés de lui arracher ce mot, capable d’un sens très beau et très pur, cela se comprend aisément. L’histoire des hérésies fournirait divers exemples semblables. Mais où la revendication se serait-elle produite ? Pas dans l’Afrique latine, berceau du donatisme ; car ni saint Augustin, ni les héritiers de son esprit ne prononcent ces mois au symbole. Pas non plus à Rome, où on ne les prononce pas davantage, et où on ne commencera de les prononcer, nous l’avons vu, qu’au déclin du ixe siècle, lorsqu’ils y reviendront d’au delà des monts. Nous sommes donc orientés, soit vers la Gaule, soit vers la péninsule des Balkans. Le nom de Nicéta. souvent mentionné dans cette controverse, renferme peut-être le mot de l'énigme. Mais tout ce qui touche à Nicéta et au christianisme balkanique demeure enveloppé de grandes obscurités, même après les recherches de M. A. -E. Hurn et de M. J.Zeiller. L’hypothèse d’une initiative anonyme se produisant dans la Gaule méridionale, un peuavanll’année qoo, peut se réclamer, nous l’avons vu, d’un canon conciliaire de Nîmes, 39/1. Elle n’exclurait pas toute connexion avec les frasques de Vigilantius. Elle a séduit Mgr

Kirsch, auteur d’une vaste enquête sur La Doctrine de la Communion des saints (fans l’antiquité chrétienne, et, plus récemment, le Professeur Swetr. C’est l’hypothèsedéjà présentée dans ce dictionnaire par M. l’abbé Vacandard, à l’article Apôtrks (Symbolb dus), t. I, col. 287. Nous n’en savons pas de meilleure.

Mais l’antiquité du dogme de la Communion des Saints, n'étant pas liée à l’antiquité de la for ; uule, ne dépend pas de cette hypothèse, ni d’aucune autre ; elle appartient à l’histoire des premiers siècles chrétiens. Telle est la conclusion sur laquelle il convient d’insister avant tout. Nous croyons que les pages précédentes l'éclairent suflisamnicnt.

Bibliographie. — C. P. Caspari, Quellen zur Geschiclite des Tau fsrm bols inid der Glaubensregel, Christiania, 1866. 1869. 18^5. 1872. — Aug. Hahn, Bibliothek der Symbole und Glaubensi cgeln der Apostol. Kirche, Breslau, 1917. — Ad. Har nack, Das Aposiolische Glaubensbekenntniss. Berlin 189J. — Th. Zahn, Das Apostolische Symboiiim 2, Erlangenund Leipzig, 1893. — F. Kallenbusch, Das Apostolische Symbol, Leipzig, 1894. — H.-B. Swete, The Apostles Creed : ils relation to primitive Christianily 2 ; Cambridge 1894. — The Hoir Catholic Church ; tlie Communion of Saints, London, 1919.

— A.-E. Burn, An Introduction to the Creeds and to the Te Deum, London, 1899. — J.-P. Kirsch, Die I.ehre von der Gemeinsclioft der Ileiligen im Christl. Alterthum, Mainz, 1900. — Dom G. Morin, Sanctorum Communionem, dans Rev. d /fis !. et de Litt. Religieuses, t. IX, p. 2(>9-23."> (1904). — Art. Communion des Saints, dans le Dictionnaire de Théologie catholique, par P. Bernard et R.-S. Bour (1908). — Voir d’ailleurs ci-dessus, Apôtres (Symbole des) par M. l’abbé Vacandard. — Enlin, nous recevons : Sanctus, par le R. P. Delehaye, Bruxelles,.927. A., /Alks.


SALUT DES INFIDÈLES. — Position de la question.

Ire Réponse. — L’Evangêlisation d’outre-tombe.

a) Arguments scripturaires. — b) Les Pères. — c) Renaissance dans le protestantisme moderne. — Critique.

IIe Réponse. — Renvoi aux limbes.

1) L’hérésie de Pelage.

2) Les apologistes catholiques, du xvie au xixe siècle. — Digression sur un point de doctrine thomiste.

3) S. E. le Cardinal Billot. — Critique.

IIIe Réponse. — Tradition dogmatique de l’Eglise catholique.

A. Universalité de l’appel à la Béatitude surnaturelle.

1) Documents scripturaires.

2) Documents patristiques. — Le cas de Socrate. — Saint Augustin et saint Jean Damascène.

3) Documents ecclésiastiques.

L’axiome scolastique : Fæienti quod in se est, Deus non denegat gratiam.

B. Baptême de désir. Adaptation au cas de l’infidèle adulte.

a) Doctrine de l’Epitre aux Hébreux, xi, 6.

b) Doctrine de saint Augustin.

c) Doctrine de saint Thomas.

d) Doctrine des théologiens modernes.

Synthèse,

Bibliographie.