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SAINTS

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gulièrement précieuses, mais pose devant la sagacité du lecteur une foule do problèmes insolubles. Voir II. Dbleiiaye, Le témoignage des Martyrologes, dans Anulecta JioUnndiana t. XXVI, 1907, p. 99, résumant cesobservationssousune forme pittoresque :

Le martyrologe hiéronymien est pour nous comme un vaste champ de ruinas, couvert autrefois de palais et de tombeaux. Les tremblements de terre ont secoué les églises sur leurs bases et bouleversé les monuments ; les barbares ont retourné les débris, dissipé les matériaux, fouillé les sépultures ; la négligence des générations nouvelles a achevé l’œuvre de destruction. Le touriste jette à peine un regard sur ce spectacle de désolation : l’archéologue ne se laisse arracher qu’avec peine à la contemplation de l’amas informe de décombres qui pour lui recouvre tout un pa » sé. Et il s’arme courageusement de la pioche avec le vague espoir de le faire revivre, avec la certitude de faire sortir du sol des restes d’un haut pris, un nom. une date, un fait nouveau, qui éclairent tout un ensemble. On fouillera longtemps encore le sol aride de Phiéronymien, et si l’on ne peut se promettre de relever des temples et des portiques, on en retirera beaucoup de débris d’une valeur incontestable.

Sur un exemple particulier, on pourra prendre quelque idée des surprises et des erreurs auxquelles s’expose le chercheur, en s’aventurant sans guide et sans préparation à travers ce champ de ruines. H. Dblehaye, Saint Expeditet le Martyrologe Hiéronymien, Anal. Boll., XXV, 1906, p. 90-98.

Consulter par ailleurs G.-B. db Rossi et L. DociiKSNR, Les sources du Martyrologe Hiéronymien, Rome, 1885 ; H. Acdelis, Die Martyrologien ; ihre Geschichte und ihr Wert, Berlin, 1900.

Les martyrologes mentionnés ci-dessus n’étaient guère que des listes de noms, disposées selon l’ordre du calendrier Plus tard, on s’occupa de les enrichir par des emprunts à diverses sources hagiographiques ou littéraires : passions de martyrs, vies de saints personnages, histoires ecclésiastiques. Telle est l’origine des martyrologes historiques.

Le travail de Bèdb (-j- 735) qui, au commencement du vme siècle, compila son précieux Martyrologe, est à la base de toute cette littérature. Dans le cadre d’un martyrologe préexistant, Bède fit entrer divers éléments puisés dans une cinquantaine de Passions et dans une douzaine d’auteurs ecclésiastiques. Nommons parmi ces auteurs : saint Cyprien, Busèbe-Rufin, saint Jérôme, Gennade, saint Augustin, Possidius biographe de saint Augustin, Paulin biographe de saint Ambroise, saint Prosper, saint Grégoire le Grand, le Liber Pontificalis, le Martyrologe hiéronymien. Bède ne s’était point préoccupé d’assigner à tous les jours de l’année un souvenir. Le désir de combler cette lacune inspira des rédacteurs anonymes, qui distribuèrent, plus ou moins arbitrairement, entre les jours dépourvus d’anniversaires, le butin par eux recueilli, soit dans le Martyrologe hiéronymien, soit ailleurs. Ce travail, accompli dès le premier tiers du ix’siècle, passa aux mains de divers reviseurs, parmi lesquels il convient de nommer : Flohus, diacre de Lyon, particulièrement versé dans la connaissance de l’ancienne littérature chrétienne ; Adon, évêque de Vienne, longtemps en possession d’une réputation usurpée, mais dont la contribution semble avoir été particulièrement néfaste, car il existe de fortes raisons de croire qu’il ne recula pointdevant un faux, pour accréditer es remaniements arbitraires ; Usuahd, moine de Saint-Germain-des-Prés, qui résuma l’œuvre d’Adon vers 87.5, et dont l’oi’uvre, très répandue au moyen âge, est à la base de notre Martyrologe romain.

— Voir Dom II. Qufntin, O.S.B., les Martyrologes hiêtoriques du Moyen-âge, Paris, 1908.

Ile » Martyrologes historiques, il faut rapprocher

les Synaxaires grecs ; Toir Anal, ta Bollandiuna, t. XIV, 1895, p. 396-434 : Le Synaraire de Sirmond ; H. Dkliïhayb, Synaxarium Ecclesiæ Coristantinupnlitanae, Propylæum ad Acta Sanct’trum Novembris, 190a.

La première édition du Martyrologe romain parut

; i Home en 1583, sous ce titre : Martyrologium Romanum

ad nnvam Kalendarii ratiuuem et ecclesiaslicae historiæ veritalem restitutum, Gregorii XIII Pont. Max. iussu editum. Elle ne porte aucune approbation. Une nouvelle édition, parue en 1 584, reçut l’approbation pontificale et fut imposée à l’Église universelle. En 1.J86, Baronius mettait au jour une édition revue, avec des Notatimes et une Traclatin de Martyrologio Itomano. De nouvelles révisions curent lieu sous Urbain VIII en 1630 et sous Benoît XIV en 1 748. La Bulle de Benoit XIV, adressée à Jean V, roi de Portugal, etplacéeen tête de la récente édition, expliquait la portée des modifications introduites dans le texte ; depuis lors, ce texte est resté immuable quant à la substance, sauf les additions requises par les canonisations récentes. En 1902, Léon XIII institua une commission historicoliturgique pour la révision du Martyrologe de Benoit XIV. Une édition parut en 1910, retouchée sur quelques points (voir au 22 juin, à propos de saint Paulin de Noie, la mention du transfert de ses reliques, par autorité de PieX). L’édition typique fut publiée en 1914 sous les auspices de Benoit XV. Si l’on ne veut se méprendre entièrement sur son caractère, il importe de ne pas perdre de vue la différence entre le vieux fonds procédant des Martyrologes historiques et ne prétendant pas à plus d’autorité que n’en peuvent avoir des martyrologes eux-mêmes, et les insertions opérées par ordre pontifical, au fur et à mesure des canonisations, où 1 Eglise engage son autorité doctrinale. L’édition de 1922, dite prima post typicam, n’a pas réalisé les espérances qu’on avait pu concevoir. Sur les desiderata provoqués par cette publication, voir Dom H. Qcentin, InalectaBollandiana, t. XLII, lya.’i.p. 387-406.

Le nom de saint ( « yieç, sanctus), après avoir traduit, dans la langue chrétienne, l’idée assez peu définie de quelque spéciale appartenance à Dieu, évolua vers un sens précis et technique, résumant tous les titres qui désignent à la vénération des fidèles les martyrs d’abord, puis d’autres personnages éminents par leurs vertus. Un saint est proprement nn personnage en possession d’un culte homologué par l’Eglise. Dans le cas de saints canonisés, le culte naît de la canonisation même. Dans les autres cas, la preuve du culte reste à faire ; elle résultera de divers indices : célébration ancienne de la fête, témoignage du martyrologe local, panégyriques, actes de martyrs, érections de tombeaux, dédicaces de basiliques, invocation par les fidèles. Pour les personnages entrés au martyrologe par voie de témoignage littéraire et non de tradition liturgique, ces critères feront défaut ; pour les autres même, ils pourront offrir certaines dillicultés d’interprétation, dont le détail nous entraîneraitlrop loin. Voir, à ce sujet, il. Dki, kh, we, Sam lus, dans Analecla Bollandiuna, t XXVIII, 1909, p. 145-200. De plus, H. Thurston, article Saints and Martyrs (élu istian), dans Encyclopædia 0/ Religion and Ethics (1920).

Les rédacteurs de Martyrologes historiques ne pouvaient prétendre à aucune infaillibilité. Le développement légendaire qui, dès le 11* et le m » siècle, avait produit des Actes apocryphes d’Apôtres (Acta Pétri, Pauli, foannis, Thomae, etc.) donne une idée de » dillicultés qu’ils rencontraient, dès qu’ils voulaient faire œuvre littéraire ; et les confusions commises dès le iv* siècle par saint Grégoire de Nazianze (Or.