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SAINTS

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1 exclusion de toute autre, la plénitude dos dons divins pro mis par Dieu aux fidèles de la Nouvelle Alliance et par le Christ à ses disciples. Sur cette terre sacrée tombe et sur elle seule ordinairement, l’effusion des grâces qui rendent agréable à Dieu. L’épouse rentable a, seule, la disposition de tous les biens de sou Epoux. Il suit du ces thèses, qu’il sutlit ici de rappeler, que les dons suprêmes de la libéralité divine, hors de 1 Eglise, garderont toujours — si nombreux qu’ils puissent être absolument — un earactère d’exception, de privilège et de condescendance extraordinaire : Nam et catelli edunt de micis tjuæ cadmil de nieiisa dominoi nm suorum (Mail, xv, 27).

Le second principe exige que la splendeur de ces dons se manifeste dans des conditions qui n’autorisent pas les parties erronées de la croyance des amis de Dieu ainsi gratifiés, ou qui [ne] tendent d’elles-mêmes à fermer, devant eus ou devant d’autres, la route de la vérité intégrale… (texte rectifié par l’auteur.)

Il suffit d’ouvrir ces horizons, dont on entrevoit l’ampleur, pour indiquer dans quelle voie on peut chercher la réponse à l’objection proposée, sans qu’il y ait lieu de récuser le fait du miracle, ou de la vertu héroïque, hors de l’Eglise. Le lecteur désireux d’approfondir lira tout l’article des Recherches ci Science Jieligieuse.

a. Religions non chrétiennes. — Dans les religions non chrétiennes, le parallélisme dit rite chrétien de la canonisation se laisse beaucoup plus difficilement poursuivre. D’ailleurs, il n’en est aucune

— ou presque aucune — qui n’honore ses grands hommes, selon son propre génie.

Les Juifs s’appellent Dis d’Abraham et gardent jalousement la mémoire des anciens patriarches : Jacob, Moïse ; du roi David ; des prophètes Isaïe, Jérémie, Daniel… ; des martyrs tels que Zacharie. Ils gardent aussi, consigné dans des martyrologes locaux, le souvenir de leurs anciennes et multiples tribulations. Citons le Midrush des dix martyrs, dont le principal héros est le fameux Aqiba ben Joseph (50-130). Pour une période plus récente, le Mémorial de Nuremberg, commencé en 1296 par Isac ben Samuel de Meiningen, publié de nos jours (Berlin, 1898). On trouvera des textes en abondance chez Edmond Flbg, Anthologie juive, 2 vol., Paris, :  ;  ; i ! 3. Voir également ci-dessus, l’art. Juifs kt Chrktibns.

L’Islamisme n’est pas seulement tout entier suspendu à la pensée de Mahomet ; il a, de nos jours surtout, une tendance à multiplier les cultes locaux autour du tombeau de quelque antique saint (ira//) ou martyr (shahid). Les nombreuses confréries musulmanes se réclament généralement d’une telle origine. Le wali est considéré comme un ami de Dieu, investi de pouvoirs miraculeux, avant et après sa mort. Un exemple typique de canonisation populaire est étudié dans le monumental ouvrage de Louis Massignon, Al-Ilallaj, maitjrr mystique de l’Islam, exécuté à Bagdad U- Qlj mars. r’22. Paris, - in-8. Noter que les jurisconsultes musulmans sont loin de s’accorder sur la procédure de canonisation. Voir, dans cet ouvrage, t. I, p. 359. Sur l’esprit de l’Islam, consulter, dans ce Dictionnaire, les articles Islamis.mb kt sbs skctes, et Mahomkt.

Les Sémites ont leurs héros, que la légende dispute à l’histoire. A première vue, le culte babylonien se distingue par une quasi-adoration de la force : la sainteté des rois paraît s’affirmer surtout par l’énergique déploiement de la volonté dans l’exercice du pouvoir suprême. Le caractère plus moral de certains textes, telle code d’Hammourabi, eorrigecette impression. Voiries articles Babylo.ni ;

BT BlBLB.et SÉMITKjCBS (llELIGIONS).

L’Egypte, prosternée devant ses rois et les divinisant tous, avec moins de discernement que Babylone, porte du moins dans ce culte plus d’égard à la

force intellectuelle qu’à la force brutale. Voir ci-dessus, dans l’article Egyptk, la section relative à la religion égyptienne, surtout col. 13ai-l331.

La Grèce pratiqua, comme on le sait, le culte des héros, qui s’épanouit dans le mythe, à l’époque homérique. Voir ci-dessus Grecs (Religion dbs), col. 400 sqq.

L’Inde bouddhique n’est plus guère qu’un souvenir, si l’on excepte le Népal etCeylan. Mais, hors de l’Inde, le bouddhisme demeure fidèle au culte du Bouddha et de ses premiers disciples, sans se préoccuper beaucoup de retrouver dans la légende un élément historique. Voir ci-dessus Inde (Religions de i.’), col. 654 s qq, 68 ; sqq. L’existence de martyrs bouddhiques, mis à mort par les brahmes, n’appartient réellement pas à l’histoire.

La Perse mazdéenne voit dans Zoroastre l’apôtre du bien universel, non un ascète ni un serviteur de Dieu, mû par une pensée religieuse. Mais que savons-nous sur Zoroastre ? Sur ce personnage mystérieux et la théologie abstraite qu’on rattacheà son nom, théologie que n’échauffe aucun rayon d’amour, voir Iran (Religion de l’).

La Chine voit dans Confucius le dernier venu et le plus fameux des sages, un bienfaiteur de l’espèce humaine, sans connexion spéciale avec la divinité. Voir art. Chine, col. 5 1 4-5

Le shintoïsme japonais ne connaît pas précisément de saints, mais compte par myriades les héros ou plutôt les dieux. Voir art. Japon, col. 1200-1.

En général, sur la notion de sainteté dans les diverses religions, voir Christus, manuel d’histoire des Religions. — Encyclopædia of Religion and Ethics (Hastings), art. Saints, t. XI, p. ^9-82 (1920).

II. Les Martyrologes. — Les noms des Saints honorés par l’Eglise figurent au Martyrologe. Ce terme désigna primitivement la liste des martyrs d’une Eglise ; par la suite, il fut étendu à divers recueils, de provenance disparate et d’autorité inégale.

Il y a les martyrologes locaux, renfermant les anniversaires de martyrs propres à une Eglise — natalicia, depositiones marlyrum ; — telle la Depositio martjrum de l’Eglise romaine, dès le 111e siècle ; plus tard aussi les anniversaires des évêqucs demeurés en vénération, et consignés primitivement dans la Depositio opiscoporum. Le calendrier philocalien de l’année 35/| montre déjà ces deux listes rédigées parallèlement pour l’Eglise romaine. Voir P. L., XIII. D’autres souvenirs encore vinrent ultérieurement enrichir les martyrologes locaux : anniversaires des grands ascètes, dédicaces d’églises ou translations de reliques. Entre Eglises sœurs ou voisines, des échanges devaient se produire : dès le ive siècle, Rome avait accueilli dans son calendrier des saints de l’Afrique romaine ; au vie siècle, Carthage, de son côté, honorait des saints de Rome.

Il y a les martyrologes généraux, résultant de la fusion méthodique des martyrologes locaux. Comme type de ces martyrologes, citons le Martyrolog dit hiéronymicn qui, au cours du cinquième siècle, groupa les éléments d’un martyrologe général des Eglises d’Orient, d’un martyrologe local de l’Eglise de Rome, d’un martyrologe général d’Italie, d’un martyrologe général d’Afrique, et devait s’enrichir ultérieurement par l’apport des martyrologes de Gaule. Document hautement vénérable, mais hérissé de fautes innombrables par l’inconscience des rédacteurs et la maladresse des copistes. Edité avec des soins infinis parG.-B. di : Rossi et L. Duchbsni [Acta Sanctorum novembris, i. ii, 189/i), il nous livre, sur la tradition des Eglises, des données sin-