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SAINTS

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i|ui y furent condamnés no forent brûlés qu’après la décapitation. Le plus souvent, les inquisiteurs prononçaient, pour des temps variés, les peines de l’incarcération ou des galères.

Les condamnés appartenaient à toutes les catégories, plusieurs à l’Eglise ; ces derniers était punis le plus sévèrement. Parmi eux, signalons l’ancien secrétaire de Clément VII, Pierre Carnesecchi, que, n’étant encore que commissaire général du Saint Ollice, Pie V avait déjà poursuivi pour hérésie une quinzaine d’années auparavant. Convaincu d’avoir plusieurs fois renié sa religion, il fut décapité, n’ayant pas voulu par des aveux obtenir une grâce que sollicitaient pour lui Catherine de Médicis et le duc de Toscane et qui aurait été accordée. ( Journal de Cornelio de Ferma, cité par Pastor, VIII, p. G36). Ajoutons que, parmi les condamnés, figurèrent parfois des auteurs de dénonciations calomnieuses contredes accusés qui furent acquittés. Il est enfin à remarquer que les condamnés, qui furent au nombre de deux cents environ dans ces autodafés de Pie V, n’étaient pas tous romains ; ils venaient des diverses régions de l Etat pontifical et même de pays étrangers : un de Naples, le 22 juin 1 ôGj, 5 de Bologne et un maître d’école de Modéne, le 21 septembre suivant, q de San Genesio dans la Marche d’Ancône, le g mai 1568. Enfin plusieurs étaient frappés pour des crimes de droit commun, comme les quatre faux témoins « qui deposuerant faisant contra inquisitos » et furent pour cela envoyés, le 30 novembre 156S, aux galères, ou comme celui qui fut pendu, sur le pont Saint- Ange « propter sodomiam. » (Journal de Cornelio deFermo).

La ville de l’Etat pontifical qui fournit peut-être le plus d’accusés au Saint-Oflice fut Fænza ; l’hérésie y avait pénétré grâce aux prédications d’un servite et de Pévêque, qui fut poursuivi pour sa négligence. Pie V voulut couper court à ses progrès ; il envoya dans les diocèses de Fænza, Ravenne, Imola, Forli, < iervia, Césène, Berlinoro et Sarsina un haut commissaire de l’Inquisition, Angelo Gazini de Lugo, qui se montra fort actif et reçut en récompense, le 20 novembre 1Ô70, l’évéché de Polignano dans les Pouilles (Pastor, op. cit., VIII, p. 228).

Pie V activa l’Inquisition dans les autres Etats italiens : à Venise, à Gênes, à Milan, à Mantoue, à Lacques. Malgré les relations fort importantes que Cènes entretenait avec les Suisses protestants, il se lit livrer parcelle république l’un des propagateurs les plus dangereux du protestantisme dans l’Italie duNord, Bartoccio, qui fut jugé et condamné à Rome par le Saint-Office. Sous l’impulsion du cardinal Facchinetti (plus tard Innocent IX), 82 procès inquisitoriaux furent engagés à Venise, pendant les six ans du pontificat de Pie V, tandis qu’il n’y en avait eu que 4< sous Pie IV (fhid., p. a30).

En même temps qu’il réprimait ainsi l’hérésie, Pie V faisait la chaise aux livres qui la propageaient et pour cela, il organisait la Congrégation de l’Index.

.Vous renverrons pour cette question à l’article Index, que l’on complétera par l’article Curie romaine, 372 à 811’i, pour la législation du Saint-Office. Voir d’ailleurs les articles Bruno (Gioiuiano), Galilée, Quiktismb, SavoNarolb…, pour divers épi. iodes particuliers.

Jean Guiraud.


SAINTS. — Le culte des Saints, cher au christianisme dès ses origines, est souvent reproché au catholicisme moderne, comme une excroissance morbide, entachée de nouveauté d’abord, et puis de superstition. On trouvera le reproche formulé avec plus ou moins de mesure, par E. Lucius, Die Anfængc des Heiligenkultes (posthume), Tiibingen,

; P, Saintvves, Les Saints, successeurs des

dieux, Paris, [905 ; Salomon Ruinach, Orpheus, etc. C’est au nom de l’adoration en esprit et vérité, qu’on dénonce dans le culte des Saints, soit une revanche du polythéisme, soit l’exhibition d’un grossier fétichisme. Ces reproches ont été rencontrés ci-dessus, notamment dans les articles Mariolatriu, Martyre, Pribrb, Reliques. On ne reprendra point ici les réponses déjà faites ; mais on se propose d’apporter quelques éclaircissements sur des points particuliers.


I. — Béatification et Canonisation.
II. — Les Martyrologes, — Les Acta Sunctor/u :..
III. — La Communion des Saints.

I. Béatification et Canonisation. — Si l’on veut porter sur ces matières délicates un jugement équitable, il importe souverainement de ne pas perdre de vue la discrétion, la prudence, la maturité, avec laquelle procède l’Eglise, quand il s’agit d’honorer publiquement les Saints. Le vaste ouvrage du cardinal Prosper Lambertini — depuis pape Benoit XIV, — codifiant une procédure séculaire, offre à cet égard des précisions édifiantes. Nous y relèverons quelques traits et engagerons le lecteur à consulter l’ouvrage lui-même, De Servorum Dei Beatificatione et Beatorum Canonizatione Libri IV, authore Prospero de Lambertinis, S. R. E. Cardinali tit. S. Crucis in Hierusalem, Anconæ primum episcopo, postea archiepiscopo Bononiae, 1 73/4- 1 "y38, 4 fol.

Le livre I pose les principes généraux dont s’inspire l’Eglise en matière de béatification et de canonisation. Dès la première page, il fait justice de calomnies dont tous les siècles ont redit l’écho et qui représentent les Saints comme les successeurs des anciens dieux, élevés par le fanatisme populaire sur les autels que le christianisme avait renversés. Ces calomnies montrent une méconnaissance totale de l’esprit qui anima le christianisme naissant et qui dirigea sa croissance. Une tradition, recueillie par Tbrtullien, Apol., v, P. L., I, 290-1, et par Eusèbe, H. £., II, 11, P. G., XX, i$o-i, veut que le Christ lui-même ail failli, dès le lendemain de sa passion, trouver place dans le panthéon romain : Pilate. ému de tout ce qu’il entendait raconter sur le supplicié mystérieux, aurait consigné les rumeurs populaires dans un rapport officiel, et Tibère en personne aurait pris l’initiative d’une propositiond’apothéose, qui d’ailleurs aurait été rejetée parle sénat. D’autres initiatives impériales, au siècle suivant, n’obtinrent pas plus de succès : sur celle d’Alexandre Sévère, renouvelée d’Hadrien, voir Lampridk, Alexandre Sévère, xi.in. Il n’entrait pas dans les desseins de la Providence, que le Fils de Dieu fût confondu, même un instant, dans la foule de ces faux dieux qu’il venait abattre ; et ses adorateurs ne songeaient pas à réclamer pour lui un partage, qui eût été un affront. Mais, quoi qu’il en soit du Maître lui-même, ses disciples n’ont-ils pas reçu des hommages qui forment le pendant exact des hommages décernés aux héros païens ? LNullement, pour qui s’attache à l’esprit du culte chrétien, non à telles formules ou à tels gestes extérieurs. Les apothéoses païennes furent d’évidentes supercheries (1). Il pouvait bien se rencontrer des témoins pour jurer qu’ils avaient vu monter au ciel Romulus et Auguste ; parfois même on prit l’ingénieuse précaution de lâcher au bon

(l) Supercheries qui étaient en réalité des actes politiques. Non, renverrons à l’article Etat (Culte o’), au tome I de ce D.ctionnairt.