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SACREMENT

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mariage v.(Sola libido nullo rcmedio potest curari, ne quidem conjugio, quod dtvinitus infirma* nalurae pro rernedio ordinatum est. Major enim pars conjugatorum vivit in aditlltriis. Cf. Dbniflb, loc. cit., t. I, p. 30, i(>8 sqij. ; Grisar, loc. cit., t. ii, p. 204) et il appuyait sa llièse de commentaires cyniques. Au témoignage de ses contemporains, les défroqués qui, entraînés par lui, s’étaient choisi des épouses, ne trouvaient pas, près d’elles, l’antidote de leurs vices ; les prédicants mariés se laissaient aller à des écarts plus fréquents et plus graves que les prêtres fidèles au célibat et à l’Eglise. Cf. Deniflr, loc. ci !. t. I, p. 168 sqq. : Grisar, loc. cit., t. I p. 4^8 sqq. ; t. II, p. 510 sqq. Ainsi donc, conelut le P. Denifle, en leur conseillant de rompre leurs vœux et de recourir au remède du « mariage », Luther n’a pas délivré de l’obsession du diable les prêtres et les religieux apostats ; au contraire, le diable n’en fut que plus fort et plus insolent : cette constatation devint même de tradition dans la corporation des prédiants. » Drmflk, loc. cil., 1. I, p. 171.

Mais admettons que le mariage, s’il était permis au clergé, préserverait du naufrage ou d’accidents pénibles quelques vertus fragiles. A quel prix payerions-nous ces sauvetages ! Le prêtre marié, c’est l’idéal défloré, c’est la vie sacerdotale ramenée au niveau d’un fonctionnarisme banal, c’est le prestige du père des âmes détruit aux yeux de son peuple, c’est le sentiment de son caractère sacré obscurci en sa propre conscienoe, c’est l’intimité de ses rapports avec Dieu compromise et la flamme apostolique étouffée en son cœur par les soucis du ménage. Qui se résoudrait à cette déchéance ? S’il faut choisir, entre un homme qui tend habituellement vers le mieux, qui s’efiforce de gravir les sentiers ardus de la [> « rfection, quiild à trébucher quelquefois pour se ressaisir aussitôt, et un honnête bourgeois qui chemine sans encombre à égale distance desabîmes et des sommets, je préfère lepremier, celui qui monte. C’est lui qui, malgré ses faux pas, arrive finalement le plus haut et entraîne à sa suite le plus d’Ames vers le ciel. A l’heure actuelle, en Angleterre, le protestantisme lai-même s’éprend de célibat, et les simples fidèles le réclament pour leurs pasteurs. Une anglicane demandait récemment moins de clergymen avec femmes et enfants, et plus de prêtres n’appartenant qu’au Seigneur. Voir la Revue hebdomadaire. 3 février 1912, p. 126. Cf. Revue pratique d’apologétique, 15août 1912, p. 775. L’Eglise catholique romaine a des prêtres, elle ne se résignera pas à se contenter de Clergymen.

Le progrès est ailleurs. Si on veut rendre meilleur encore un clergé déjà excellent, il suffit de suivre de plus près les conseils tant de fois répétés par les autorités compétentes. Qu’on surveille le recrutement, et qu’on écarte impitoyablement du sanctuaire les vocations douteuses, car Pie X nous avertit qu’ici la qualité importe plus que le nombre :

« Mieux vaut manquer de pasteurs, écrit-il an métropolitain

du Venezuela, que d’en avoir dont la perversité soitpour le peuple chrétien une cause de ruine, et non pas de salut. » Epistola ad R. P. D. Joannem Baptistam Castro, archiepiscopum Carascesem. Omnino enim præstat nullum alicubi ad este sacerdoti m qui euram animarum geiat, quant atteste ejusmodi, qui vitæ perversitateoffendens, pestent ac, perniciem christianæ plebi, prosalute, pare t. Aria, p. Sed., 1912, p. ù6. Qu’on assure aux futurs prêtres, dès leur jeune âge autant que possible, une éducation surnaturelle ; faisant écho à une longue tradition, le concile de Trente insiste sur la nécessité de former de bonne heure à la piété et aux bonnes mœurs ceux qui monteront un jour à l’autel

(Sess. xxiii, De réf., c. 18). D’autres moyens encore ont été proposés ; plusieurs concilesprovinciaux, par exemple, recommandent aux curés et aux vicaires la vie eu commun, qui pare aux dangers de l’isolement et protège l’intégrité des mœurs. Conc. prov. Burdigalensis, a. 185g, tit. 11, c.4, n. 1 ; Coll. Lac, IV, 758 ; Conc. prov. Senonensis, a. 1850, tit. iv, c.

; Coll. Lac., IV, 898 ; Conc. prov. Tolosouae, a. 1850, 

tit. 1 c. G. n. lî ; Coll. Lac, IV, io44 ; Conc. prov. Auscilanae, a. 1851, tit. 11, c. 6, n. 50 ; Coll. Lac, IV, 1 179 ; Conc. prov. Aquinensis, a. 1850, tit. v, c. 7 ; Coll. Lac, IV, <j8/ (. En tout cas, l’essentiel est de faire, de nos séminaristes et de nos prêtres, des hommes de caractère et de foi, maîtres d’eux-mêmes, portant au cœur un grand amour de Jésus, de Marie et de leurs frères.

Solutio totius dif ficiiltatis Christus ! Le problème du célibat ecclésiastique, comme bien d’auii es, se résout dans le Christ. Notre Seigneur, doi : t nous ne séparons jamais sa sainte Mère, est l’âme de cette grave discipline. C’est Lui, sa doctrine, son exemple, qui, dès l’aurore du christianisme, ût lever au fond des cœurs, surtout des cœurs sacerdotaux, l’ambition d’une pureté infiniment délicate ; c’est Lui, présent dans la sainte Eucharistie, qui demandée ses prêtres de se réserver virginalement pour Lui seul ; et c’est Lui, par sa grâce, qui leur rend ce sacrilice possible et aimable. Si on s’en tient au point de vue naturel, on peut alléguer en faveur de la chasteté quelques motifs plausibles ; de fait, des protesiants ou des incrédules ont écrit de belles pages sur ce thème : mais ils n’ont pas le secret de joindre à leurs conseils la force de les suivre, et les convictions qu’engendrent leurs raisonnements s’évanouissent au premier soufle des passions. La vérité intégrale et féeonde habite un monde supérieur, où n’atteignent que la foi et la charité : le prêtre, nous dit-elle, doit être un autre Christ ; or, le Christ fut vierge et victime, parce qu’il aima ; le prêtre sera donc chaste, pour l’amour et par la vertu du Christ.

Henri Acpfroy, S. I.


SACREMENT. — Nous indiquerons, dans cet article, les principes à l’aide desquels on peut répondre aux objections modernes relatives aux diverses questions de la théologie sacramentaire :
I. Définition du sacrement. —
II. Composition du rite sacramentel.
III. Efficacité des sacrements.
IV. Caractère sacramentel.
V. Nombre des sacrements.
VI. Leur institution divine. —
VII. Intention du ministre et celle du sujet des sacrements.

Mais, pour procéder avec plus de clarté, il convient d’exposer tout d’abord, dans une vue d’ensemble, soit las objections de nos adversaires, suit le développement historique de la doctrine de l’Eglise.

I re PARTIE. — VUE D’ENSEMBLE

Le développement des dogmes sacramentaires a été particulièrement tardif. On chercherait vainement, dans les écrivains ecclésiastiques antérieurs au moyen-âge, une doctrine précise sur le concept de sacrement, sur leur nombre, sur les éléments qui les composent, sur le rapport qui rattache le rite à la grâce, sur le caractère sacramentel, sur l’intention requise dans le ministre et dans le sujet. Il faut arriver jusqu’au xii* et au xm* siècles, pour avoir sur toutes ces questions une théologie cohérente et complète.

Proûtant de cet état de ehoses, les protestants du xvie siècle et aujourd’hui encore les protestants libéraux et les adversaires du catholicisme décla-