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SACERDOCE CATHOLIQUE

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vénériens, ont accru leur excitabilité sexuelle », ou

« cesnévropathes qui, par suite de leur constitution, 

sont allligés d’instincts sexuels très violents, morbi dément exagérés. *)L’homme normalement constitué, qui n’a pas diminue par l’abus des plaisirs sa force de résistance aux impressions sensuelles, peut même, grâce d une rit laborieuse et hygiéniquement réglée, supporter la continence d’une façon durable sans incommodité appréciable, et certainement cette continence devient en général d’autant plus facile qu’on y persévère avec plus de constance dans toutes les circonstances. » (Docteur L. Lowenfeld, loc. cil., p. 54. C’est l’auteur qui souligne).

Il serait aise de multiplier ces citations, Cf. Docteur Di’BOis, professeur ^de neuropathologie à la Faculté de médecine de Berne, les Psychonévroses et leur Traitement moral, leçons faites à l’Université de Berne, 2e édit., 1900, p. 3go. Dubreuilh, professeur de dermatologie à la Faculté de médecine de Bordeaux, Chronique médicale, 1906, p. 714. Gkmblli, Aon moechaberis, i" édit., Florence, 191 1, p. 79 sqq. Docteur Paul Goy, Dictionnaire apologétique de la foi catholique, v* Célibat, et De la Pureté rationnelle. Paris, M iloine. Docteur Good, ex-médecin delà marine. Hygiène et Morale, p. l sqq. Chanoine Mourbau et Docteur Lavrand, Le médecin chrétien. Paris, Lethielleux, 1902, p. a54 sqq. Docteur Surblhd, la Morale dans ses rapports avec la médecine et l’hygiène t. I, Célibat et Mariage, 3e édit. Paris, Beauchesne, p.^sqq ; la Vie déjeune homme, ^e édit. Paris, Maloine, 1912. G. Wbyoandt, Primat docentde psychiatrie à l’Université de Wurzbourg, Atlas-manuel de psychiatrie. Edition française par le docteur J. Roubinovitch, médecin-adjoint de la Salpêtrière. Paris, Baillière et tils, 1904, p. 19 etc. Retenons comme un faitacquis que la continence est desoiinoffensive. Quant aux déséquilibrés dont le tempérament, à raison de tares individuelles, s’accommoderait mal de la chasteté, ce n’est pas dans leurs rangs que se recrute normalement le clergé catholique ; l’Eglise n’avait donc pas à tenir compte de leurs misères spéciales, quand elle fixait le droit commun des clercs. Les victimes du célibatcanonique, s’ily en a, sont fort rares. Le martyrologe du mariage serait autrement riche. Une femme meurt en donnant le jour à son enfant, un chef de famille succombe à la peine en travaillant pour les siens ; indirectement, mais réellement, c’est le mariage qui les tue. S’ensuit-il que le mariage soit une institution néfaste ? S’ensuit-il même que cet homme et cette femme aient eu tort d’en assumer les charges et de risquer quelque chose pour fonder un foyer ? Non, sans doute, parce que le but de l’existence n’est pas de se bien porter ; la santé, comme tout autre bien créé, n’est qu’un moyen de servir Dieu, de sauver son âme, et d’aider le prochain à se sanctifier ; il est licite, et quelquefois obligatoire, de la compromettre pour une fin plus haute. L’ouvrier quimanie ses outils sait bien qu’il les use ; il s’en sert, cependant ; et si on lui commande une tâche plus difficile qui l’expose à les briser, mais mieux rétribuée et plus glorieuse à son art, il n’hésite pas : il se résigne à perdre un instrument pour produire un chef-d'œuvre. Ainsi le jeune homme dignedu sacerdoce a compris la beauté de la chasteté ; il l’aime, il la veut, avec tous les sacrifices qu’elle comporte et qui en font la valeur. Alors même qu’il s’imaginerait qu’elle lui coûtera plus cher qu’aux autres, que, contrairement à larèglecommuneetaux assurancesdesmédecins, elle lui prendra un peu de sa santé et quelques années de son existence, il en voudrait encore, et il l’aimerait davantage, heureux de ressembler de moins loin au divin Prêtre, le Christ vierge et crucifié.

Tome IV.

Une dernière objection, plus perfide, s’attaque à la moralité du célibat. Sans doute, dit-on, la loi qui le prescrit aux prêtres serait de nature à les sanctifier, mais à condition qu’elle fût observée loyalement, dans l’intime de la vie privée et au fond de la conscience, comme dans la conduite extérieure et aux yeux du peuple. Or, elle ne l’est pas, elle ne l’a jamais été.) En enlevant aux ministres de l’autel la possibilité d’unions légitimes, conformes au vœu de la nature, l'Église n’a réussi qu'à les provoquer au péché. Ils ont cherché dans des désordres plus ou moins secrets des satisfaction » qu’ils n’avaient plus le moyen de se procurer honnêtement. C'était fatal, car « qui veut faire l’ange, fait la bête », et il n’est que temps de revenir au conseil de saint Paul : il vaut mieux se marier que de brûler. I Cor., vii, 9.

Une remarque très simple suffit de prime abord à jeter quelque doute sur le bien-fondé de pareilles accusations. Si les effets du célibat sont aussi désastreux qu’on le prétend, comment se fait-il que l'Église maintienne sur ce point avec tant d’insistance sa législation traditionnelle ? Les conciles et les papes ont le souci de la gloire de Dieu et de l’honneur du clergé ; toute leur œuvre disciplinaire trahit la préoccupation de diminuer les fautes, de promouvoir la sainteté chez les fidèles et plus encore chez les pasteurs. D’autre part, les chefs de la hiérarchie, qui n’en atteignent le sommet qu’après en avoir parcouru tous les degrés, connaissent mieux que personne le fort et le faible du corps sacerdotal. Or, ils ne consentent, en fait de chasteté, à aucune concession ; avec une énergie calme et confiante, ils persistent à vouloir que les sous-diacres s’engagent à la continence, et ils réprouvent toute velléité contraire aussi résolument que s’il s’agissait d’une hérésie. C’est donc qu'à leur avis le célibat clérical produit autre chose que des fruits pourris ; ils estiment que cette loi austère est assez obéie pour que le bien qu’elle fait compense le mal dont elle serait l’occasion. Voilà qui nous avertit de ne pas accepter sans contrôle certaines déclamations trop retentissantes contre la corruption universelle du clergé.

De fait, les auteurs de ces pamphlets usent d’un procédé injuste et déloyal. Ils accumulent en un effrayant raccourci tous les scandales qui ont désolé l'Église au cours des siècles, et devant ce tableau où ils n’ont peint que des horreurs, ils se voilent la face, il crient que c’est Babylone et ses prostitutions… Mais en vérité, cette série de crimes est loin de constituer tout le passé et tout le présent de l'Église ; réduire son histoire à ce peu de pages sombres, c’est la mutiler, donc la dénaturer. La perspective d’ensemble, qui, seule, permettrait un jugement équitable, est plus large et plus claire : au delà de quelques régions obscures et tristes, elle développe au regard des horizons splendides.radieusement illuminés.

Oui, l’incontinence des clercs fut une plaie dont l'Église, à certaines périodes, souffrit eruellement. Mais en même temps que des prévaricateurs, il y eut toujours des saints. Chaque siècle en a connu. C'étaient souvent des prêtres et des religieux, héroïquement fidèles à leur vœu de chasteté, et ce renoncement à leurs sens fut d’ordinaire le premier effort de leur ascétisme, comme la pierre angulaire qui supporta tout l'édifice de leur perfection. A leur école, se formèrentdesélites nombreuses de disciples qui suivirent la même voie ; sans parvenir à la gloire de leurs maîtres, ils laissèrent cependant une mémoire vénérée ; les annales de chaque diocèse, de chaque ordre religieux, compteraient par centaines

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