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5° Beaucoup d’auteurs protestants, en remettant à chaque individu le soin de juger de la divinité et du sens des Ecritures, se sont vus entraînés à admettre la réalité d’une révélation particulière faiteà chacun dans ce but. Mais leur point de départ est purement imaginaire ; leur système est contraire à la doctrine formelle du Christ et de la tradition apostololnjue sur l’inierprétation des Ecritures ; l’expérience prouve enfin qu'à moins de supposer d’innombrables contradictions dans l’esprit révélateur, les jugements portés par les individus sur l’inspiration et la signification des textesbibliquessontaussi contraires à la vérité qu’ils sont inconciliables entre eux. La révélation générale ne dépend donc pas des révélations particulières.

(i ' Quand elles sont vraiment divines, ces révélations particulières obligent ceux que Dieu a voulu obliger d’y croire et ceux-là seulement. Ce sont les personnes à qui elles ont étéfaites, et celles pour qui leur vérité historique et théologique est certaine. Le nombre de ces personnes pourra être plus ou moins grand, selon les desseins et les opérations de la divine Providence ; mais il n’embrassera jamais l’humanité entière, pour cette raison précisément que Dieu n’a pas conlié aux organes et aux interprètes de la révélation universelle ces révélations particulières ; il l’eût fait à coup sûr, s’il eût voulu qu’elles aussi fussent universellement promulguées et imposées à la foi de tous.

(Voir les indications bibliographiques fournies aux mots Apparitions, Extase, Prière).

J. Diihot.


RÉVOLUTION. — Nous toucherons très brièvement trois points :


I. Aperçu historique de la Révolution française.
II. L’esprit delà Révolution.
III. Origine de la Déclaration des Droits de l’homme.

I. APBRÇO HISTORIQUE 1>B LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

L’histoire de la Révolution française, quant à sa première période, se confond avec l’histoire du mouvement qui aboutit à la mort du roi Louis XVI. Qu’il suffise de renvoyer à l’article consacré ci-dessus à la personne de ce roi par M. Max. db la Rochbtbhib. Le rôle des sociétés secrètes dans les origines et le progrès de la Révolution a été mis en lumière p.ir M. G. Gauthkrot, à l’article Kuanc-Maçonnkrib, col. io4-iog. Nous prenons l’histoire du mouvement révolutionnaire à la date du 21 janvier 1793.

La Convention nationale (sept. 1792-oct. 179")). — On peut diviser en trois périodes l’histoire de la Convention : l’une va de ses débuts à la proscription des Girondins, la deuxième comprend le régime de la Terreur, et la dernière : la réaction thermidorienne suivie du 13 Vendémiaire.

a) Procès de Louis XVI, antagonisme de la Montagne et de la Gironde.

La Gironde forme la droite de la Convention, les Montagnards occupent la gauche et effraient les membres de la Plaine, lesquels, hésitants, pusillanimes, lâches souvent, mériteront bien l’appellation de « Crapauds du Marais ». L’antagonisme devint bientôt féroce entre la Gironde et la Montagne ; l’Assemblée et les journaux accusèrent l’acuité de la lutte. La province soutenait la Giron le, où M : iit- Roland jouait un rôle important ; la Commune, la populace, les Clubs appuyaient la Montagne. Le pr >cès de Louis XVI fut certainement engagé pour détruire la Gironde.

Le régicide du 21 janvier fut considéré comme un déli jeté à tous les souverains d’Europe et décida l’Angleterre, l’Espagne, la Hollande, la Russie à se joindre à la coalition déjà formée par l’Autriche, la Prusse et le Piémont. D’autre part, commençait le soulèvement de la Vendée qui allait s'étendre bientôt en Bretagne, dans le Maine et l’ouest de la Normandie. La Convention décréta la levée en masse de 300.ooo gardes nationaux et l'émission de deux milliards d’assignats. La Commune de Paris intervint pour exiger qu’on en finît avec les ennemis du dedans avant de s’occuper de ceux du dehors. Un

« tribunal criminel extraordinaire » et un « Comité

de Salut public » furent institués dans ce but. C’est en vainque Vergniaud déploya toute son éloquence contre la Commune. Robespierre et Marat disposaient des sections et de la populace, « poignée de brigands, rebut de l’espèce humaine », suivant le mot du grand orateur.

La dictature du Comité de Salut public marquait l’avènement delà Terreur.

b) Le régime de la Terreur.

Toutes les personnalités susceptibles de gêner le Comité furent mises hors la loi. La levée en masse fut étendue à tous les citoyens âgés de dix-huit à soixante ans. Les créances sur l’Etat furent transformées en rentes inscrites sur le grand-livre de la dette publique ; la loi du « maximum », contraignant les commerçants à fournir à un prix déterminé les denrées de première nécessité, détruisit la liberté des transactions. L'échafaud érigé place de la Révolution fonctionna quotidiennement. La reine Marie-Antoinette fut une des premières victimes. Aux Girondins succédèrent des Montagnards et le duc d’Orléans, Philippe-Egalité, dont le nom figurait cependant sur la liste des Régicides.

Une Constitution, dite « de l’An II », d’ailleurs inapplicable, dont Hérault de Séchelles était l’auteur, plaçait l’autorité gouvernementale dans les assemblées primaires, auxquelles devaient assister même les indigents… et chaque commune devait posséder son comité révolutionnaire.

La folie sanguinaire gagnait tous les coins de la France. Collot d’Herbois à Lyon, Barras à Toulon, Tallien à Bordeaux, Carrier à Nantes rivalisaient de cruauté. Chateaubriand devait plus tard qualilier ainsi ce régime : « La Terreur ne fut pas une invention de quelques géants ; ce fut simplement une maladie morale, une peste. » Aux supplices, aux massacres, aux exécutions s’ajoutait un délire d’impiété, dérivant plus ou moins directement des principes d’athéisme et de haine religieuse des philosophes, des voltairiens, des adeptes des sectes.

Ordre fut donné de détruire les objets du culte catholique, vestiges du fanatisme I Le caveau de SaintDenis, où reposaient les tombes de nos Rois, fut odieusement profané ; la châsse de sainte Geneviève fut brûlée en place de Grève. L'évêque constitutionnel Gobel fut acclamé à la Convention quand il déclara ne plus professer d’autre culte que celui de la liberté. L'église métropolitaine de Notre-Dame devint le Temple de la Raison, et, dans une cérémonie où triomphaient le grotesque et le ridicule, les autorités municipales vinrent en grande pompe se prosterner devant une déesse qu’incarnait une actrice de l’Opéra ! Les noms des saints étaient rayés du calendrier, le décadi remplaçait le dimanche ; les noms des mois étaient changés. Le Prussien Anacharsis Clootz se prétendait « l’ennemi personnel de Jésus Christ ». Des décrets avaient autorisé le divorce, assimilé les enfants naturels aux enfants légitimes et sapé ainsi les fondements de la famille chrétienne.