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REVELATION DIVINE

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Un essai particulier de solution. — Néanmoins, en présence de difficultés qui « ’adressent surtout à l’imagination, des théologiens scolastiques ont cru devoir élever la question dans une sphère où l’imagination n’a plus rien à voir, et demander une réponse à la raison pure. Ils prétendent bien d’ailleurs s’attacher étroitement aux données de la tradition et en donner une interprétation rigoureuse. Ils raisonnent ainsi.

Ce que la tradition chrétienne nous enseigne, c’est l’identité pure et simple du corps ressuscité, sans référence spéciale aux éléments matériels qui le constituaient à l’instant de la mort, sans distinction entre le corps de l’enfant et celui de l’adulte ou du vieillard. Et de fait, le corps qui participa au mérite ou au démérite de l’àme, c’est le corps tout court, sang acception de sa composition particulière à tel point de son existence terrestre. Dans cette donnée de la tradition, il y a une invitation à étreindre le seul principe d’identité qu’on puisse, en bonne métaphysique, saisir dans l’être humain : ce principe d’identité est l’âme spirituelle, forme substantielle du corps, donnant à la matière corporelle non seulement la vie, mais l’être même. Qu’on se rappelle les expressions du Concile de Vienne (131 1/2), D. B., 48 1 (40g). Dès lors, il n’y a point à raffiner sur l’identité des particules matérielles, toute l’identité dont elles sont capables leur venant de l’âme spirituelle qui les informe : cette âme spirituelle demeurant identique à elle-même, l’identité du corps qu’elle informe demeure assurée en tout état de cause.

Tel est le système élaboré par Durand, In IV d., 44 ; déformé par Mgr Laforht, Dogmes catholiques, t. IV, 1. XXVII, 11, 2, p. 448, Paris-Tournai, 1860 ; repris, de no9 jours, par S. E. le Cardinal Billot, Quæstiones de Novissimis" 1, thés, xiii, Komae, igo3, et par quelques-uns de ses disciples. Nous nommerons M. le Chanoine J. Van ubr Mbbrsch, Collationes Brugenses, t. XV, 1910.

Durand s’exprime ainsi, In IV d., 44 q. 1 n. 4 : Corpus Pétri non potes t esse nisi composition ex materia et anima Pétri, quæ dat ipsi taie esse ; et per enndem rationem non potest esse corpus Pauli nisi composition ex materia et anima Pauli dante taie esse ; ergo anima Pétri non potest esse in corpore Pauli, nece converso, nisi anima Pétri fiât anima Pauli, vel simul in eadem materia sit anima Pétri cum anima Pauli ; sed utrumque istorum implicat contradictionem…

Par là on coupe court, effectivement, à la difficulté tirée du cas de l’anthropophage, et à beaucoup d’autres difficultés. Est-il également sûr qu’on fasse justice à la tradition ? Que d’autres en décident. Ou ne saurait dissimuler que la tradition demeure attachée à une certaine identité des éléments matériels, dont nous ne voyons pas clairement que l’on rende compte par le seul appel à l’àme, forme substantielle du corps ; identité qui persiste après que ces éléments matériels sont déchus, par la mort, du degré d’être qu’ils occupaient dans la personne humaine, et qui doit être le fondement de la résurrection corporelle. Cette identité est reconnue par un docteur aussi fermement attaché à l’unité île forme substantielle que saint Thomas. Il s’exprime ainsi, IV C. G., 81 :

… Ex coniunclione eiusdem unimac numéro ad tandem materiam numéro, homo unus numéro reparabitur. Corporeitas auiem dupliciter accipi potest. Uno modo secundum quod est forma substantialis corporis, prout in génère substantiæ collocatur ; et sic corporeitas cuiuscuinque corporis nihilest aliud quam forma substantialis eius. secundum quam in génère » t s pecie collocatur ; ex qua debettir reicorporali quod

habeat très dimensiones. Non enim sunt divtrsae formæ subtantiales in uno et eodem, per quaritm unam collocatur ing « nere supremo. puta substantiae, et per aliam in génère proximo, puta in génère corpvralis vel animalis, et per aliam in specie, puta hominis aut equi… Oportet igitur quod corporeitas, prout est forma substantialis in homine, non sit aliud quam anima rationalis… Alio modo accipitur corporeitas prout est forma accidentalis, secundum quam dicitur corpus esse in génère quantilatis ; et sic corporeitas nihd aliud est quam très dimensiones quae corporis rationem constituant. Etsi igitur hæc corporeitas in nihilum cedit corpore humano corrupto, tamen impedire non potest quin idem numéro résultat, eo quod corporeitas modo primo dicta non in nihilum cedit, sed eadem manet…

Donc saint Thomas n’ignore pas que l’àme spirituelle est le principe de l’identité de l’homme vivant ; mais il ne laisse pas de reconnaître à la matière corporelle une certaine identité essentielle, en vertu de laquelle elle est eadem materia numéro. Or telle, et non pas autre, est l’identité qu’il requiert dans le corps humain ressuscité. Dira-t-on qu’elle est sauve du seul chef de l’identité de la forme substantielle ? Telle n’est pas la pensée du saint docteur, In IV d., 44 q. 1 a. 1 sol. 1 (= III a, Suppl., q.79 a.i). Après avoir écarté toute « orte de métempsycose, il ajoute, ad 3 m :

Illud quod inteilegitur in materia ante formant, remanet in materia post corruptionem : quia, remoto posteriori, remanere adhuc potest prius. Oportet autem… in materia generabtlium et corruptibiliiiin ante formant substantialem intellegere dimtnsiones non terminatas, secundum quas attendatur dWisio inateriae, ut diversas formas i’t diversis partibus reci-, père possil : unde et post separationem formæ substantialis a materia, adhuc dimensiones illæ ntanent eædem ; et sic materia sub illis dimensionibus existens, quamciimqiie formant accipiat, habet maiorem identttaiem ad illud quod ex ea generatum fuerat, quam aliqua pars alia materiæ sub quacumque forma existens ; et sic eadem materia ad corpus humanum reparandum reducetur quæ prias eius materia fuit.

Cela signifie clairement que la matière du corps humain demeure marquée par cette appartenance et que la résurrection doit lui rendre cette matière, identiquement. Telle était la pensée de saint Thomas, commentateur des Sentences.

Donc, quel que soit le mérite du système discuté, nous ne croyons pas qu’il soit fondé à revendiquer le patronage de saint Thomas. Pour cette raison entre autres, nous n’engagerons pas le lecteur à s’y rallier.

Quant au Docteur angélique, assurément il ne prétend pas éliminer le mystère inhérent au dogme de la résurrection corporelle ; mais nous croyons qu’il le situe exactement. On a vu ci-dessus comment il permet de faire face aux difficultés les plus pressantes.

A. d’Ai.ks.


RÉVÉLATION DIVINE. — Les éléments de cette question capitale se trouvent répartis dans de nombreux articles du Dictionnaire, où l’on pourra les ressaisir ; voir spécialement quant à la Révélation de l’A. T., l’article Prophktismb Israélite ; quant à la Révélation du N. T., les articles JÉsus-Chiust, Evangiles, Paul (S.) bt Paulinisme ; quant à la conservation de la donnée révélée par le magistère doctrinal, Eglise, Dogmb, Tradition ; quant aux caractères de la Révélation divine, Inspiration