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RESURRECTION DE LA CHAIR

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ne l’appuie nullement. Blucidarium, III, xvi, l'.l.., CLXXI1, i 161| A : Magis eredendum est omîtes in Ma aetate et in Ma mensura resurgtre et ibi up parère. qua confiait eos hinc migrare.

C. Document » du Magistkrb ecclésiastique. — La résurrection des morts ligurait, dès avant le quatrième siècle, dans les symboles baptismaux. Au quatrième siècle, elle figure au symbole de NicéeConstantinople.Des symboles postérieurs l’allirment, avec de » précisions significatives.

V Athanasianum (v-'/vi* siècle), D. B., lo : adeuius adventumomnes homines resurgere habent cumeorporibus suis.

Symbole de saint Léon IX, à Pierre d’Antioche (io53) D. B., 347 : Credo etiam veram resurrectionem eiusdem carnis, quam nunc gesto, et vitam aeternam.

Innocent III, Profession de foi des Vaudois (1208), D. B., ti-j : Corde credimus et ore confitemur huius carnis, quam gestamus, et non dlterius, resurrectionem. — De même, IVe Concile de Latran (1215), #. B., 429.

Grégoire X, Profession de foi de Michel Paléologue, IIe Concile de Lyon (1 2^4). D. B., 464 : Credimus etitim veram resurrectionem huius carnis quam nunc gestamus, et vitam aeternam.

Benoît XII, Constt. Benedictus Deus (29 janv. 1 336), D. B., 53 1 : De/inimus insuper quod, secundum Dei ordinationem communem, animæ decedentium in actuali peccato mortali mox post mortem suam ad inferna descendunt, ubi poenis infernulibus cruciantur, et quod nihilominus in die iudiciiomnes homines ante tribunal Chritti cum suis corporibus comparebunt, reddituri de jadis propriis rationtm, ut référât anus quisque propria corporis, prout gessit sive bonum sive malum (II Cor., v, 10).

On n’oubliera pas les honneurs rendus par l’Eglise à la dépouille mortelle des Saints (voir article Reliques) ; ni les lois traditionnelles delà sépulture chrétienne (voir article Incinération ; à supplémenler par le récent C1C, can. 1203, 1 : Fidelium defunctorum corpora sepelienda sunt, reprobata eorundem crematione ; cî.ibid., 2 ; iao4 ; ia40, 1 n. 5 ; 2339).

D. Elaboration scolastiqub. — Le dogme de la résurrection corporelle, qui montre le corps et l'âme associés outre-tombe dans la récompense et le châtiment, comme ils le furent ici-bas dans le mérite ou le démérite, donne satisfaction intime à notre instinct d'équité ; il appuie les sanctions divines, en ouvrant à notre nature sensible des perspectives qui l'émeuvent ellicacement. Mais il demeure profondément mystérieux, et les réponses données par les Pères aux objections de l’incrédulité n’expliquent pas le comment de la résurrection.

Le corps qui ressuscite est le même qui fut mis au tombeau, le même peut-être qui fut consumé par les flammes et dont les cendres furent jetées à tous les vents du ciel. Quant aux particules de matière qui ont traversé l’organisme humain sans y être fixées définitivement, elles ne sont pas désignées pour la résurrection.

La résurrection glorieuse doit réparer toutes les ruines et parfaire l’homme tout entier. Donc elle suppléera toutes les mutilations, tous les déchets ; elle effacera tous les ravages de l'âge et de la maladie, elle conduira les enfants à la stature de l’homme parfait. Là-dessus, les Pères font appel à la toute-puissance divine. On a entendu ci-dessus saint Jérôme et saint Augustin ; Pibrrb Lombard (IV d., 44) et saint Thomas acceptent leur sentiment. Mais cet appel, qxiî escompte non seulement un remaniement profond de tout l’homme, mais, en bien des cas, des

apports ou des soustractions de matière, confond l’imagination et, à première vue, fait brèche au principe même de l’identité du corps avant et après la résurrection.

Ne nous arrêtons pas au problème que pose le renouvellement intégral de l'être humain par la circulation incessante de la vie. Opposer à cette difficulté une simple lin de non-recevoir.ne semble ni légitime ni utile. Cela ne semble pas légitime, car les physiologistes ne connaissent aucune raison positive d'écarter une telle hypothèse, suggérée par toutes les vraisemblances : la permanence d’un résidu qui garantirait, de la conception à la mort, l’identité de l'être humain, est indémontrée. Cela ne semble pas utile, puisque, d’après l’opinion commune, seuls les élémentscomposant l’organisme à l’inslanidelamort sont intéressés dans la résurrection, à l’exclusion des éléments rejetés au cours de l’existence antérieure. Saint Thomas admet simplement l’hypothèse du renouvellement intégral, comme plus probable, et ne craint pas d’y faire face, la foi nous enseignant seulement que l’homme renaît de ses cendres. In IV d., 44 q. 1 a. 2 sol 5 (= III », Suppl., q. 80 a. 5) :

Illud quod est materialiter in homine, non habet ordinem ad resurrectionem, nisi secundum quod pertinet ad veritatem humanæ nalurae, quia secundum hoc habet ordinem ad animam rationalem. Illud autem totum quod e$t in homine materialiter, pertinet quidem ad veritatem humanæ naturæ quantum ad id quod habet de specie, sed non totum considerata materiæ totalitate, quia tota materia quæ fuit in homine a principio viiæ usque ad finem, excederet quantitatem débitant speciei, ut III & opinio dicit, quae probabilior inter cèleras mihi videtur ; et ideo totum quod est t’a homine resurget, considerata totalitate speciei, quia attenditur secundum quantitatem, figuram, situm et ordinem partium ; non autem resurget totum, considerata totalitate materiae.

La distinction entre la quantité essentielle, due à l’espèce, et la quantité accidentelle de matière, en tel individu, permet de faire face à d’autres objection » qui parfois ont paru troublantes. Dès le n* siècle (Athénagohb), des Pères se sont posé le cas de l’anthropophage, soit immédiat, soit médiat : tel homme a mangé son semblable ; tel autre a mangé la chair d’un animal qui avait dévoré un autre homme. Serat-on amené à concevoir que la même particule matérielle devra participer en enfer au tourment du feu, dans le ciel au bonheur sensible, à des titres différents ? Non, si l’on évite une conception étroite et grossière de l’intégrité matérielle requise pour constituer l'être humain. Plus large, enmême tempsquetrès traditionnelle, estla conception développée par saint Thomas, IV C. Génies, 80-89, et reprise de nos jours par d’excellents théologiens, tels que les RR. PP. Muncunill, S. I., Tractât us de Deo Creatoie et de A’ovissimis, p. 631-650, Barcinone, 192a ; B. Bbraza, S. I., Tructatus de Deo élevante, de Peccato originali, de I/ovissimis, p. 645-653, Bilbao, 1924.

D’après cette conception, le corps humain vivant résulte de l’union immédiate de l'âme spirituelle à la matière prime, et tient de cette âme tout son être actuel. D’ailleurs, le corps vivant ne possède qu’une fixité relative : il se renouvelle peu à peu par apport d'éléments nouveaux, par élimination d'éléments anciens, et le renouvellement pourrait être intégral sans préjudice pour l’identité de la personne. Sans préjudice de cette même identité, une partie de matière pourrait être abandonnée par le corps ou une partie lui être adjointe lors de la résurrection, par la toute-puissance du Créateur. La tradition des Pères comporte une certaine souplesse que les penseurs du moyen âge ont conservée.