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RESURRECTION DE LA CHAIR

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Saint Epipuane, Hatr., lxiv, 67.68, P. G., XLI, 1188 :

Notre Sauveur et Seigneur Fili de Dieu, Tenu pour nous apporter la pleine certitude de notre vie a venir, u exprime en lui-même beaucoup de vérités pour nous en instruire. Il pouvait déposer une purtie de lui-même et en ressusciter une partie, selon ton imagination destructive et ton amas de vains raisonnements, 6 querelleur. Muis il te confond immédiatement en disant : Si le grain lit froment, qui tombe en terre, ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, 1/ produit beaucoup Je fruit (loan., III 34). Qu’entendait-il par ce grain ? Chacun voit, le monde entier confesse qu’il parlait de lui-même, de son corps fait de la chair sainte qu’il avait prise de la Vierge Marie, enfin de toute son humanité. Tomber et mourir doit s’entendre selon qu’il dit : Oit sera le corps, là s’asstmbleront les aigles (Mat, xxiv, 28) : il parlait des trois jours que son corps reposa au tombeau, toi-même en conviens. Car sa divinité ne connaît ni repos, ni cbute, ni contrainte, ni changement. Donc, le gruin de froment mourut et ressuscita. Rst-ce tout le grain qui ressuscita, ou un reste fut-il abandonné ? Est-ce un outre grain que le grain qui existait, ou le même, qui futappelé à l’existence, ce corps enseveli par Joseph, déposé dans un sépulcre neuf, qui ressuscita ? Tu ne saurais nier. De qui donc les anges annoncèrent-ils aux femmes la résurrection ? Ils dirent : Qui cherchez-nous ? Jésus de Xazareth. Il est ressuscité, il n’est plus là ; venez voir la place (Mat., xxvin, 5. 6). C"mme qui dirait : Venez voir la place, et faites comprendre à Origèue qu’il n’y a point ici de reste, que tout est ressuscité. Pour te montrer que tout est ressuscité : Il est ressuscité, il n’est point ici. Voilà de quoi réfuler ton bavurdarge. montrer qu’il ne reste rion de lui, que cela même est ressuscité qui fut cloué, percé par la lance, saisi par les Pharisiens, conspué. A quoi bon insister pour confondre le bavardage de ce misérable vaniteux ? Ainsi, comme il ressuscita, comme il releva son propre corps, il nous relèvera aussi.

Ces invectives rendent-elles pleine justice à la pensée d’Origène ?ll est permis d’en douter. Saint Jkhomb, qui ne le ménage pas non plus, nous fournit du moins les éléments d’une appréciation plus équitable, en montrant Origène, dans ses livres De Hrsttrrectione et ailleurs, préoccupé de frayer sa voie entre deux erreurs opposées : d’une part, le matérialisme grossier qui imputerait aux corps ressuscites toutes les fonctions et tous les besoins de » corps humains dans l’état présent ; d’autre part, le spiritualisme outré des hérétiques/ Marcionites, Valentiniens, Manichéens et autres, qui n’admettent de salut que pour l’esprit et en excluent absolument le corps. Voir C. loannem Uievusolynilarium, xxv sqq., P. G., XXI11, Z-/o sqq..Notamment xxvi, 376 D, citation d’Origène : Est singulis seminibus ratio quædam a Deo artifice insila, quæ fuiltras mater ias in medullæ principiis tenet. Et quomodotanta arboris magnitudo, truncus, rami, puma, folia, non videnlur in se mine, sunt tamen in ratione seminis, quum Græci trntppœtacof Xé/o » vocant ; et in grano frumenti est intvinsecus vel meditlln vel ventila, quae cum in terra /uerit dissoluta, trahit ad se vicinas mnlcrias et in stipulant, folia, aristasque consurgit ; aliudque moritur etaliud resurgit. Cette considération des raisons séminales, destinée à rendre raison de ce fait incontestable qu’est le renouvellement incessant des tissus vivants, paraît susceptible d’une interprétation correcte. — On trouvera les textes d’Origène, P. G., XI, 91-100. — Comparer Pamphilb, Apol. pro Origen., vii, P. G., XVII, 598 ; Rcii*, Apol., I, v-ix, P. /.., XXI. 5/J4-8.

Adaman’tius, De recta in Deum fide, v, /’. G., XI, 18.">3-G ; 1868 ; éd. Van de Sande Hackhuyzen, xvt, xvn, xxtv, p. ao4-aio ; 326, écarte, par une lin de non-recevoir, les considérations physiologiques touchant le renouvellement du corps par voie d’assimilation et d’élimination. Il affirme énergiquement la

présence d’un invariant corporel, et en donne pour preuve la permanence des mutilations subies par le corps et des cicatrices qui l’ont marqué. Il ramène, en des termes très semblables à ceux d’Hippolyte, la considération du grain jeté en terre et donnant naissance à une tige nouvelle, sans détriment de sa propre identité.

Mais l’idée, familière à Origène, de l’identité substantielle du corps, nonobstant le flux perpétuel de matière, est commune parmi les Pères, tant Grecs que Latins.

Saint Basile, // » Ps., xliv, 1, P. G. XXIX, 388 :

Nous sommes, entre les êtres raisonnables, particulièrement soumis à des altérations et des changements de chaque jour et presque de chaque heure. Ni de corps ni de volonté, nous ne sommes identiques a nous-mêmes ; mais notre corps, toujours s’écoulant et se dissipant, est en mouvement et en transformation, soit qu’il croisse en stature, soit que de l’état parfait il décroisse, .. Cf. In Ps., exiv, 7, 492-3.

SaintGRÉGOiREDB Nyssb, De hominis o/h’/îcio, xxvii, P. G., XLIV. 225-8 :

Rien n’empêche de croire que, de la masse commune, les éléments propres feront retour au corps lors de la résurrection ; surtout à bien réfléchir sur notre nature. Car nous ne sommes pas complètement livrés à l’écoulement et à la transformation. Ce serait chose incompréhensible qu’une totale instabilité de nature : à parler exactement, il y a en nous un élément stable et un autre qui évolue. L’élément qui évolue, par accroissement et décroissance, est le corps, semblable à des vêtements qu’on change avec 1 âge. L’élément stable, qui échappe à tous les changements, c’est la forme, qui ne dépouillé pas les caractères une fois imprimés par la nature, mais, à travers tous les changements du corps, conserve ses traits distinctifs… Donc ce qui adhère à la partie divine de l’âme, ce n’est point l’élément soumis au flux de l’évolution et à la transformation, mais l’élément stable et inaltérable du composé humain. Mais comme les diverses combinaisons produisent les diversités de forme, comme la combinaison résulte du mélange des éléments, comme on Hppelle éléments les matériaux dont l’assemblage constitue le corps humain, nécessairement, des lors que la forme demeure proche de l’âme, comme l’empreinte d’un cachet, les éléments qui ont 1 eçu cette empreinte sont reconnus par elle, et lors de la restauration elle attire à elle ces éléments qui répondent A sa forme, c’est à-dire ceux qui en furent marqués dès i’orilj ; ne. — Voir De anima et resurrectione, passim, P. G.., XLVI, 11-160.

Dans ce développement de saint Grégoire de Nysse, où il s’efforce de concilier l’identité de la personne vivante avec le flux de la matière corporelle, nous voyons une expression’particulièrement heureuse de la théorie origéniste des raisons séminales.

Saint Antoine, patriarche des moines, d’après le récit de saint Athanase, Vita Anton., xci, P. G., XXVI, 972, fait à ses disciples ses recommandations pour sa propre sépulture. Qu’on mette son corps au tombeau ; il lui sera rendu incorruptible, par le Christ, au jour de la résurrection.

Saint Epipuanb montre dans le rite de la sépulture chrétienne un indice de la croyance à la résurrection corporelle : car ce qu’on enferme dans le tombeau, ce n’est pas l’âme, qui est où Dieu sait, et n’a point à ressusciter, mais bien le corps. Ancorat. , i.xxxvi, P. G., XL1II, 176.7.

Saint Cyiullb de Jkiiusalkm consacre à la résurrection corporelle sa xvuie catéchèse ; il dit notamment, 18, P. G., XXXIII, io^o : Ce corps ressuscite, non point avec son ancienne faiblesse, mais pourtant lui-même ; revêtu d’immortalité, il est transformé, comme le fer au contact du feu, ou plutùt de la manière que Dieu sait.

Saint Jean Cuiiysostomb trouve dans la mort de la