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RÉSURRECTION DE LA CHAIR

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scandale de la raison. Ils se plaisent à redire que Dieu, après avoir, une première fois, assemblé pour la vie les éléments du corps, saura bien les réunir encore, quel que soit leur étal de dispersion. Nous citerons quelques témoignages. Une enquête beaucoup plus étendue a été réalisée par le R. P. F. Sbgahra, S. I., dans six articles des Esiudios Ecclesiasticos (Madrid), publiés de 192a à icja5, sous ce titre : Identidaddel cuerpo mortal y resuscitado. On peut consulter aussi l’article Corps glorieux, par S. G. Mgr Chollkt, dans le Dict, de Théol. cath. (1907). Dès le i L’r siècle, saint Clémbnt de Romk écrit aux Corinthiens, xxiv :

Considérons, mus bien-aimés, comment le Maitre nous représente coiuinuellement la résurrection à venir, dont il a donné les prémices dans le Seigneur Jésus-Christ ressuscité des morts. Voyons, mes bien aimés, la résurrection qui s’accomplit en son temps. Le jour et la nuit nous montrent une résurrection : la nuit se couche, le jour se lève ; le jour s’en va, la nuit survient. Prenons les traits : comment et de quelle sorte se font les semailles ? Le semeur gji-t et jette en terre les diverses semences, qui, tombées en terre, sèches et nues, se dissolvent ; de leur dissolution, la magnifique providence du Maître les ressuscite, et de l’unique graine en fait naître plusieurs et sortir le fruit.

— Après quoi, Clément rapporte la légende classique du phénix.

Au 11e siècle, on lit dans la Il a démentis aux Corinthiens, ix :

Que nul de vous ne dise que cette chair n’est point destinée nu jugement et a la résurrection. Keconnaissez-le : en quel état avez-vous été sauvés, en quel état avez- vous ouvert les yeux, sinon en cette chair ? Vous devez donc garder la chair comme le temple de Dieu. Comme vous nvez été appelés dans la chair, ainsi vous viendrez dans la chair. Si le Christ Notre Seigneur, qui nous a sauvés, étant d’abord Esprit, s’est fait chair et ainsi nous a appelés, ainsi à notre tour en cette cliair nous recevrons la récompense.

Saint Justin, I ^/ ;., xviii, xix, P. G., VI, 356-357 :

… Autant et plus (que les auteurs profauesj, nous croyons en Dieu, et nous disons que nos corps morts, déposés en terre, nous seront rendus, car rien n’est impossible à Dieu. A y bien réfléchir, est-il rien de plus incroyable que ceci : supposez que nous n’ayons pas de corps, et qu’on vienne nous dire que d’une gouttelette de sperme humain peuvent naître des os, des nerfs, des chairs, présentant cette figure que nous voyons ?… C’est uinsi que, pour n’avoir pas encore vu d’homme ressuscité, nous avons peine à y croire. Mais comme d’abord vous n’auriez pas cru que d’une gouttelette pussent naître des hommes, et pourtant vous les voyez, rie même concluez que le- ! corps humains, dissous et répandus en terre comme des semences, peuvent un jour, sur l’ordre de Dieu, ressusciter et revêtir l’immortalité. — Autres développements dans les fragments De résurrection’-, P. G., VI, 1571-1592.

Tatikn, Or. adv. Græcos, vi, P. G.. VI, 817C820A :

De même qu’avant de naître je n’avais pas conscience de moi-même, mais n’existais que dans la substance de la matière corporelle, et qu’une fois né j’ai acquis, de par ma naissance, conscience d’être ; de même, quand mon existence aura pris lin par la mort, quand on ne me verra plus, je renaîtrai, comme après un temps où je n’existais pas je fus engendré. Que le feu consume mes membres, ma substance volatilisée se répand par le monde ; que les fleuves, les mers reçoivent ma dépouille, que les bêtes la déchirent, je demeure dans les trésors du riche Seigneur. I.e pauvre, l’athée ignorent ces dépots ; mais Dieu souverain peut, à son gré, rendre à sa condition première la substance visible a lui seul.

Atiiénagoue, De resurrectione mortuorum, 11. iii,

P. G., VI, 977-98 1 :

.. Ceux qui refusent de croire à la résurrection des morts ont le devoir de prouver que Dieu ne peut pas ou

ne veut pas réunir les éléments morts ou partout dispersés de* corps, pour la reconstitution de l’homme…

Ce qu’un être ne peut pas, on le reconnaît en vérité à ce qu’il manque ou de la science ou de la puissance nécessaire. .., mais Dieu ne peut ignorer la nature des corps qui ressuciteront, quant à l’ensemble ni quant aux parties ; il ne peut ignorer où va chaque élément… d’autant qu’il appartient à la majesté de Dieu et à sa sagesse de connaître également leur sort à venir et leur destinée après la dissolution. Quant à son pouvoir, il suflità ressusciter les corps, puisqu il a sulîi à les faire naître… l’eu importe l’hypothèse à laquelle on s’attache, touchant l’origine des corps humains : qu’on les tire de la matière et des premiers éléments, ou bien de la semence… Il appartient au même être, à la même puissance et à la même sagesse, de discerner les éléments d’un corps que toutes sortes d’animaux ont déchiré pour assouvir leur faim, et de les restituer aux membres auxquels ils appartiennent., ditticullé que quelques-uns estiment particulièrement troublante…

La difficulté troublante par dessus toutes, au jugement de quelques-uns, est celle que pose le cas de l’anthropophage, ou de l’homme qui mange la chair d’un animal, lui-même nourri de chair humaine. Athénagore la résout fort simplement, par une conception physiologique a priori : pour chaque animal, il ne saurait exister qu’un aliment spécifique ; d’où il résulte que la chair humaine n’est pas un aliment assimilable pour l’homme, ib., ivvni, 981-989. — Conception arbitraire autant que simple. Par ailleurs, on ne saurait démontrer que Dieu ne veut pas ressusciter l’homme ; et ainsi toutes les objections tombent. — Voir L. Chaudouard, Elude sur le Ttepl « ukjtktïw ; à’Athénagore. Thèse de doctorat en théologie, Lyon, 1905.

Saint [rbnkr, Hær., V, iii, 2, P. G., VII, 112^1 130.

Si Dieu ne vivifie ce qui est mortel et ne donne l’incorruptibilité à ce qui est corruptible, Dieu est impuissant. Mais qu il est puissant en tout cet ordre de choses, nous pouvons le concevoir d’après notre propre origine ; Dieu, prenant de la poussière de la terre, lit l’homme. Or il est beaucoup plus difficile et plus paradoxal que Dieu, tirant du néant les os, les nerfs… et les autres organes de l’homme, les ait faits et ait constitué l’animal vivant et raisonnable, que d’avoir, après la création, après le retour de l’homme à la terre, restauré l’homme en reprenant ses élémen ts la d’où ils avaient été tirés primitivement. Car Celui qui, dès l’abord, fit l’homme de rien, à son gré, peut, à bien plus forte raison, alors qu’il existe, le restaurer dans la vie qu’il lui avait donnée. En quoi apparaîtra la capacité de la chair et son aptitude a éprouver la vertu de Dieu…

— Développements semblables IV, xviii, 5, 1028 ; V, 11, S, 1127 ; V, vii, 1. 2, MiO-l.elc.

Minucius Fklix, après avoir écarté les fables de Pylliagore et Platon sur la métempsycose, dit que, pour la conservation des éléments corporels, il s’en rapporte à Dieu : Corpus omne, sive arescit in pulverem sive in umorem solvitur vel in einerem compnmitur vel in nidorem tenuatur, subducitur nobis, sed I)o<> elementOTum custodi reservatur. Il ramène les comparaisons ordinaires, prises de la nature, et ajoute que Dieu ne consultera pas les pécheurs qui, ayant mal usé de leur corps, souhaiteraient de ne pas ressusciter. Octavius, xxxiv, P. /,., III, 3^7 Tek.tul.likn a allirmé contre les païens la résurrection de la chair, dans son Apologeticurn, xlviii, P. I,., I. Voici les grandes lignes de son développement.

Bien des gens croiraient volontiers à la métempsycose, enseignée par Pythagore ; qu’un chrétien vienne à parler de résurrection corporelle, on jette les hauts cris. Pourtant, si lésâmes sont destinées à rentrer dans des corps, n’esl-il pas plus naturel que