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REFORME


cinéma, et même par des attaques sensationnelles dirigées contre les fonctionnaires publics, leur moralité ou leur politique.

Comme, chez les Protestants, l’Eglise est l’école religieuse du peuple et le pasteur son maître, il est essentiel pour la vitalité d’un culte que les membres d’une congrégation assistent aux offices. Sous ce rapport, il y a un déclin marqué depuis cinquante ans. Le Dr. C. J. Galpin, du Ministère de l’Agriculture, estime que le cinquième seulement de la population rurale va à l’église. Cette estimation est fondée suides investigations soigneusement faites, telles que celle de Gill et Pinchot en 1908, confirmée par la nouvelle enquête de 1924 et par des éludes d’ensemble faites par les divers Conseils de Missions domestiques. Aller à l’église, chez les Protestants, ne veut pas dire s’y rendre tous les dimanches, mais en moyenne une fois par mois. Dans les localités urbaines, l’absence est moins marquée. Les églises sont plus commodément situées, et presque toutes ont leur pasteur attitré ; certains d’entre eux sont des hommes en vue, des érudits, ou des sensationnels. Parfois l’assistance dépasse en nombre celui de ses membres inscrits, car le public en général su sent attiré par la religion ; il croit au culte et il observe le Sabbat. En règle générale, les églises font tout au monde pour répondre an goût du public en matière de sermon et même de liturgie. L’échange de chaires entre pasteurs de cultes divers se voit souvent ; l’admission à la table de Communion, sans qu’on se préoccupe de l’affiliation religieuse, est devenue une simple question de courtoisie entre églises, même chez les Baptistes qui sont tenus à la

« communion close », et chez les Episcopaliens Protestants,

en ce qui concerne les Congrégationalistes. A en juger d’après les testes des sermons, ceux qui vont les entendre sont attirés non pas tant par l’instruction évangélique que par l’instruction morale, sociale ou politique. Il est reconnu, toutefois, que l’assistance diminue dans les églises. Des enquêtes soigneusement faites font ressortir une diminution de trente pour cent dans des endroits largement dotés d’églises et de pasteurs. Dans certains endroits, cette diminution va jusqu’à cinquante pour cent.

Le besoin le plus impérieux des Eglises Protestantes, c’est uncorps de pasteurs sullisamment instruits pour savoir répondre au scepticisme du jour, dressés à prendre la part qu’il convient aux activités sociales qui constituent une pa<tie si considérable de leurs devoirs, et su(Iis’<mment bien rémunérés pour leur permettre de soutenir leur famille et de consacrer tout leur temps à leurs ouailles. Leur nombre, d’après le recensement du gouvernement en 1916, s’élevait à 159.108. L’Annuairedes Eglises de igî3 porte ce chiffre à 190.000 ; en moyenne, un pasteur par 15/j membres d’église. Depuis une dizaine d’années, le nombre de candidats diminue. Un grand nombre de ceux qui se présentent, non seulement dans les églises Méthodistes et Baptistes, mais aussi dans les églises Presbytérienne

  • et Congrégationalistes, ne sont ni des universitaires

ni des séminaristes. Les appointements sont presque toujours insuffisants pour un soutien de famille ; les perspectives d’avancement ou d’occupation à vie manquent de certitude ; les hommes ayant les capacités et le caractère voulus préfèrent d’autres professions. Beaucoup même abandonnent les ordres pour profiter d’occasions meilleures dans d’autres carrières. Un grand nombre d’entre eux sont obligés de se mettre dans les affaires pour pouvoir vivre. Des enquêtes très détaillées faites dans beaucoup d’Etats révèlent une situation désolante. Dans l’Etat d’Ohio, par exemple, il y a 6.642 églises de campa gne. Plus de 4.400 d’entre elles sont sans pasteur à demeure, et 1.1^2 seulement ont un pasteur à poste fixe, d’après les investigations de Gill et Pinchot. Des enquêtes semblables, donnant les mêmes résultats, ont été faites dans d’autres Etats, notamment en Arkansas, Californie, Maryland. Missouri, Oregon, Tennessee, Vermont. Les pasteorsqui manquent d’instruction sont nombreux. « Sur certaines grandes étendues de territoire », est-il dit dans le rapport pour l’Ohio, « l’église de campagne semble avoir échoué. Dans les régions où elle est active depuis un siècle, elle n’a pas réussi et ne réussit vas maintenant à dissiper l’ignorance et la superstition, à empêcher le vice et la maladie de se propager, ou à diminuer le nombre croissant des individus non développésou anormaux… Une situation s’est développée qui est une menace pour le bien-être de l’Etat tout entier. » La situation est décrite en détail au moyen du pourcentage, trop élevé, de la tuberculose, des naissances illégitimes, de l’ignorance et de lasuperstitiongrossière, de la syphilis, du crétinisme de l’intempérance, dans des comtés où la population indigène s’élève à quatre-vingt-dix-sept pour cent au moins.

Malgré les divisions qui séparent les Protestants, leur manque de pasteurs, leur diminution, ils accomplissent encore et soutiennent, chez eux comme à l’étranger, de nombreuses œuvres fort utiles. On peutclassere.es œuvres sous les rubriques suivantes : littérature, éducation, bienfaisance, missions. Dès le début elles ont tiré tout le parti possible de la presse, en faisant imprimer et distribuer la Bible, des opuscules, des périodiques, des brochures et des livres de toutes sortes. Les American Hible and Tract Sociétés sont soutenues avec générosité ; elles distribuent des Bibles et des opuscules partout. Diverses Eglises publient plus de cinq cent quatre-vingt-quinze périodiques ; beaucoup d’entre eux paraissent à de nombreux exemplaires. Le chiffre d’affaires de la Methodist Book Concern, partie Nord, s’élève en moyenne à S 3.000.000 ; celui de la partie Sud à S 2.000.000 par an. Cette littérature religieuse est abondante, mais elle n’est pas d’un ordre élevé.

Jusqu’au début de ce siècle, la vitalité des Eglises protestantes était attribuable surtout aux collèges et aux écoles académiques, que divers pionniers avaient fondés partout. D’ailleurs, à quelques exceptions prés, les principales universités classées aujourd’hui comme étant séculières furent fondées principalement dans le but d’enseigner la religion, entre autres celles de Harvard, Brown, Yale, Columbia, Princeton. Petit à petit, elles se développèrent en écoles d’instruction générale, tout en conservant leurs sections théologiques, qui forment aujourd’hui despasteurs, non pas pour n’importe quel culte, mais pour plusieurs. Le petit collège de campagne est essentiellement protestant, mais peu à peu ces écoles cessent d’être soumises à une surveillance cléricale. La caisse de retraite Carnegie, à laquelle seuls ont droit les professeurs des collèges laïques, a été l’aiguillon qui a poussé les administrateurs de plusieurs d’entre eux à laïciser leur administration, et jusqu’à un certain point leurs facultés. Les séminaires continuent toujours, mais d’après l’enquête récente de l’Institut des Hecherches Sociales et Religieuses, el les ne forment pas un corps de pasteurs convenablement outillé pour les besoins des églises. Les écoles du dimanche sont le terrain de recrutement de cultes tels que celui des Méthodistes, qui leur doivent les deux tiers de leurs membres.

D’autres activités des Eglises Protestantes consistent en œuvres de bienfaisance, telles que les hôpitaux, les asiles, les maisons de retraite pour les