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lement accordé pour reconnaître des services rendus. Théoriquement, les Eglises Protestantes doivent se tenir à l’écart de la politique du pays ; mais en pratique, dans le but d’effectuer des réformes morales ou sociales, elles exercent une influence prononcée. En règle générale, elles conservent les croyances ou les confessions que leurs pionniers apportèrent ici, surtout les Luthériens, les Arminiens et les Calvinistes, avec des altérations et des adaptations légères. Deux corps protestants, les Unitaires et les Universalistes, professent ne pas croire en la divinité du Christ. Moins de six pour cent d’entre eux, les Episcopaliensprotestants, suivent une forme de gouvernement hiérarchique, avec des évêques qui exercent une juridiction véritablement diocésaine. Les quatre cinquièmes au moins de leurs cultes sont congrégationalistes ; le dixième quireste, constitue descorpslocaux et indépendants, n’ayant aucun lien avec d’autres congrégations, sauf ceux de la courtoisie et delà collaboration fortuite.

L’origine du protestantisme aux Etats-Unis a eu pour cause principale le mécontentement engendré par la situation politique dans divers pays d’Europe, qui porta certains corps protestants : Puritains, Shakers, Huguenots, Baptistes, Presbytériens, Mennonites, Luthériens et Moraviens, à chercher asile aux colonies américaines ; leurs migrations commencèrent en 1620, et se continuèrent jusqu’à la fin du siècle dernier. Cette origine particulière du protestantisme américain explique son esprit puritain. Les Anglicans, ou Episcopaliens protestants, comme on les appelle en Amérique, arrivèrent dès 1607, mais non pas à cause de griefs politiques. L’immigration continue à apporter son contingent aux diverses sectes, non plus, toutefois, comme réfugiés d’une cause religieuse. Sauf l’exception notable des Shakers, les protestants venus aux dix-septième et dix-huitième siècles formèrent des communautés séparées et exclusives, divisées par des ligues sectaires, et qui craignaient toutes d’entrer en relations amicales avec les autres. Ce ne fut qu’après la Guerre de l’Indépendance, vers 1784, qu’elles commencèrent petit à petit à admettre le principe de la tolérance en matière de religion. L’habitude de l’intolérance, ancrée pendant près de deux siècles, explique leur tendance à se diviser et à se constituer en autant de corps dissidents, la difficulté qu’elles éprouvent à effectuer la réunion que toutes croient nécessaire, et, soit dit en passant, les préjugés contre l’EgliseCatholique, que l’on retrouve encore chez certaines d’entre elles, surtout parmi les moins instruites.

D’après le dernier recensement de l’Etat en 1916, seule source de statistiques authentiques sur les religions du pays, il existe aux Etats-Unis cent quatre-vingt-trois cultes que l’on peut classer comme Protestants, et qui comptent 25.552 io5 membres, dont 4-500 000 nègres et 3.760.000 d’origine étrangère relativement récente. Cent trois de ces cultes sont des divisions d’Eglises plus anciennes et plus grandes, venues primitivement d’Europe. Lesquatrevingts autres sont originaires du pays ; peu d’entre eux comptent beaucoup de membres. Il y a, en outre, de nombreux petits groupes, souvent excentriques, mais ils ne changent pas sensiblement le total. Voici ceux dont les membres dépassent 50.OOO :

Méthodistes

Baptistes

Luthériens

Presbytériens

Disciples

Episcopaliens

Congrégationalistes.

7.166.451 7. 153.313 a, J6a 4 16 "1.626 1. 226.028 1, 099.821 791.854

Réformés y, )-. 822

Saints du Dernier Jour’f T, -^. 3 2 1 ^

Frères Unis 367.934

Synode Évangélique Allemand… 32y.853

Eglises du Christ 317. q’A~

Dunkers 1 33. 626

Association Evangélique 1 20. 756

Chrétiens 1 18. 7 ;  !  ;

Adventistes 1 l’i.<i<5

Eglise Evangélique Unie 8(1.774

Unitairiens 82."u. r >

Mennonites <jq. 363

Universalistes 58.566

Les Méthodistes se divisent en dix-sept corps, dont s : pt d’origine nègre. Les Baptistes ont vingt-trois divisions, six d’origine allemande, deux pour les nègres. Les Luthériens comprennent vingt-deux organisations, la plupart basées sur des différences de race ou de territoire. Les Presbytériens comptent neuf divisions pour les blancs, une pour les nègres. Il y a quatre églises Réformées ; six de Frères de Plymouth ; quinze de Protestants Evangéliques, quatre d’Amis, seize de Mennonites. On verra jusqu’à quel point va l’excentricité de certains de ces corps protestants originaires du pays, à nom souvent bizarre, lorsque nous citerons des désignations telles que celles-ci : Baptistes du Plongeon dans la Rivière ; Baptistes Prédestinataires deux-grainesdans-l’esprit ; Bande de l’Eglise de Daniel ; Bandes Pentecostaires du Monde ; Pilier de Feu ; Mennonites sans défense.

En général, chez les Protestants des Etats-Unis, les scissions proviennent non pas tant de différences de doctrine, que de dissensions relatives aux formes de gouvernement et de direction des églises, et à des questions d’intérêt personnel et local. Les cultes tels que ceux des Méthodistes, des Presbytériens et des Baptistes, ontcommencé leurexistence aux Etats-Unis avec certaines différences qu’ils apportèrent de leurs pays d’origine. Ils ne les avaicut pas surmontées lorsque l’agitation relative à l’esclavage, suivie de la Guerre civile, les partagea en d’autres sections encore, restées séparées pendant soixante ans Ce sont les Méthodistes du Nord qui se sont le » premiers déclarés en faveur de la réunion avec ceux du Sud, lorsde laConférenceGénérale de 1924. D’autres sectes, comme celles des Luthériens, avec de nombreux membresd’origineétrangère recrutés parmi les immigrants du siècle dernier, constatent combien il est difficile de réunir des groupes ainsi divisés par des questions de race ou de nationalité. De nombreuses Eglises dissidentes d’origine indigène se composent de membres qui, impatients des formalités du culte et de l’organisation ecclésiastique, étaient décidés à relâcher ces liens de contrainte, pour se consacrer .plus librement à la recherche de la sanctification personnelle. En général, comme les Disciples du Christ ou les Eglises de Dieu, elles ont été formées par un ou plusieurs chefs convaincus, bien que parfois elles soient nées d’une imposture, comme celle des Sionistes de Dowie. ou d’un mélange de fanatisme et d’hystérie, comme les Saints Rouleurs, que l’on appelle ainsi à cause de leur coutume de se rouler à terre pêle-mêle, au cours de leurs cultes, où il y a souvent foule. Plusieurs Eglises recommandent, ou tout au moins sanctionnent, la guérison par la foi. Sur les quatre-vingts sectes ayant pris origine dans ce pays, cinq groupes Insignifiants seulement se servent du mot « Catholique », à savoir : la Vieille Eglise Catholique romaine, qui compte !.-/<o membres : Polonais, Russes, Portugais et Lithuaniens pour la plupart ; l’Eglise Catholique américaine,