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s’unira Dieu. L’inspiration divine de l’homme s’appelle l’Esprit saint ». — « Jésus est le Rédempteur, en ce sens qu’il a montré que l’homme peut vaincre la faiblesse et le mal » — « La vie humaine sans la loi divine est l’enfer ». — « Les prophètes révèlent aux hommes la loi de Dieu. Nous reconnaissons Jésus-Christ comme notre plus grand prophète… D’autres célèbres prophètes de l’humanité sont Moïse, Socrate, Mahomet, Zarathustra, Bouddha, Confucius, etc. Les prophètes nationaux des Tchécoslovaques sont Cyrille et Méthode, Jean Hus, Jean AmosKomensky, et encore nos excitateurs et libérateurs nationaux. » — « L’humanité a besoin d’un nouveau prophète, parce que les prophètes passés n’ont pas révélé toute la vérité de Dieu. » — Monisme, modernisme, naturalisme I Une scission commença dans les esprits. L'évêque Gorazd Pavlik tint bon pour l’orthodoxie ; au contraire, la majorité des sectes se prononça pour Farsky. Une assemblée générale ecclésiastique, à Pâques 1924, doit décider. Elle amènera sûrement une majorité pour Farsky, et donc un partage de l’Eglise tchécoslovaque en deux tronçons.

La propagande de l’Eglise tchécoslovaque a pour caractère, dès l’origine, une démagogie sans frein. Bien de positif en dehors de la phrase, et de vagues attaques contre l’Eglise catholique. D’après la loi d’Etat, les églises dérobées doivent encore faire retour aux catholiques.

Vil. — Le tableau ci-joint donne l'état de la population en l’année 1921, avec, entre parenthèses, celui de l’année 1910 pour le même territoire. En 1910. les sectes non reconnues par l’Etat ne figuraient pas dans les statistiques. Leurs adhérents se rattachaient à l’une des confessions reconnues, ou à l’absence de toute confession. Les chiffres répondant à cette dernière catégorie progressent d’une manière effrayante. Dans les Carpathes russes, l’administration propage ouvertement l’orthodoxie russe, les Uniates disparaissent.

Bibliographie. — Krystufek (Frant.), Protestuntstvi v Cecltach (Le Protestantisme en Bohême), Prague, 190O. — Denis(A.), Fin de l’indépendance bohème. (Traduction tchèque sur la 2" édition, 1909). — Gindely(Ant.), Geschichte der Bôhmischen Brcider, 1861-63 ; Rudolf II und seine Zeit, 1863-f>5. — Palacky(Fr.), Dejiny narodu ceského (Histoire du peuple tchèque). Prague. S’arrête à 152Ô. — ïoiuek (V.V.), Dejiny Kralovslvi' ceského (Histoire du royaume de Bohême, Prague, 1891. — Miiller (.T.), art. Bdhmische Bruder, dans REPTK 3., III, 445 sq). — Frind (Al.), Geschichte der Bischbfe und Erzbischofe von Prag, 1873. — Borovy, Dejiny diecese Prazské, 1874. v — Vavra (Jos.), Pocatky reformace Katolické v. Cechach (Commencement de la reforme catholique en Bohême), 1894. — Svoboda (Jos., S.J.), Katolicka reformace a Marianska druzina v Kral Ceském (Réforme Catholique et Congrégation mariale dans le royaume de Bohême), Brno, 1888. — Bretholz (B.), Neuere Geschichte Bôhmens, Gotha, 1920. — Neumann (Ed.), Dejiny Krestanstvi, Prague, 1923. — Renseignements complets chez Zirbt, Bibliogr. ceské histor., 190a.

D r. L. Wbzul.

III. — La Réforme en Pologne. — I. Sa genèse. — II..Ses signes caractéristiques. — III. Son développement et sa décadence. — IV. Etat actuel du protestantisme. — V. Propagande des sectes américaines.

I. Genèse de la Reforme en Pologne.

La Ré forme en Pologne, tant au point de vue de sa genèse, qu'à celui de son développement, a des signes caractéristiques qui la distinguent des formes que le mouvement réformateur a affectées dans les pays occidentaux. La Réforme, venant de 1 Occident, trouva en Pologne un terrain tout prépnré. A côté des facteurs communs à toute l’Europe, certains autres, tout à fait spéciaux, facilitèrent son développement. Parmi les premiers, il faut citer tout d’abord l’humanisme qui, dans les sphères plus élevées, surtout parmi le clergé, contribua à refroidir l’ancienne piété. Les évêques polonais étaient fervents humanistes et prolecteurs des arts et des sciences ; ils cessèrent d'être théologiens. De plus, la moralité et la discipline ecclésiastique du clergé déclinaient. Dès le xv' siècle, les plus importants et les plus riches bénéfices ecclésiastiques étaient le partage des laïques ; et les évêques, en possédant plusieurs à la fois, ne résidaient pas dans leurs diocèses, mais à la cour, où ils occupaient les plus hautes positions de l’Etat. La reine Bona Sforza, Italienne d’origine, femme de Sigismond le Viuux, augmentait encore le mal en pratiquant la simonie sur une grande échelle.

Parmi les facteurs secondaires, particuliers à la Pologne, il faut compter : i° le souvenir de l’hussitisme qui, au xv' siècle, etsurtoutaprès l’année 1420, se répandit assez vivement en Pologne et eut une grande influence sur la politique. — 2 Le xve siècle et le début du xvi c fut l'époque d’une période dt changement de l’organisme intérieur delà Pologne. La noblesse, classe privilégiée de la société, commence à gagner une importance de plus en plus grande dans la vie politique, au détriment de l’autorité royale. Elleprolile du régime parlementaire pour conquérirde grandes libertés, jusqu'à empiéter sur les droits de l’Eglise et même de la religion. — 3" Or, il existait, depuis longtemps, des querelles entre le clergé et la noblesse, au sujet de la dîme payée parcelle-ci aux évêques et aux curés, ainsi qu’au sujet de la juridiction ecclésiastique. Dès le début de la Réforme, la noblesse saisit l’occasion de se soustraire à la juridiction épiscopale et de se libérer des charges dues à l’Eglise. — 4° Le dernier facteur qui facilita le développement de la Réforme fut l’influence de la riche bourgeoisie allemande, restes non polonisés des anciens colons.

Outre ces facteurs, plutôt intérieurs, nous en rencontrons d’extérieurs, qui favorisèrent le développement de l’hérésie. i° Au xvi' siècle commencent de fréquents et nombreux départs pour les universités italiennes, suisses, françaises et allemandes. Les grands seigneurs envoient leurs fils à l'étranger pour leur instruction ; les évêques agissent de même avec leurs parents et leurs protégés, la simple noblesse même cherche les moyens de se répandre au dehors. Ceci provoque un mouvement intellectuel en Pologne, mais en même temps s’introduisent les erreurs des réformateurs, ce qu’on nommait

« les nouveautés ». — 2 L’autre facteur extérieur

était la pénétration d’influences par les frontières, notamment la proximité de la Bohême, de "Wittenberg et du duché de Prusse. En Bohème, l’huas ! tisme subsistait encore sous la forme des Frères Tchèques. Chassés en 1548de leur pays, ils trouvent un asile hospitalier en Pologne, où ils propagent un protestantisme outré qui, plus tard, sous l’influence d’autres facteurs, se transforme en néoarianisme. Wittenberg, résidence de Luther et de Melanchlhon, attirait, en raison de sa proximité, les jeunes Polonais, qui revenaient ensuite infectés de l’hérésie. Enfin, la Pologne avait sur ses frontières, et même en partie à l’intérieur du pays, un