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Jean Zàpolya prit fin et Ferdinand demeura ^eul roi (depuis lors, lctiône de Hongrie fut toujours occupé par les Habsbourg). Mais en réalité, Le Nord et l’Ouest seulement lui obéissaient, le Sud restant au pouvoir des Turcs avec le cœur du royaume, y compris la capitale ; l’Est étant soumis aux princes de Transylvanie, vassaux plus ou moins dépendants des Habsbourg. Cet état de choses dura environ 150 ans.

On comprend que la Réforme trouvait là une ocoasion favorable pour s’implanter et pousser de profondes racines. Les sièges des éveques tués à Mi.hàes demeurèrent longtemps vacants ; nul ne s’occupait de former des pasteurs et de les envoyer au peuple. Le clergé catholique disparaissant par extinction, les préilieants hérétiques avaient toute facilité pour s’imposer aux populations ; d’autant que plusieurs parlaient la langue hongroise avec éloquence. En territoire turc, le pouvoir appuyait la propagande hérétique, les Turcs redoutant moins les protestants que les catholiques et trouvant avantage à diviser les chrétiens. Durant plus de 150 ans, sous la domination turque, la hiérarchie disparut totalement. Les évêques avaient transféré leur siège en pays soumis aux Habsbourg, et ce vaste territoire n’était cultivé que par quelques Pères franciscains. Aussi, encore aujourd’hui, les provinces d’ancienne domination turque sont-elles les plus protestantes. Dans le comté de Fejér, où environ 70/100 de la population est catholique, pendant les deux siècles qui suivirent la bataille de Mohàcs on ne trouve pas une cure catholique. Trois villes seules possèdent des résidences franciscaines.

Devant l’antipathie qu’inspirait aux Hongrois l’Allemagne et l’hérésie allemande, les Réformateurs exécutèrent un changement de front, prêchant non le luthéranisme, mais le calvinisme, qu’ils présentaient comme la religion française. La Hongrie n’eut jamais que sympathie pour la France 1.

C’est pourquoi aujourd’hui presque tous les protestants hongrois sont calvinistes. Les luthériens en général parlent allemand ou slovaque. Quant aux eulvini-tes hongrois, ils parlent avec orgueil de leur religion, qu’ils appellent la « religion hongroise ».

Au temps de la Réforme, en Hongrie comme dans presque toute l’Europe, le pouvoir royal n’était pas absolu, mais tempéré d’aristocratie. La noblesse se montrait violente et attachée à ses biens. Les seigneuis embrassèrent la Réforme et en furent les ardents propagateurs. Au cours des troubles qui suivirent le désastre de Mohàcs, ils occupèrent les terres et châteaux des éveques, et pour justifier cette usurpation, se déclarèrent adeptes de la foi nouvelle. Un riche seigneur — dont le roi Ferdinand lui-même était débiteur, ainsi qu’il ressort de son testament,

— Jean Pelhô de Gerse, dans son testament daté du 22 janvier 15hj, appelle ce temps « le temps du grand pillage ». En qualité de patrons des églises, les usurpateurchassèrent les pasteurs catholiques et installèrent à leur place des prédicants hérétiques.

La foule ignorante ne remarqua point tout d’abord le changementde religion ; d’autant queles réformés ne se hâtaient pas de rompre avec les usages et rites anciens. Un document établit que les calvinistes à Debreczen, leur ville principale, célébraientencorela messe en l’année i-Vi^. Avant la fin du xvi c siècle, presque toute la noblesse de Hongrie et avec elle

1. Au commencement du xviiie siècle, François II Ràkôczi, héros fie la lihi rté hongroise contre les Habsbourg, se rendit h Pari ». En 1870, le parlement hongrois protestait solennellement contre la si oiiation et I humiliation infligées : i 1° France pari Allemagne. Aujourd’hui le traité de Trianon nous blesse d’autant plus profondément que c’est blessure d’::.

une bonne parlie du peuple avait passé à l’hérésie.

Durant les dernières années du xvie siècle et la première moitié du xvn’, la réaction catholique s’affirma énergiqnement. Les trois astres de la Contre-Réforme hongroise sont : le roi Ferdinand II (T’^^T)" Pierre cardinal Pazmany, archevêque et primat du royaume ({la même année, 1 G3y), et le comte Nicolas Estkhiiazy, palatin de Hongrie (ritidor : nom du premier officier de la couronne). Il est notable que le cardinal l’àzinàny et le palatin Esterhâzy étaient des convertis, nés le premier de parents calvinistes, le second de parents luthériens.

Pâzmâny appartenait à la Compagnie de Jésus. Sa parole et ses écrits rendirent à l’Eglise d’éminents services. Personnellement, il ramena à la vraie foi environ trente familles nobles et des milliers de personnes du peuple. Le palatin Esterhâzy, dans ses immenses domaines (la famille Esterhâzy est encore une famille princière, et son chef possesseur d’une grande fortune), rétablit partout la foi catholique. Son exemple fut suivi par les autres seigneurs rentrés dans l’Eglise. Il expulsa les prédicants liéréliques . Souvent il recevait à sa table les seigneurs encore protestants, amenait l’entretien sur les questions débattues entre catholiques et protestants, et avec le concours decontroversistes jésuites, préparade nombreuses conversions. Après l’expulsion des Turcs, on introduisit des colons catholiques dans les terTes par eux reconquises. On s’explique ainsi que de nos jours, en Hongrie, la noblesse et le petit peuple sont plutôt catholiques ; la classe moyenne et agricole, héritière de l’ancienne noblesse terrienne, ainsi que les esprits cultivés, sont plutôt protestants. Les lettrés, poètes, hommes politiques, écrivains, appartiennent en grande majorité au protestantisme.

Les princes de Transylvaniementionnés ci-dessus, gouvernant la partie orientale du royaume, étaient calvinistes, et s’élevaient, parfois avec succès, contre les Habsbourg.opposés non seulement au protestantisme, mais au nationalisme hongrois. Par là, en même temps qu’ils consolidaient leur trône, ils acquéraient des droits à la nouvelle religion. Toutefois le dernier et le plus glorieux héros national François II Râkôczi, nommé ci-dessus, était catholique. Les protestants obtinrent pleine liberté religieuse en 1790. A cette date, l’Eglise grecque non unie, la secte calviniste (appelée en Hongrie simplement : Réforme), la secte luthérienne (appelée officiellement confession évangélique d’Augsbourg), et la secte unitarienne (antitrinitaire) furent adm ses en Hongrie sur le pied de religions reconnues. Erlin en 1848, toutes ces religions — auxquelles fut adjointe postérieurement la religion isiaélite — furent admises à l’égalité des droits. Depuis lors, le catholicisme n’est plus en Hongrie « religion d’Etat ». Une certaine prérogative lui demeurait encore, par le fait de la constante fidélité de la djnastie des Habsbourg à la religion catholique, et de la loi prescrivant le couronnement du roi par l’archevêque d’Esztergom dans un temple catholique, selon le rite de l’Eglise romaine. Maintenant, depuis la déchéance des Habsbourg provoquée par l’Entente, cela même appartient au passé. A l’heure présente, le chef de l’Etat, Nicolas Hortby et le président du conseil, comte Etienne Bethlen (originaire de Transylvanie), sont deux calvinistes.

II. Etat prisent. — Le territoire du royaume de Hongrie, au temps de son intégrité qusqu’à l’année 1918), comprenait 71 comtés, dont 8 formaient la Croatie et laSlavonie autonoue Son étendue étaitde 325-4>1 km.q., sa population en kjio de 20.888.457 an es, ainsi réparties quam à la langue ou à la rationalité :