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REFORME

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Calvinistes néerlandais. Ces écrits enseignaient la prédestination absolue des infralapsariens, l’ellicacité irrésistible de la grâce et l’impossibilité pour les élus de perdre la foi.

Avant le synode national de Dordrecbt en 1619, ces deux opinions sur la prédestination étaient libres dans l’Eglise réformée néerlandaise. Aux premiers synodes, ces deux tendances s’accusèrent nettement, Oldenbarneveld voulut faire un compromis et proposa en 1Ô90 d’organiser l’Eglise réformée, de concert avec les prédicants modérés des deux partis. Cependant, quoi qu’on parvint à s’entendre sur plusieurs points, la doctrine sévère de la prédestination ne fut point acceptée par les modérés. Parmi leurs chefs se distingua depuis 1588 le célèbre Arminius. En 160a il fut nommé professeur de théologie à l’université de Leyde, où le sévère Gomarus occupait déjà la même charge.

Avec beaucoup d’autres, comme Gellius’Snecanus, lluibert Duifhuis, Gérard Blokhaven, Caspar Coolhaas, Herman Herberls, Cornélius Wiggertz et Dirk Coornhert défendirent la prédestination conditionnelle selon Arminius, qui disait : « Tantum aulem interest inter conseqnentem et antecedentem voiuntatenv, ut quibus singularibus personis vitam vult antécédente voluntate. Mis ipsis mortem velit conséquente et delecletur in perdilione illorum ; vero non codent modo antecedenti et consequenli voluntauti objiciunlur, Mi ut peccatores, huic ut contumaciter in peccato contra sapientiæ invitationem persévérantes… Est enim prædestinatio singutaris personæ ad salulem tt ad mortem voluntatis Dei consequentis, quæ objectum considérât cum omnibus suis conditionibus et circumstantiis, quæ secundum præcedens aliud decretum ordinatæ surit, ut salutem et mortem præcedant ». Quoique cette doctrine convint à la 20e et à la 54e question du catéchisme de Heidelberg, elle était contre l’article 16 de la confession néerlandaise (Confessio Belgica).

De son côté, Gomarus, avec beaucoup d’autres, défendit la prédestination absolue, en disant : a Causa eleclionis propria extrema prima, sive efficiens impulsiva, est Dei gratia, hoc est mère gratuita dilectio… Causa impulsiva antecedens reprobationis a gratia et gloria ad j ::stam damnationcm, est solum liberum Dei placilum ». On retenait pourtant que le Christ est mort pour tout l’univers, comme le déclare le catéchisme de Heidelberg, question 3 ;. Mais « tout l’univers » s’entendait des hommes de chaque pays, de chaque race, de tout état et de tout temps, non de tout le genre humain.

Le parti sévère ne voyait qu’avec regret, qu' Arminius attaquât le système de Calvin et de Bèze et attirai l’attention sur ce qu’il trouvait de bon dans Saint Thomas et même chez Suarez et Bellarmin. Cette liberté d' Arminius provoqua ailleurs encore des colères, vu que le parti extrême formait de beaucoup la majorité parmi les prédicants des sept provinces.

Les synodes du nord et du sud de la Hollande adressèrent donc aux Etals généraux une requête pour tenir un synode national. Le gouvernement nomma une Commission d’enquête, suivie d’une lutte si ardente que les Etals généraux se montrèrent peu disposés à convoquer un synode national. La conférence du 2 août 1609 à la Haye, où Gomarus et Arminius défendirentehacun leurs idées, n’apporta pas la paix. La lutte continua même après la mort d' Arminius (octobre 1609). Il y eut une avalanche de livres et de pamphlets. En 1610, les Arminiens se réunirent à Utrecbt, et conçurent, sous la conduite d’Uytenbogært, le dessein de soumettre aux Etats de Hollande une « Remontrance » rédigée par leur

chef, de concert avec Oldenbarneveld. Cette pièce, d’après laquelle ils reçurent le nom de Remontrants, s’attaquait à la doctrine de la prédestination de Calvin et exposait celle des Arminiens quin 1610).

L’année suivante, les Gomaristes présentèrent une

« Contre-remontrance », par laquelle ils réfutaient

avec vigueur la doctrine des Arminiens, ce qui leur valut le nom de Contre -remontrants. La lutte entre les deux partis n’en devint que plus ardente, bientôt le pays tout entier en fut ébranlé. Les Contreremontrants avaient pour eux le plus grand nombre des prédicants, mais les Remontrants avaient l’appui de la majorité des Etals de Hollande, d’Utrecht et dOveryssel, outre celui des gouvernements de la plupart des villes situées dans ces trois provinces et en Gueldre. Oldenbarneveld était pour le parti des Remontrants. Maurice d’Orange, resté longtemps indifférent, commença à incliner vers l’opinion des Contre-remontrants, d’autant plus qu’il n’avait plus confiance en Oldenbarneveld, dont il était devenu l’adversaire politique. En 1 G 1 7, il se rangea publiquement du côté des Contre-remontrants, tandis que Oldenbarneveld lit exécuter la même année la « Vive résolution », par laquelle il interdisait un synode, et menaçait de recourir à la force pour maintenir la tranquillité. Maurice obtint cependant ce qu’il désirait ; les Etats généraux décidèrent de tenir un synode national en 1618.

Le 13 novembre, se réunit le Synode de Dortrecht (1618-1619). Bogerman présida les cent quatrevingts séances, auxquelles assistèrent plus de six cents membres. Après de vaines disputes, le synode obtint des Etats généraux, le i er janvier 1619, le droit de juger les Remontrants. Le i/j suivant, Bogerman expulsa tous ceux-ci de la salle, et le synode prononça leur condamnation. Près de deux cents furent destitués, quatre-vingts furent exilés. Environ quarante se rallièrent aux Gomaristes, quelques-uns aux catholiques. La doctrine de Dortrecht servirait désormais de direction aux esprits envahis par le doute. Le synode était à peine dissous, qu’Oldenbarneveld, déjà en prison depuis le mois d’août 1618, entendit prononcer contre lui, le 12 mai 1619, la sentence de mort, qui fut exécutée le jour suivant. Hugues de Groot, jeté également en prison, put s'évader.

Peu après, une nouvelle controverse, entre Voetius et Coccejus, jeta le trouble dans l’Eglise réformée néerlandaise. L’expérience ayant démontré que le Bible interprétée selon l’arbitraire d’un chacun ne pouvait devenir règle de foi, on en était arrivé peu à peu à une doctrine officielle délinie. Juan KocH, de son nom latinisé Coccbjus, de Brème, professeur à Franeker (1 636) puis à Leyde, s’insurgea avec véhémence contre cet état de choses. Partant de ce que la Bible est la parole de Dieu, il concluait que ce principe perdrait toute signification, &i la Bible était soumise à une doctrine oilicielle. Il s’en tint à la Bible seule, et, vint par l'étude qu’il en fit, à établir sa théologie d’alliance. Coccejus distingua une alliance de nature et une alliance de grâce. La première, qu’il appela aussi l’alliance des œuvres, existait avant la chute d’Adam ; la dernière, qui a suivi cette chute, avait, selon lui, une triple existence : avant, sous, et après la Loi. Contre une telle théologie s’opposa le célèbre Vobtius appuyé par Essenius, Maresius etc. La guerre dura plus de dix-huit ans.

Comme il est dit, le synode de Dortrecht rejeta la

prédestination conditionnelle et établit, comme seule

doctrine orthodoxe, la prédestination absolue au

sens des infralapsariens (consequenter ad peccatum

noie). Cette doctrine, libre d’abord, fut désor-