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RÉFORME

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mouvement Irælarien, se distingue par des tendances romanisantes et par un esprit conservateur en matière de dogme. Mais cet esprit, qui distingue les rituatistes entre les anglicans, m- doit pas donner le change sur l’individualisme ontrancierejai est au fond de leur christianisme. Affranchis de toute autorité, ils se font à eux-mêmes leur credo et leur liturgie ; leur religion, en tant qu’ils n’adhèrent pas à l’Eglise romaine, est précisément le dernier fruit du libre examen.

L’inspiration des Ecritures, fondement primitif de la Réforme anglicane, n’a pas résisté aux dernières eommotions. Au coursdu xixe siècle, on l’a vue mise en doute en des occasions mémorables. L’affaire des Essajs and MviV<i’s(i 860-1 864 puis Va/faire de Colenso, évêque de Natal (1 863-1 865), manifestèrent la répugnance de l'épiscopat anglican à faire acte d’autorité sur le terrain scripturaire et, après l’acte d’autorité posé, son impuissance à le maintenir contre les désaveux infligés parle Conseil privé de la reine. Cf Thdrbau-Dangin, la Renaissance catholique en Angleterre au dix-neuvième siècle, t. II, eh. ni, Paris, 190a.

L’inconsistance dogmatique dont l’Eglise d’Angleterre, en son ensemble, donne le spectacle, se retrouve dans beaucoup d'âmes particulières, dont la croyance la plus ferme est qu’elles ne sauraient rien défendre fermement A cet égard, les annales du Hroad Church abondent en exemples variés à l’infini, malgré les protestations souvent élevées à la fois par le High Church et le Low Church. Qu’il sufflsede nommer Whately, Thomas Arnold, Stanley, Jowbtt, J. R. Grebn, Tait, Tkmplb, ces deux derniers successivement évêques de Londres et archevêques de Canlerbury.

Un épisode symptomatique est la lutte pour le Symbole dit d’Athanase, quidurantplusieurs années, il y a un demi-siècle, tint en suspens l’anglicanisme. Cette vieille formule du cinquième ou du sixième siècle, chargée d’anathèmes contre les anciennes hérésies antitrinitaires ou christologiques, détonne dans la liturgie anglicane, et plusieurs fois sa suppression avait été demandée. Une forte minorité dans l'épiscopat était prête à la consentir ; le primai Tait n’y répugnait point. La proposition échoua devant l’oppositionirréductibledequelques théologiens comme Pusey et Liddon, qui s’honorèrent en déclarant que, si l’Eglise anglicane se suicidait en désavouant le symbole d’Athanase, ils croiraient n’avoir plus qu'à en sortir. La réunion des évêques adopta en mai 18~3 une déclaration synodale qui, en maintenant le texte du symbole dans la liturgie, énerve lesanathèmes. Voir Thurbau-Dangin, op. cit., t. III, p. 389-399.

La foi à la naissance virginale, à la résurrection du Christ ne peuvent plus être considérées comme conditions s : ne qua non de l’exercice du ministère anglican. Voir, sur la promotion du D. Henson à l'épiscopat, l’article déjà cité de F. Datin, relatant les protestationsde DarwbllStone, Sanoay, Gorb… — Le Rev. E. W. Barnbs, récemment promu à l'évêché de Birmingham, partisan déclaré d’un transformisme intégral, ne croit ni au péché original ni à la Rédemption. Voir sur cette élection, les pronostics du Month, oct. 1924 : The portent tf Bètnop Barnes ; article signé J(ohn) K(ealing).

Même indécision dans le domaine moral. Après avoir affirmé, d’après l’enseignement de Notre Seigneur, l’indissolubilité du mariage, la Conférence de Lambelh, en 1920, revendique pour une Eglise nationale ou régionale le droit d’admettre le divorce en cas d’adultère. D’une part, on déclare que l’Eglise doit maintenir ses propres lois ; d’autre part, on

laisse l’Etat légiférer à son gré, sans oser faire au clergé un devoir d’une attitude intransigeante. Précisément en juillet it| » o, par ! -j voix de majorité, la Chambre des Lords votait une loi qui, étendant les libertésdéjà reconnues, accordaitle divorce dans trois nouveaux cas : abandon du domicile conjugal pendant trois ans, sévices, ivrognerie habituelle. — Sujet de graves réflexions pour les prélats anglais. Le modernisme, qu’on peut tenir pour bien mort dans l’Eglise romaine, devait trouver dans l’Eglise anglicane un meilleur terrain deculture. Nous résumerons quelques pages consacrées par le R. P. Pierre Charles, S, J., dans la Nouvelle Revue Théologique, 1924, p- 1 -2 /|, au Modernisme anglican.

Solidement établi dans le groupe Modem Churchman, le modernisme doctrinal gagne constamment du terrain, selon la constatation mélancolique de l'évêque Ch. Gorb, Calholicism and Roman Catholicism, London, 1922. Il s'étale dans VExploratio evangelica de Percy Gardnbr (un laïque), 1899, ae éd. 1907, à base d’agnosticisme Kantien. Appuyé par la Churchmen’s Union for the advan.cem.ent <>/ libéral religions thought, fondée en 1898, il a pour organe, depuis 1912, The Modem Churchman. Plus Hibbert Journal. Après Percy Gardner, président, nommons les vice-présidents Rasbdall, doyen de Carlisle ; KirsoppLake… ; lesconseillersGlazebrook, Fawkes, Inge, doyen de Saint Paul…

Doctrine très négative, mais non inconsistante. Ni Credo obligatoire, ni Bible s’imposant au nom de Dieu, ni articles de foi. Inge garderait volontiers le Te Deuni, mais laisserait volontiers tomber les trois Credo (1921). Pour Bethune Baker, professeur de théologie à Cambridge, les Credo ne sont que des cantiques ou des souvenirs. L’idée même de Credenda est étrangère à la religion du Christ, selon le Rev. F. E. Hutchinson. LeRev. Mayor, éditeurdu Modern Churchman, revendique pour tout membre de l’Eglise d’Angleterre le droit de réinterprcter ou même de rejeter toute donnée du Credo. Cf. Charles Harhis, Creeds or no Creeds ? A critical organisation ofthebasis of Modernism, London, 1922. Il faut procéder à un

«. nettoyage » — cleansing —.selon le Rev. Alf. Fawkes, Studi.es in Modernism, London, 19 1 3. Pour cette

école, le miracle n’a plus de sens. Modem Churchman, janv. 1921, p.510. — On ne se gêne pas pour appliquer aux trente-neuf articles anglicans le traitement rappelé II Cor., xi, 24 (A Iudæis quinquies quadragenas una minus accepi).

Dès lors, il n’existe plus aucun frein. La conférence de Girton collège, à Cambridge, sept. 1921, avait mis au programme : I.e Christet les Credo. Kirsopp Lake et Jackson déclarèrent — non sans soulever les protestations de la majorité — que le Christ esta very common place and uninspiring prophet. Rasbdall proposa comme plausible le vieil adoptianisme, en invoquant Athanase et Irénée ( !) Glazebrook confia au public que la formule de Chalcédoine est simplement an acknoivledgment of fa Hure. D’autres opinèrent que le grand danger du jour est l’apollinarisme, et qu’il faut « humaniser complètement » le Christ. — On comprend queGore ait pu déclarer au Church Congress de Birmingham, 10 oct, 1921, qu’un groupe important d’ecclésiastiques professe des opinions religieuses directement subversives du Credo. A la suite de la Girton conférence, Rashdall éprouva le besoin de se justifier, en publiant : Jésus human and divine. London, 192a. Il ne réussit qu'à établir le bien-fondé de la plainte.

Le primat de Canlerbury, R. T. Davidson, essaya de calmer l’opinion, et la Chambre haute de sa province publia une déclaration platonique d’adhésion à certains articles du Credo, mais n’osa rien imposer.