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RÉFORME

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Qu’on relise l’art, ig de l56a, sur « la société visible îles lulèles » où est prêchée la pure parole de Dieu, et les sacrements dûment administrés selon les exigences essentielles de l’institution du Christ.

a) Le ministère chrétien dans le » périodes apostolique et subapostolique, parj. A. Robinson.D. D. — L’enquête a tourné contre la chimère d’un ministère parement « charismatique », exercé en dehors de la hiérarchie, chimère mise à la mode par la découverte delà Didackè, d’ailleurs nullement autorisée par les épltres de Saint-Paul. — Qu’on relise les art. 20 et 23, sur la mission de l’Eglise et contre les prédicateurs ou ministres sans mission. Rien de plus clairement motivé que les reproches adressés par l’Eglise établie aux sectes non-conformistes ; resterait à justitier la mission de la hiérarchie anglicane ellemême.

3) La succession apostolique, par C. H. Turner, M. A — L’enquête a rappelé, louchant la validité des sacrements, le conflit séculaire de deux doctrines : l’une, qui se rattache au nom de saint Cyprien et qui attribue tout à l’Eglise ; l’autre qui, se rattache au nom de saint Augustin et voit dans la personne duChnstle ministre indéfectible dusacrement ; l’enquête a montré dans l’action de saint Cyprien le fait d’une théologie trop courte ; dans l’action de saint Augxi^tin, l'épanouissement d’une pensée traditionnelle, qui après bien des luttes, achèvera de triompher au moyen âge. — Qu’on relise les articles 26 et3/|, et l’on constatera d’une part que l’Eglise anglicane a retenu la doctrine d’Augustin ; mais d’autre part, qu’elle s’attribue un droit sans contrôle de tailler et de couper dans l’institution du Christ, reconnue telle par la tradition autorisée de l’Eglise universelle.

4) La doctrine cjprianique du ministère, par John Henry Bernard, D. D., D. C. L., archevêque de Dublin. — L’enquête a montré l'épiscopat monarchique tenant en mains les destinées de l’Eglise, et rendu sensible l’illusion de saint Cyprien, appuyant tout l’espoir de l’Eglise sur la concorde spontanée de l'épiscopat. Néanmoins on a cru pouvoir dire, en s’autorisant de saint Cyprien, qu'être catholique ne signilie pas nécessairement être romain. — Qu’on relise l’article ai, subordonnant à la volonté des princes la réunion des conciles généraux, et l’article 37, attribuant à la majesté royale le gouvernement suprême en toute sorte de causes, dans les possessions de la couronne d’Angleterre ; et l’on verra quel pouvoir est laissé à 1 épiscopat monarchique, pour régir l’Eglise de Dieu. Par ailleurs, il est trop vrai que, faute d’avoir été romain jusqu’au bout, saint Cyprien faillit cesser d'être catholique, et ne demeura tel qu’au prix d’une inconséquence.

5) Les formes primitives de l Ordination, par W. H. Fubrk, D. D. — L’enquête a montré que l'évêque, investi de la plénitude du sacerdoce, avait le privilège incommunicable de conférer les ordres ; que les fonctions propres du prêtre se détachèrent peu à peu du ministère épiscopal ; queles confesseurs de la foi furent, en certains cas, associés aux honneurs du sacerdoce, mais que le temps vit décliner le prestige des confesseurs et plus encore celui des prophètes ; que, dans la pensée de l’Eglise, les seuls ministres légitimes sont les élus du peuple chrétien,

icrés par la main épiscopale. — Qu’on relise l’article 36, déclarant légitimement consacrés et ordonnés ceux qui auront reçu les ordres selon l’Ordinal d’Edouard VI, confirmé par autorité du Parlemen t ; et qu’on se demande si la pensée de l’Eglise est sauve, dans ce rite, délibérément expurgé du Bens traditionnel relatif au charisme de l’ordination.

6) Termes de communion et administrai on des Sacrements à l'époque primitive, par F. F. Bbightm.vn, Al. A. — L’enquête a montré avec quel soin scrupuleux l’Eglise recrutait les catéchumènes, veillait sur les chrétiens, éprouvait les pénitents ; comment l’administration du Baptême, de la Conlirmation, de l’Eucharistie, de la Pénitence, de 1 Ordre, ressortissait ordinairement à l'évêque, et, s’il s’agit de la Confirmation et de l’Ordre, à l'évêque exclusivement. — Qu’on relise l’article 2Û, et on verra qu’il y a deux sacrements, pas plus, institués par le Christ ; que les cinq autres sacrements, vulgairement nommés tels, ne doivent pas être tenus pour sacrements évangéliques.

Le fait que de telles affirmations ont pu se produire dans un livre signé par des anglicans de marque, livre dont le primat anglican a provoqué la composition et accepté la dédicace, mérite certainement d'être remarqué.

On estimera sans doute légitime de conclure que les auteurs de ce savant livre ont, depuis longtemps, franchi la plupart des étapes qui ramènent de l’anglicanisme primitif au christianisme intégral. Et l’on ne manquera pas de noter ce fait paradoxal : ils paraissent s'être mis en marche, non attirés par une lumière partie de Rome, mais poussés par un souffle qui s'élève des sectes dissidentes. De doctes anglicans délibèrent pour savoir s’ils ouvriront aux dissidents des bras fraternels. Cependant les dissidents leur crient : A quoi bon délibérer ? Nous vous apportons la vie. — Pour l’observateur du dehors, l’Angleterre religieuse présente aujourd’hui ce constraste assez poignant : d’une part, un grand corps qui se prend quelquefois à douter s’il a une âme ; d’autre part, une àme confuse et frémissante, qui fait effort pour s’incarner. Que l’avenir doive nous montrer l’embrassement de ce corps et de cette àme, c’est notre chrétienne espérance. Encore fautil que cet embrassement se produise dans la vie et dans l’unité du Christ.

On trouvera des idées plus ou moins semblables diffuses dans le. Church Times et autres organes de la Haute Eglise anglicane. Pour une exposition détaillée de l’anglocatholicisme, voir N. P. Williams, Our case against Rome, London, 1918, qui d’ailleurs n’a pas bien compris la doctrine catholique romaine ; Ch. Gore, ci-devant évêque d’Oxford, Lux mundi, 1909 ; Catholicism and Roman catholicism, London, 1923 ; ViscountHALiFAX, l’infatigable promoteur de l’union des Eglises, Acall to Reunion, arising of discussion with Cardinal Mercier, London, 1922 ; Further Considérations on behalf of Reunion, ib., iga3 ; plein d’idées vagues et d’admirables intentions. — Nous aurons à revenir sur les « entretiens de Malines », auxquels Lord Halifax prit une grande part.

Le groupe anglocatholique proprement dit, actif et nombreux, est relativement peu représenté dans l'épiscopat. Un seul évêque en Angleterre, le R. R. W. H. Frère, évêque de Truro ; en pays de mission, une vingtaine.

Voir Al. Janssbns, Anglo-catholicism and catholic Unity, dans Iiphemerides theologicæ Lovanienses, 1934, p. 66-70.

HI. Anglicanisme et Protestantisme. — A l’extrême opposé de l’anglo-catliulicisme, voici cette fraction de l’anglicanisme qui, voyant dansleromanisme une perversion du christianisme primitif, garde jalousement l’héritage de la Réforme, et s’attache moins à voiler les conflits avec Rome qu'à les exaspérer. C’est l’aile gauche de l’anglicanisme, avec la vieille devise : Ko Popen ! Nous entendrons l’un