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qui y étaient énoncées trop rapprochées des doctrines de Rome, et, le 7 juillet 162"), sortant de la légalilë, il lit jeter l’auteur en prison. Charles I er répondit

i l’attaque en faisant du prisonnier un de ses chapelains et en prorogeant le Parlement. Les évêques

approuvèrent Monlague. La guerre des brochures continua. Le 15 juin 162C), le Parlement fut dissous par le roi, qui, le lendemain, interdit toute discussion religieuse publique, et cela, à la requête des i êques.

On gagna ainsi deux années d’une paix relative. Le i août 1628, Buckingham, qui était poursuivi par la haine du Parlement, fut assassiné. Le plus remarquable des évêques, John Williams, gardien du grand sceau, était tombé en disgrâce et avait dû résigner ses hautes fonctions ; l’archevêque de Cantorbery, le calviniste Abbot, refusa d’autoriser la publication d’un sermon du docteur Sibthrope, qui avait recommandé l’obéissance entière aux ordres du roi ; il reçut l’ordre de se retirer dans son diocèse, et sa juridiction fut transférée à un comité d'évêques. Laud n’avait plus de rivaux. Il prit la place de Buckingham dans la confiance et l’affection du roi. Depuis le 15 juillet 1628, il était évêque de Londres ; son ami Montague était, depuis la veille, malgré les clameurs des puritains, évêque de< 'liichester. Laud, avec une énergie qui ne se démentit pas, allait travailler à imposer à l’Eglise officielle le Prayer Book, l’Ordinal, un culte public décent. En septembre 1633, à la mort d Abbot, il devint primat d’Angleterre. Il se heurta à la double opposition des dissidents catholiques et des puritains.

5° Charles I er et les dissidents catholiques. — Le jeune roi, en épousant une princesse catholique, avait promis, par traité, de montrer une large bienveillance à ses sujets catholiques. Il ne tint pas sa promesse. Dès la première année de son règne, pour éviter les attaques du Parlement puritain, il ordonna à l’archevêque Abbot de rechercher le6 Jésuites, les prêtres séculiers, et en général les dissidents catholiques. Les magistrats reçurent l’ordre d’appliquer strictement les lois pénales ; des proclamations ordonnèrent aux parents de rappeler leurs enfants des séminaires continentaux ; tous les prêtres catholiques devaient quitter le royaume ; les laïques recevaient l’ordre de livrer leurs armes et la défense de s'éloigner de plus de huit kilomètres de leur domicile. Le roi de France chargea Bassompierre de protester contre la violation du traité et contre le renvoi des soixante Français et Françaises qui avaient accompagné la jeune reine. Le roi répondit que la promesse d’indulgence élait une clause de style qu’il avait acceptée pour faire plaisir au pape et aux Français, mais qu’il n’avait pas eu l’intention de l’exécuter. Il s’ensuivit une rupture avec la France.

Dans la suite, adoptant la tactique de son père, Charles, pour se faire pardonner son mariage avec une catholique et les soupçons auxquels il donnait naissance, ne cessa de poursuivre les Jésuites et les prêtres, dont quelques-uns moururent en prison ; mais il se montra plus tolérant à l'égard des laïques. Il h ur permit de remplacer l’amende de 20 livres par mois par un tribut annuel dont le montant était tixé |.ar une commission. A ce prix, ils achetaient, non la liberté de leur culte, mais la permission de ne pas paraître dans les églises officielles. Malgré ces rigueurs, quand la grande lutte contre le roi et le Parlement commença, les catholiques restèrent lidèles au souverain ; ce qui leur valut de nouvelles persécutions de la part des républicains vainqueurs.

Le fait le plus important pour les catholiques

anglais fut la négociation entre Rome et la cour de Saint James. Sur quelques suggestions venues de la reine, Urbain VIII envoya en Angleterre un moine bénédictin, Léandre, Anglais de naissance et ancien élève d’Oxford. Sa mission officielle consistait à se rendre un compte exact de l'état des catholiques et des relations toujours tendues entre prêtres séculiers et Jésuites. Mais il en prolila pour voir des personnages importants : le secrétaire d’Etat, Windebanke, Montague et Goodman, évêque de Gloucesler. Il rédigea un mémoire pour le pape, dans lequel il affirmait qu’il y avait des chances de retour de l’Eglise anglicane à l’unité catholique, si on pouvait convoquer une conférence mixte d’hommes modérés. Il recommandait des concessions : la communion sous les deux espèces, le mariage des prêtres, la validation en bloc des ordinations anglicanes. Le projet n’eut pas de suite. Les agents qui le remplacèrent à la cour, Panzani, Eon et Rossetli, ne connaissaient pas, comme Léandre, le milieu anglais, et ne furent pas aussi sympathiques. Montague et l'évêque Goodman restèrent en relations avec ces agents. Goodman devait refuser de souscrire aux canons de 16^0 et mourir en prison, réconcilié à l’Eglise de Rome. Laud aurait accepté la nomination d’un vicaire apostolique, comme chef des dissidents catholiques ; mais il s’opposa absolument à l'établissement d’une hiérarchie catholique. Il semble avoir reçu l’offre du chapeau de cardinal. Sous la dure pression des lois pénales, une élite de catholiques se montrait admirable ; les faibles glissaient vers l’Eglise officielle ; quelques apostats se faisaient un nom ; tel Chillingworth, l’auteur de la

« Religion des protestants » (1637).

6° Charles I" contre les Puritains. — La lutte de Charles I er et de Laud, du pouvoir absolu et de l’Eglise officielle étroitement unis, contre les Puritains, commença dès le début du règne et revêtit bientôt une grandeur tragique. Les Puritains réveillaient les traditions de Cartwright, de Hooker et des pamphets Marprelate. Ils voulaient détruire l'épiscopat anglais, comme Knox avait ruiné l'épiscopat écossais. Ils attaquaient avec non moins de vigueur le pouvoir absolu. Ils dominaient la Chambre des communes, sans l’assentiment de laquelle le roi ne pouvait pas légalement lever les impôts. Le conflit entre Charles I, r et les Puritains, conduits par la majorité parlementaire, fut religieux et politique. Le point de vue religieux appartient seul à la présente étude.

Un nouveau Parlement se réunit en janvier 1629. Tout aussitôt les chefs des Puritains, Eliot et Pyni, affirmèrent que les Communes avaient le droit d’imposer une interprétation des xxxix articles, non acceptée par l’Eglise anglicane. Cette interprétation était nettement calviniste. Il y eut des scènes de violences inouïes. Le 10 mars 1629, le Parlement fut dissous par le roi, qui déclara sa volonléde ne point permettre aux Communes de dominer l’Eglise et l’Etat. Pendant onze années, Charles I er et Laud allaient gouverner sans le contrôle du Parlement. Un député de l’opposition, énergique, intelligent, ambitieux, Vbntwohth, bientôt comte de Stiiaifohd, accepta de servir le roi et l’Eglise. Laud était secondé par les évêques Montague, Neile, Mannaring, archevêque d’York, et Juxon. Plusieurs enquêlesépiscopa les eurent lieu, de iG30à 1640 ; elles révélèrent l’activité religieuse des Puritains, les discussions concernant la place à donner à la table de communion et aussi la réorganisation du culte. L’Eglise était appelée à appliquer des sentences impopulaires en iG32, Prynne fut condamné au pilori et perdit les oreilles pour avoir mal parlé du